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« Les diaboliques » de Henri-Georges Clouzot. Critique DVD

Synopsis: La femme et la maîtresse de Michel Delasalle, directeur d'un pensionnat de garçons, ne supportent plus cet homme autoritaire. Elles organisent minutieusement son meurtre et jettent le corps dans la piscine. Mais quelques jours plus tard, le cadavre disparaît mystérieusement...

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Clouzot - L\'essentiel"
De : Henri-Georges Clouzot, André Cayatte, Jean Dréville, Georges Lampin
Avec : Pierre Fresnay, Suzy Delair, Yves Montand, Peter van Eyck, Antonio Centa
Sortie le : 24 octobre2017
Distribution : TF1 Vidéo
Durée : 1370 minutes
Film classé : Universal
Nombre de DVD / Blu-Ray : 13
Le film
Les bonus

On ne s’attaque pas impunément à Clouzot. Imaginez l’une de ses pièces maîtresses, des années plus tard,  sous la bannière étoilée ! Un sacrilège.

Isabelle Adjani et Sharon Stone feront bien involontairement les frais de ce remake ridicule porté par la griffe d’un réalisateur Jeremiah S. Chechik interdit à tout jamais de plagiat sur la planète cinématographique.

Sur le ton de la réplique, Clouzot est injoignable. On ressort aujourd’hui l’intégralité de sa filmographie. Une production même mineure à l’image de son dernier film tourné en 1968 (« La prisonnière ») révèle un maître indissociable de l’univers dans lequel il se meut. Il est dit-on sur les plateaux tyrannique et cassant, son monde est interlope et sulfureux.

Hitchcock avait sa douche, Clouzot sa baignoire

Quand il plonge dans l’adaptation de l’œuvre de deux inconnus (« Celle qui n’était plus » de Boileau et Narcejac) c’est pour en extraire la cruauté, la rendre hideuse et insupportable. On s’est depuis souvent inspiré de l’esprit du film, mais le style de Clouzot demeure à jamais porté par l’interprétation de Paul Meurisse. Un personnage ignoble, pervers, sadique.

Directeur d’un pensionnat sans le sou, il doit la vaillance de son établissement à l’argent de son épouse qu’il maltraite au grand jour. Il la trompe avec une collègue qui en vient-elle aussi à contester son autorité machiste.  Les deux femmes vont se liguer pour mettre fin à ses humiliations.

Le début d’une entreprise mortifère où le disparu ne l’est plus. Le corps a disparu et demeure introuvable au cœur d’une enquête que Clouzot confie intelligemment aux deux femmes et à un ancien inspecteur de police à la retraite (Charles Vanel tout aussi intriguant). Un triangle mal ajusté, comme Hitchcock a pu en imaginer par la suite. L’intrigue s’appuie sur un suspense aujourd’hui singulier, mais fort haletant à l’époque du tournage (1954).

Période bénie pour la distribution artistique avec Simone Signoret un rien pincée dans sa blouse de maîtresse, un double emploi fictionnel dans lequel Clouzot ne s’aventure pas. Auréolée par son « Casque d’or » deux ans plus tôt, la comédienne se doit de contenir les faiblesses d’interprétation de sa partenaire, la femme légitime du directeur qui est aussi celle du réalisateur, Véra Clouzot…

La petite faiblesse d’un film qui demeure parmi les plus réussis dans le genre noir et criminel. Au point que le dénouement, personnellement, m’a encore provoqué des surprises. Je demeure un grand naïf !

LES SUPPLEMENTS

Charles Vanel aurait-il inspiré le personnage de Columbo ? C’est la question que ne pose pas ce supplément et qui pourtant me revient devant le comportement faussement à l’emporte-pièce de ce commissaire de police à la retraite.

  • Le point de vue de Bernard Stora (19 mn). « Il n’avait pas toujours bonne réputation, mais il m’avait à la bonne. Il avait de gros succès derrière lui, chaque nouveau film devenait un événement » raconte celui qui fut son assistant. « Je vois son cinéma très fabriqué, corseté, très pensé, à la différence d’un Renoir qui pouvait s’accommoder du comme ci, comme ça ».
Le maître dans son élément

Le réalisateur TV évoque une mise en scène très savante, une lumière qui cherche l’efficacité, et tente de comprendre les raisons de la présence d’Eva Clouzot sur le plateau…

  • Regards croisés entre Samuel Blumenfeld (Le Monde) et Jean Ollé-Laprune (Historien du cinéma). Les deux hommes se renvoient donc la balle autour d’une histoire passionnante sur un film et son auteur dont on rappelle qu’il n’était pas de la première tendresse. « Notamment avec les enfants » précise-t-on en évoquant le témoignage de l’un d’entre eux quelques années plus tard. Le futur Johnny Hallyday !

Il est beaucoup question des rapports entre les acteurs, notamment entre les deux femmes « une ambiance pas terrible. (…) Face à Véra Clouzot dont le déficit de personnalité est patent, Simone Signoret doit porter sa partenaire, elle apparaît comme un faire-valoir. »

La cour de l’école devient le théâtre des rumeurs
  • Le regard des auteurs du roman (2.42 mn). « Il était obligé de jouer le coup de poing, d’avoir des effets chocs, nous n’avons pas été trahis, il en a fait autre chose, et il prenait la peine de nous expliquer ce qu’il faisait, pourquoi il changeait tel personnage … »

LE COFFRET

« L’assassin habite au 21 » (1942)-« Le corbeau » (1943)-« Quai des Orfèvres » (1947)-« Manon » (1949)-« Retour à la vie » (un sketch, 1949)-« Miquette et sa mère » (1950)-« Le salaire de la peur » (1943)-« Les diaboliques » (1954)-« Le mystère Picasso » (1956)-« Les espions » (1957)-« La vérité » (1960)-« La prisonnière » (1968)

On ne s’attaque pas impunément à Clouzot. Imaginez l’une de ses pièces maîtresses, des années plus tard,  sous la bannière étoilée ! Un sacrilège. Isabelle Adjani et Sharon Stone feront bien involontairement les frais de ce remake ridicule porté par la griffe d’un réalisateur Jeremiah S. Chechik interdit à tout jamais de plagiat sur la planète cinématographique. Sur le ton de la réplique, Clouzot est injoignable. On ressort aujourd’hui l’intégralité de sa filmographie. Une production même mineure à l’image de son dernier film tourné en 1968 (« La prisonnière ») révèle un maître indissociable de l’univers dans lequel il se meut. Il est dit-on…
Le film
Les bonus

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7 Commentaires

  1. Est-il prévu le même coffret en Blu ray ?

  2. à priori non, mais j’attends toujours une réponse du distributeur

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