Synopsis: Le gangster Cody Jarrett et ses complices attaquent un train en Californie. Pendant l'opération, quatre employés sont tués. La police surveille la mère de Cody, à laquelle ce dernier voue une adoration pathologique. Pour détourner les soupçons, Cody se rend à la police prétextant un délit mineur. Les policiers ne sont pas dupes et délèguent un des leurs dans la prison où est enfermé le gangster.
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Le bonus
Ce DVD fait aussi partie du coffret « La Cinébox des gangsters »
Raoul Walsh a conservé de sa période mutique le sens de … la répartie et une rythmique toujours très soutenue. Cette base de réflexion lui permet d’explorer avec la parole de nouvelles pistes qui ici font florès.
Sur une idée originale de la romancière et scénariste Virginia Kellogg, il imagine des relations inhabituelles entre un gangster chevronné et sa maman. Elle s’appelle Ma Jarrett. Du prénom à la personnalité, cette Ma là n’est pas sans faire penser à la célèbre génitrice des frères Dalton. Tout aussi revêche que combattante, voire cruelle, Ma Jarrett a une emprise totale sur Cody, son fiston qui le lui rend bien.
C’est pourquoi la présence de la bru n’est pas des plus souhaitable dans ce couple du diable, une belle dont les œillades maritales éclipsent celles de l’infidélité.
Aussi roublarde que grossière, traîtresse de la première heure, Verna Jarrett (Virginia Mayo excellente) cadre parfaitement dans cette jolie trinité décadente qui ne vit que pour l’argent.
Celui que Cody récupère sans souci des conséquences. Ses méthodes sont toujours brutales, ses ordres sans contestation possible. Les morts jalonnent son chemin et les flics n’ont quasiment plus qu’à les suivre pour remonter jusqu’à lui. Ou bien la voiture de la maman , car « où est la maman, Cody court » chantent les policiers.
Chez Walsh, le film noir prend bien des chemins de traverse quand il s’agit de mettre sur pied une filature plus « scientifique » cette fois (la géolocalisation de l’époque est une petite merveille de bidouillerie et de cinéma) ou d’imaginer l’infiltration d’un flic au cœur du système pénitentiaire. Cody vient de s’y faire volontairement interner, histoire d’éviter de plus gros ennuis.
La mutation du policier en gangster n’est qu’un échange verbal entre l’intéressé et son supérieur mais la manière dont Walsh le rapporte pose l’empreinte d’un cinéaste qui ne lâche rien, même dans les détails ou les apparences.
Il faut mordre à l’hameçon, spectateur et prisonnier, se laisser prendre à ce savoir-faire policier appliqué à une mise en scène qui loin d’être ronflante, règle les bases du parfait thriller, et d’un scénario sans rature. Jamais là où on l’attend.
James Cagney est impérial dans sa défroque de méchant garçon à sa maman que joue avec maestria Margaret Wycherly tout aussi inquiétante de fureur contenue. Un couple de cinéma que l’on n’oublie pas de sitôt, comme l’homme qui l’a conçu. Walsh ne peut-être en enfer !
La petite bande au complet. Qui soupçonnerait des gens aussi présentables ?
LES SUPPLEMENTS
Beaucoup de gens dont Martin Scorsese se succèdent assez rapidement pour évoquer les improvisations déchaînées ou les interprétations extrêmes de James Cagney, encensé dans ce « mélodrame noir au rythme endiablé ».
Il est beaucoup question de l’acteur, « son côté tendu, méchant, psychotique » (Martin Scorsese) qui dans les années 30 régnait quasiment en maître sur Hollywood.
« Il pouvait choisir ses rôles, et ainsi pendant huit ans il joue les durs ». « White Heat » est jugé comme le premier film de sa troisième époque de carrière « dans lequel il rassemble tout ce qu’il a fait auparavant dans une interprétation incroyable ».
Cody ne va pas se méfier du nouvel arrivant (Edmond O’Brien), même s’il l’affranchit sur les règles du pénitencier
L’aspect novateur du genre thriller est mis en avant avec la création d’un « autre genre de gangster, fou, psychopathe, (…) l’impression qu’il se met des aiguilles brûlantes sous les ongles pour simuler sa folie. »
Et c’est un gangster qui pleure aussi, chose rare dans « le genre, on touche des émotions plus profondes auxquelles le public réagit ».
Il reste un peu de place pour entendre Virginia Mayo et sa façon de travailler avec Walsh (« j’avais vraiment peur, il a tiré ça de moi ») tandis qu’on rappelle le parcours de Margaret Wycherly, la maman méchante qui jouait du Shakespeare sur les scènes new-yorkaises. « C’est une représentation là encore complètement inhabituelle de la mère, elle vient de l’enfer, une force du diable, une sauvage ».
Le film
Le bonus
Il y a plusieurs façons d’aborder ce film noir devenu un grand classique du genre. Pour ses femmes par exemple, peu formatées à l’époque qui les voit jouer avec maestria les roublardes et traitresses (Verna, la femme du gangster, c’est Virginia Mayo) ou pire encore la maman du gangster qui n’est pas sans rappeler la mère des frères Dalton. Margaret Wycherly excelle dans la composition de l’acariâtre sauvage. Ensuite James Cagney impérial dans son costume de méchant garçon, dictatorial et imbu de sa personne. Pas de pitié, ni remords chez cet individu que Walsh filme à la hauteur des événements. Un cinéaste à l’affût des détails pour figurer un film de plus en plus noir. L’histoire parait ficelée pour le genre, mais la manière dont les scénaristes l’ont habillée permet encore de rajouter une étoile à ce petit bijou de cinéma. AVIS BONUS Plusieurs spécialistes dont Martin Scorsese se succèdent pour évoquer la puissance que représente encore aujourd'hui ce film
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