- DVD : 29 mai 2024
- Studio : ESC Editions
Édition collector limitée – Blu-ray + DVD + DVD bonus
L’histoire : Deux jeunes femmes se réveillent chaque matin aux portes du palais de justice de Montréal pour assister au procès d’un tueur en série qui a filmé la mise à mort de ses victimes. Leur obsession maladive les conduit à tenter par tous les moyens de mettre la main sur l’ultime pièce du puzzle : la vidéo manquante de l’un des meurtres
Interdit aux moins de 12 ans
Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article
C’est un peu l’affaire Fourniret, dans une version québécoise, totalement imaginée. Les pièces du dossier sont pourtant très accablantes dans leur vérité, et leur cruauté extrême.
Ce que rappelle la procureure en ouverture du procès que Pascal Plante prend immédiatement sous son aile en balayant calmement du regard la salle et sa composition. On énumère les méfaits « abominables, immondes » de l’accusé en suivant l’arrivée des jurés, le visage du tueur présumé, le juge, le public…
Un long plan-séquence aussi froid et distant que parait cette assemblée au sein de laquelle le cinéaste distingue deux jeunes femmes . Elles viennent de sortir de la nuit montréalaise , pour être aux premières loges du procès.
Elles ne se connaissent pas encore, mais leur fascination autour du meurtrier va très vite les rapprocher. C’est peut-être leur seul point commun, cette attirance macabre. Clémentine (Laurie Fortin-Babin) revendique l’innocence certaine de ce serial-killer quand Kelly-Anne rétorque sur tous les points contestés par sa nouvelle compagne.
Elle possède le dossier à fond semble-t-il, ce qui intrigue Clémentine, subjuguée par cette Kelly-Anne, bien aimable à son égard, beau mannequin le jour, hacker compulsif la nuit.
Pascal Plante joue résolument sur l’énigme féminine, mais n’est guère plus loquace dans sa mise en scène . Suspense psychologique, policier… Il dit beaucoup et ne révèle rien, et encore moins quand le procès s’éternisant, une vidéo manquante risque de le rendre quasi caduque.
Kelly-Anne repart alors dans les profondeurs du web, hackeuse acharnée sur laquelle cette fois le réalisateur s’attarde techniquement, dans une logorrhée informatique qui m’a paru très complexe mais là encore d’une fascination totale.
La façon dont il s’empare des fonctions numériques du Web dans une mise en scène ordonnée de chiffres et de signes cabalistiques tient du prodige. Juliette Gariepy , toujours aussi énigmatique dans son personnage, suit à la lettre l’évolution du système. Loin de son abstraction, elle est totalement présente. Une belle révélation dans un film tout aussi déroutant, mais prenant. Sans haine, ni violence …
LES SUPPLEMENTS
- Entretien avec Pascal Plante et Juliette Gariepy (31.30 mn) . « Le sociologue en moi voulait comprendre ces femmes qui venaient au tribunal sur des affaires très spéciales . (… ) J’ai essayé d’avoir de l’empathie pour elles, de les comprendre »
« Que le personnage soit le plus incarné au scénario et qu’il s’affine au casting, et je revois mon écriture ».
« Lynch n’a jamais de réponse dans ses films et que l’on multiplie les interprétations vis-à-vis du mien me ravi , ça contribue à ce que la discussion soit plurielle ».
Juliette Gariepy surprise d’avoir été retenue ( « habituellement on me prend pour des rôles expansifs » ) décrypte son personnage et le situe bien dans un tel contexte mortifère
- MK2 bibliothèque ( décembre 2023 ) entretien avec le public ( 22 mn ) . « Ce film, on peu l’apprécier si on se laisse un peu hypnotiser… » assure le réalisateur
« J’ai fait des recherches sur ces femmes qui cherchent à se rapprocher d’hommes violents » précise la comédienne.. Pourquoi la chambre d’audience en studio ? « Trop de boiseries, de plafonds hauts … On avait des murs amovibles, on pouvait sortir du décor ».
Un personnage qui parle très peu, comment ça se gère au montage ? Au moment où elle enfile le costume d’une victime , ne fait-elle pas une sorte de transition pour devenir bourreau ?
- Concert sur la bande originale ( 19.15 mn ) . La musique passe peut-être mieux sur le film …
- Séance photo de … Kelly Anne ( 2.25 mn )
- Making of ( 3ème dvd) . De la construction des décors, à la mise en place du dispositif technique ( les coulisses, le plateau … ) , le maquillage, l’habillage et des répétitions , parfois sommaires ( la mise en place d’une cagoule … ) ce making of porte bien toutes les valeurs d’une visite guidée au sein d’un tournage .
Les comédiennes visionnent en direct sur le moniteur leurs prestations. On les suit . Avec de temps en temps, les commentaires des intéressés . « C’était confus je sais, mais je suis dans ma tête, c’est ce que je voulais » rassure le réalisateur. « J’aime bien l’énergie chaotique de cette scène » dit-il à l’intention de Laurie , applaudit par toute l’équipe.
Sur une prise particulière, devant l’écran du PC, ( émotion requise) Laurie demande s’il est possible de couper la caméra du documentaire…
Le film
Les bonus
On croit assister à un nouveau film de procès ( celui d’un serial-killer hyper cruel, à Montréal cette fois ) quand le prétoire est seulement prétexte à une machination informatique engagée par une jeune hackeuse en vue d’approfondir le dossier judiciaire. En quête d'une pièce manquante.
Un personnage très troublant, mystérieux, qui ne révèle pas grand-chose de sa vie , mannequin le jour, hackeuse la nuit. Cette personnalité très discrète, pour ne pas dire secrète, Juliette Gariepy la dessine parfaitement dans ce thriller psycho-informatique, en marge des conventions.
Pascal Plante y aborde de nombreux sujets, jamais de manière sibylline, comme le voyeurisme populaire, la téléréalité , l’enfermement du monde internet, la fascination macabre . Le tout au cœur du malaise sociétal provoqué par la présence de ces abominables criminels.
Lui filmait ses victimes et revendait les vidéos. Celle du troisième meurtre est introuvable. Si ce n’est pas l’enjeu du procès, c’est peut-être celui d’une hackeuse , fascinée par son auteur …
Pas un gramme de violence, pas une goutte de sang, dans ce thriller angoissant , orchestré par un seria-killer quasi absent. Du grand art pour nous mettre en alerte
AVIS BONUS
Un making of comme on n'en fait plus, des commentaires, des à-côtés , que du bon