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« L’enfer » de Claude Chabrol. Critique Blu-ray. Coffret Chabrol

Synopsis: Paul vient d’acheter et de rénover l’auberge de charme où il a lui-même travaillé. Il épouse Nelly, une des plus belles filles de la région. Tout serait parfait sans les emprunts à rembourser, la concurrence et cette étrange propension de Nelly à plaire aux hommes. Sans ses explications évasives sur son emploi du temps, ses dépenses... Paul est jaloux. Mais d’une jalousie maladive qui transforme leur vie quotidienne en « enfer »...

La fiche du film

Le film : "L'Enfer"
De : Claude Chabrol
Avec : Emmanuelle Béart, François Cluzet
Sortie le : 16/02/1994
Distribution : Carlotta Films
Durée : 100 Minutes
Genre : Drame, Romance
Type : Long-métrage
Le film
Les bonus

Qu’en aurait fait Clouzot, le maître du film noir qui ne put tourner son propre scénario ? Romy Schneider et Serge Reggiani étaient pressentis pour jouer ce couple presque diabolique, elle, innocente et belle, lui, jaloux à mourir.

Trente ans plus tard, Emmanuelle Béart et François Cluzet rejoignent Claude Chabrol sur cette histoire cauchemardesque d’un amour idyllique, très vite chaotique au point de sombrer dans la névrose et l’obsession.

Au début Paul regardait sa femme pour ce qu’elle était, pour sa folle passion, son amour excessif. Maintenant il l’épie et soupçonne chaque geste pour ce qu’il n’est pas forcément.

Au milieu de la clientèle du restaurant qu’ils viennent de racheter, Nelly papillonne, libre et rayonnante comme l’air qu’elle respire sur le bateau de Martineau, un beau garçon qui lui sourit comme un ange ( Marc Lavoine )…

L’époux s’inquiète et interroge. L’épouse répond évasivement, elle a réponse à tout, ou ne répond pas, insouciante et gaie dans ce bonheur conjugal qu’un petit enfant accompagne joyeusement.

Jusqu’à l’exaspération de l’un et de l’autre. Nelly n’en peut plus de tout ce réquisitoire à son égard quand Paul sombre peu à peu dans la paranoïa la plus incontrôlable.

Le jeu de Cluzet est admirable dans les prémices de cette folie annoncée ( «  Je suis jaloux, j’en crève » ), celui de Béart l’est tout autant dans son bonheur tourneboulé . Cet amour qui lui échappe.

Chabrol les réunit avec une virtuosité éclatante et quelques effets hitchcockiens qui des ombres aux sous-entendus décalés attisent les rancœurs et forgent le cauchemar que vit désormais la jeune femme recluse dans ses doutes, et dans sa supposée culpabilité naissante.

Il est vrai que le patron du garage Martineau ne laisse pas indifférent la belle Nelly.

 

Ou la révélation pleine et entière de la maladie de son mari, une scène magnifiquement interprétée par François Cluzet . Dans le cabinet du médecin ( André Wilms ) Paul déverse sa bile à l’encontre de sa femme en lui faisant porter toutes les fautes, et la responsabilité de ses échecs.

Un délire total, assumé dans la folie destructrice du personnage qui en a fait l’enfer. Une histoire éternelle comme le laisse entendre le réalisateur. Inconsolable, réaliste , sans fin …

LES SUPPLEMENTS

  • Trois scènes commentées par Claude Chabrol . Trois thèmes : l’obsession, le cinéma, l’enfer. Commentaires techniques rapides, et explications de textes ou d’images, tout en laissant parfois le doute . C’est très intéressant et important, comme cette dernière scène, qu’il commente à sa façon.

  • A propos de Clouzot. Chapitre captivant dans lequel le réalisateur explique les trois versions originales qu’il possédait de Clouzot et pourquoi il retient la première avant de la retravailler. «  Elle était entièrement en flash-back et ça ne me convenait pas ».

«  Les autres entraient dans des considérations cinétiques qui me foutaient la trouille. Clouzot a utilité ce procédé dans «  La Prisonnière » et à mon avis les éléments cinétiques qui y figurent ne fonctionnent pas du tout. C’est raté ».

  • Entretien avec Marin Karmitz. Ami et producteur de Claude Chabrol, le fondateur de MK2 raconte l’esprit de sa maison à travers le travail réalisé avec le cinéaste. «  La première fois que l’on s’est rencontrés c’était pour Mai 68, l’envie de prendre la parole et de dire même parfois n’importe quoi . (… ) Après, j’avais envie de retrouver Claude et ça a fonctionné à nouveau. (… ) On tournait à notre guise, une liberté qui n’existe plus dans le cinéma, mais on n’avait aucune aide, on avait simplement le temps » .
Coffret « Claude Chabrol, suspense au féminin » :"L’Enfer" (1994)- "La Cérémonie" (1995) - "Merci pour le chocolat" (2000) - "La Fleur du mal" (2003) -"Rien ne va plus" (1997). Avec : Emmanuelle Béart, François Cluzet, Marc Lavoine, Jean-Pierre Cassel, Dora Doll Studio : Carlotta- MK2 Qu’en aurait fait Clouzot, le maître du film noir qui ne put tourner son propre scénario ? Romy Schneider et Serge Reggiani étaient pressentis pour jouer ce couple presque diabolique, elle, innocente et belle, lui, jaloux à mourir. Trente ans plus tard, Emmanuelle Béart et François Cluzet rejoignent Claude Chabrol sur cette histoire cauchemardesque d’un amour…
Le film
Les bonus

Claude Chabrol parle « d’ une étude clinique sur les manifestations psychiatriques de la jalousie. À ce niveau, il est clair qu’on est jaloux parce qu’on est fou, et non l’inverse. » L’histoire de Paul à qui tout sourit, et surtout sa jolie femme qu’il  se met pourtant à regarder différemment. Suspicieux, inquisiteur, il ne comprend pas ses réponses évasives, ou ses silences presque moqueurs quand il l’interroge sur ses journées. Paul surveille ses faits et gestes, Paul pète les plombs. Le jeu de François Cluzet est admirable dans les prémices de cette folie annoncée , celui de Emmanuelle Béart l’est tout autant dans son bonheur tourneboulé . Chabrol les réunit avec une virtuosité éclatante et quelques effets hitchcockiens qui des ombres aux sous-entendus décalés forcent l’intensité du propos et le trouble d’une narration entre fantasmes et vérité. Du grand art …

AVIS BONUS Des scènes commentées par Claude Chabrol qui revient aussi longuement sur les scénarios de Clouzot avant que Marin Karmitz évoque l'esprit de sa maison à travers sa rencontre et son amitié avec le réalisateur. L'ensemble est passionnant.

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