Accueil » A la une » « Les films interdits » de Félix Moeller. Critique dvd

« Les films interdits » de Félix Moeller. Critique dvd

Analyse d'un héritage encombrant dont la diffusion est strictement encadrée : les films de propagande nazis tournés entre 1933 et 1945

Un héritage sombre de notre Humanité : ces archives doivent-elles être conservées, ou bien détruites ?

La fiche du DVD

Le film : "LES FILMS INTERDITS [Version longue inédite]"
De : Felix Moeller
Avec :
Sortie le : 09/05/2017
Distribution : ESC Editions
Durée : 94 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD : 1
Le documentaire
  • L’héritage caché du cinéma nazi : un secret toujours pesant. 

En Allemagne, 1 200 longs métrages ont été réalisés pendant le IIIème Reich.100 d’entre eux sont de la propagande. 70 ans après la fin du régime nazi, 40 titres sont encore interdits et sous clé. Les libérer peut-il polluer à nouveau l’atmosphère de ces années de plomb et empester les coursives de l’Histoire contemporaine ? C’est la question fondamentale de ce film posé à travers l’enquête du réalisateur Felix Moeller parti à la rencontre des historiens du cinéma allemand, des archivistes et des amateurs de films.

La puissance et le danger potentiel du cinéma utilisé à des fins idéologiques prennent ici toute leur signification dans l’analyse des séquences de films, plus édifiants les uns que les autres. Hitler et Goebbels étaient passionnés par le cinéma , ils aimaient aussi se montrer au côtés des stars . « Leur » septième art est alors devenu très vite un instrument de propagande, « des films qui falsifiaient la réalité ».

Joseph Goebbels ( à droite ) sur le tournage des « Rapaces »

Souvent on n’en parle plus de manière objective dit un intervenant, mais la façon dont Goebbels présentait un film comme «  Retour au foyer » marque toujours les esprits. Ce long-métrage devait justifier l’invasion de la Pologne, à travers les traitements infligés par la population à des ressortissants allemands.  Hitler va donc arriver en sauveur de son peuple : «  tout est inversé, les actes des allemands sont attribués aux polonais » et tout ce qu’ils feront par la suite dans les camps de concentration, est déjà dans ce film.

« Vu l’ignorance des gens, ce film est dangereux, ils ne connaissent pas l’Histoire » assure un spectateur à l’issue d’une des nombreuses séances proposées à travers l’Europe, de  Munich à Berlin, via Paris et Jérusalem. Le réalisateur révèle sans effet de manche ni de caméra, l’effet puissant de la propagande, malgré le temps passé, quand elle est présentée à des publics réceptifs à la manipulation.

« Des films absurdes, complètement dépassés, on y lit toute la propagande » dit l’un d’entre eux alors que deux témoins, le visage dissimulé, racontent comment ils procédaient pour l’endoctrinement des jeunes garçons et filles allemands. « Le Juif Süss » qui accumule les clichés est peut-être le film le plus représentatif de ce dénigrement systématique et haineux, mais un titre comme « Les Rothschild » ajoute à son antisémitisme foncier, un rejet général pour tout ce qui n’est pas arien.

« Le juif Süss »,l’un des quarante films encore interdits

Les rendre à l’air libre «  ce serait la porte ouverte à tous les amalgames. (…) D’un point de vue formel ce film est très bon, mais il véhicule des choses si affreuses. (… ) C’est risible, ça appartient au passé  ». Les témoignages ne manquent pas dans ce très beau documentaire d’un réalisateur qui connait le poids de l’Histoire et la force des images qu’elle peut véhiculer.

Réalisateur ( « Dans l’ombre du Juif Süss » ) , acteur (« Hannah Arendt » ) , scénariste, et producteur (« Diplomatie » de Volker Schlöndorff, « Joueuse » de Caroline Bottaro ) Félix Moeller est le fils de Margarethe von Trotta . Son beau-père s’appelle Volker Schlöndorff.

 

L’héritage caché du cinéma nazi : un secret toujours pesant.  En Allemagne, 1 200 longs métrages ont été réalisés pendant le IIIème Reich.100 d’entre eux sont de la propagande. 70 ans après la fin du régime nazi, 40 titres sont encore interdits et sous clé. Les libérer peut-il polluer à nouveau l’atmosphère de ces années de plomb et empester les coursives de l’Histoire contemporaine ? C’est la question fondamentale de ce film posé à travers l’enquête du réalisateur Felix Moeller parti à la rencontre des historiens du cinéma allemand, des archivistes et des amateurs de films. La puissance et le danger potentiel du cinéma…
Le documentaire

En Allemagne, 1 200 longs métrages ont été réalisés pendant le IIIème Reich.100 d’entre eux sont de la propagande pure. 40 sont encore interdits et sous clé, 70 ans après la fin du régime nazi. Ce documentaire raconte l’histoire de ces films … Il pose la question de leur accès ou non au grand public. Ils demeurent dangereux par leur contenu idéologique propre à une époque et à une destination bien précise : la propagande. « Ce qui choque aujourd’hui c’est qu’ils marchent toujours, et ils existent encore, sous des formes moins directes » dit un des nombreux spectateurs à avoir pu assister à une projection. « Risible, ça appartient au passé » pense une spectatrice israélienne au milieu de ses compatriotes qui auscultent à l'occasion des débats suscités par ces films, leur propre pays, leur engagement social et militaire, leur politique. Félix Moeller pose intelligemment les données d’un problème qui n’appartient malheureusement pas au passé. Son documentaire passionnant est riche d’informations et de révélations. On connaissait la puissance de l’image, on ignorait sa résistance à l’Histoire.

User Rating: 1.85 ( 1 votes)

Voir aussi

« JFK » d’Oliver Stone. Critique Blu-ray-Coffret

Procureur, enquêteur, réalisateur, Oliver Stone ne lâche rien . Le spectateur non plus !

Laisser un commentaire