Malgré sa faiblesse technique, un document indispensable à tous les amoureux du canadien errant à tout jamais
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le documentaire
Les bonus
Meilleur dvd Mai 2017 ( 6 ème )
« Je n’ai pas une belle voix, tout le monde le sait »
Blaq Out, l’une des références du cinéma indépendant DVD inaugure une nouvelle collection musicale : Out Loud. Ce nouveau label dit vouloir s’adresser « aux mélomanes pointus comme aux cinéphiles curieux ». Le « cahier des charges » répond assez bien à l’une des trois premières figures mythiques du catalogue avec Zappa et Coleman : le canadien errant filmé en 1972 par Tony Palmer : « Leonard Cohen, Bird on a wire ».
A cette époque, le chanteur poète effectue une tournée européenne. Palmer l’ausculte tout autant qu’il la filme de manière désordonnée et intuitive. Le rendu n’est pas des plus fameux dans le granulé de certains plans articulés au cœur d’un montage tout aussi imprévisible. De la couleur au noir et blanc, l’image hésite aussi parfois entre le bleu pastel et le marron délavé.
Techniquement, ce n’est pas ce que l’on attend d’un tel documentaire qui selon son auteur a connu bien des avanies. (Voir les bonus, excellents). Des problèmes, Léonard Cohen en connaîtra à son tour au cours de cette tournée ( l’une de ses toutes premières ) qu’il aborde semble-t-il sans grand enthousiasme.
Le chanteur n’aime pas la scène. Cela se voit et s’entend quand il s’adresse au public qu’il provoque souvent. Le service d’ordre lui parait aussi bien fragile. « Je sais que vous faites votre travail, mais vous n’êtes pas obligé de le faire violemment ». Il parle beaucoup, et chante aussi, nous voilà rassurés. Avec un jeu de guitare assez exceptionnel (mélange de folk et de flamenco…) qui pose cet environnement si particulier, étrange et mélancolique.
A la sublime noirceur qui en émane, l’implication des chœurs féminins et leurs contre-chants n’échappent pas à la caméra de Palmer. On retrouve les deux artistes dans les coulisses, très émues après avoir interprété « So long, Marianne » qui chavire aussi son interprète. « Je ne peux plus rien chanter d’autres maintenant » dit-il à son manager atterré à l’idée d’annoncer la fin prématurée du concert.
Mais le chanteur est ainsi fait, et « quand ça ne veut pas décoller », il ne chantera pas.
Séquences live inoubliables, confessions entre deux avions, lectures de poèmes dans des chambres d’hôtels enfumées … le documentaire ne se prive pas de faire le tour d’une personnalité qui à l’époque émerge. Plus que l’univers du folk qu’on lui étiquette, il revendique la paternité des chantres de synagogue, et des chansonniers à l’européenne.
Tout chamboulé encore par ce statut de vedette qui voit les femmes le draguer après les concerts. La manière polie dont il décline les offres est remarquable. Une séquence inoubliable…
- Sur le troubadour également : « « Hallelujah. Les Mots de Leonard Cohen » de Daniel Geller et Dayna Goldfine .
LES SUPPLEMENTS
- « La poésie en actes » rencontre avec Tony Palmer (25 mn). Le réalisateur explique par le détail l’histoire de ce documentaire que Léonard Cohen ne voulait pas tourner. Il posera plusieurs conditions. Palmer raconte aussi comment le film a pu se perdre et comme il a été retrouvé…
- « I told you, I was a stranger » entretien avec Christophe Lebold et Gilles Tordjman (22 mn). Critiques et musicologue, les deux spécialistes expliquent très bien comment Léonard est devenu Cohen, en passant du poète au chanteur, à travers notamment l’histoire du premier disque « dont il n’appréciait pas le son et qu’il a voulu retravailler sans la présence du producteur. (…) Le peu d’accords qu’il connait, il en joue de manière si particulière que le plus lettré des guitaristes se damnerait ».
- « Un mec en pull » dialogues entre Bertrand Belin et Sing Sing (Arlt) (24 mn). Encore un excellent échange par deux artistes français totalement habités par l’œuvre du canadien. Au final Bertrand Belin interprète « Leaving the table »
Le documentaire
Les bonus
En 1972, Leonard Cohen part sur les routes d’Europe pour une tournée dont le terme sera Jérusalem. Tout un symbole pour un chanteur dont la portée mystique de ses premiers poèmes se reflète maintenant dans un répertoire qu’il aborde sur scène, un lieu qui ne lui convient pas forcément.
Ce que montre ce documentaire tourné au fil des grandes capitales parcourues. Séquences live inoubliables, confessions entre deux avions, lectures de poèmes dans des chambres d’hôtel enfumées… « Léonard Cohen, Bird on Wire » illustre bien l’avènement d’un futur grand monsieur de la chanson qui cherche encore ses repères dans un monde auquel il n’était pas préparé.
Seul son univers artistique est déjà bien posé à travers un style d’interprétation à la guitare et une écriture poétique, tout à fait particulière. Il est regrettable alors que ce documentaire souffre de défaillances techniques au niveau d’une image et d’un montage parfois chaotique.
Avis bonus
Après le réalisateur des spécialistes se penche sur l'oeuvre de l'artiste, c'est tout à fait éclairant