Synopsis: Joe Lampton arrive dans une petite ville industrielle du Yorkshire avec l’ambition de gravir rapidement l’échelle sociale. Il décide ainsi d’entreprendre la conquête de Susan, la fille unique de l’homme le plus fortuné de la ville. C’est alors que Joe fait la connaissance d’Alice, une femme mariée qui devient sa maîtresse et avec qui il entretient une relation passionnée.
La fiche du film
Le film
- Festival de Cannes 1959 : Prix d’interprétation féminine Simone Signoret
- BAFTA 1959 : Meilleur film, Meilleur film britannique, Meilleure actrice
- Oscar 1960 : Meilleure actrice, Meilleur scénario adapté
- Golden Globes 1960 : Prix Samuel Goldwyn
« Choisissez une fille de votre …
… classe sociale, c’est ce que vous voulez dire
Disons de votre milieu »…
Les prix qui ont déferlé en 1959-1960 sur ce film révèlent l’état d’esprit d’un cinéma d’époque. Une tonalité dramatique à l’extrême, un jeu sans retenue : l’interprétation donne à voir plus qu’elle n’exprime.
Dans ce sens, la mise en scène ouvre la voie . Des plans souvent larges, voire très larges avant que la caméra ne fonde sur son sujet, gros plan appuyé, prolongé sur tous les signes révélateurs de la personnalité du moment.
Seule Simone Signoret ( trois distinctions prestigieuses) échappe un peu à ce courant cinématographique également marqué par une écriture scénaristique sans détour.
L’ascension d’un jeune homme défavorisé au sein de la haute société anglaise est racontée frontalement avec le personnage de Joe Lampton. Laurence Harvey l’incarne de la tête et des épaules, stature éminente dans un rôle prépondérant.
C’est le beau gosse qui vient de la ville pauvre dans une riche cité industrielle où les filles ne sont pas indifférentes à ce bel hidalgo. Un moyen comme un autre d’arriver à ses fins. Mieux, l’une d’entre elles n’est autre que Susan Brown, la fille de l’homme le plus riche de Warney.
Joe est aux anges quand il rencontre une seconde beauté, Alice ( Simone Signoret) dont le mari est un fieffé salopard. Joe peut alors courir deux lièvres à la fois, et encourir bien des déboires. Surtout de la part de la famille Brown qui fait tout pour le dissuader de courtiser leur fille. Et le ridiculiser en public !
Reste avec ceux de ta classe lui conseille d’ailleurs sa famille, « l’argent va à l’argent elle te rendra malheureuse ». Le bon sens près de chez vous dont s’éloigne le héros également confronté à l’indépendance farouche de la femme mariée.
Une attitude doublée d’un discours féministe qui pour l’époque doit surprendre. Alice renvoie son amant dans les cordes quand il lui reproche d’avoir autrefois posé nue. « Mon corps m’appartient » dit-elle revendiquant sa liberté de femme, mariée ou pas !
Une scène joliment composée dans le cadre d’une peinture sociale à cru. Elle est déterminante sur le romanesque du récit qui s’estompe au profit d’une critique sèche et virulente de la société de l’époque.
Au point de gâcher totalement le final, mélodramatique à fond. On frise cette fois le ridicule .
Le film
De nombreux prix ont déferlé sur ce film qui fixe bien son époque et les risques encourus dans un scénario écrit sans trop de précautions. Pour fustiger la fameuse fracture sociale déjà en marche et le droit des femmes , revendiqué, mais pas encore appliqué. Sur ce double axiome Clayton sert une histoire romanesque et militante dont Simone Signoret s’empare avec gourmandise, et toute la retenue qui sied à son personnage. Bardée de ses trois prix d’interprétation, elle fixe parfaitement le portrait de cette femme mal mariée et dont l’infidélité conduira au drame. Un film terriblement dramatique , beaucoup trop sur le final qui nous conduit à un mélo regrettable .