Synopsis: Pour éviter les ennuis d'argent et avoir une vie plus large, Vittoria a vécu pendant trois ans avec Ricardo, jeune attaché d'ambassade. Mais cette vie sans amour lasse la jeune femme. Elle rencontre alors à la Bourse, où elle retrouve sa mère qui joue pour occuper ses loisirs, un jeune agent de change avec qui elle essaie de réapprendre à aimer. Mais Vittoria va bientôt retrouver le goût amer de la solitude...
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Le bonus
- Prix spécial du jury ( ex aequo avec « Le Procès de Jeanne d’Arc » de Robert Bresson ) Cannes 1962
La cinémathèque parisienne honore l’œuvre de Michelangelo Antonioni. Elle est aussi l’objet d’une présentation dvd dont l’un des films emblématiques demeure « L’éclipse » au titre aussi énigmatique que son contenu. Plusieurs lectures sont possibles, mais laquelle, plus précisément ?
L’argument scénaristique évoque une jeune femme qui ne sait plus comment aimer. Prétexte bien ténu à la mise en scène d’une comédie dramatique sur l’art de vivre sans issue. On suit la belle Monica Vitti désœuvrée dans son quotidien qu’elle déroule avec langueur et monotonie. Abandonnant un amant, elle en quête un nouveau au cœur de la bourse romaine.
Antonioni est un grand technicien et dans le ventre de la finance il multiplie les prouesses de mise en scène, qui donne à la fois à voir et à comprendre le système des cotations. Un monde fermé où la communication demeure une étrange parodie. Ce dont ne cesse de nous entretenir le réalisateur qui dans l’antre boursier me paraît assez malicieux, presque drôle.
Alors que tout autour, la parole ne parvient guère à s’exprimer, c’est dans ce capharnaüm inaudible qu’il donne le meilleur de lui-même. En tous les cas, de manière la plus explicite.
Alain Delon, tout jeunot, mène le bal de ce désenchantement généralisé(la scène du krach est hallucinante) où les petites gens se révèlent encore plus bas que leur compte en déshérence. Un vrai regard enfin de la part du cinéaste qui ne s’attarde pourtant pas sur cette humanité trop vraie, trop réelle, lui préférant l’abstraction des sentiments de son héroïne en proie au vertige du désamour.
Antonioni travaille par séquences, instantanés et même aparté inattendu (l’Afrique …) et récurrences religieuses. Sans se préoccuper d’une quelconque conformité à l’ensemble des images alignées pendant près de deux heures . Au bout du compte, elles ne donnent qu’un aperçu de la vacuité d’une réalisation.
La scène finale qui se veut très certainement symbolique de son discours, à la rigueur de son regard, est à cet égard l’aboutissement d’un processus irrémédiablement ennuyeux. A moins qu’il ne s’agisse d’un cas d’école pour les futurs monteurs. Les dix dernières minutes méritent en effet tout notre respect pour la qualité et la dextérité du montage. Mais ça ne fait pas un film !
- José Moure, maître de conférences (26 mn)- Ce spécialiste d’Antonioni passe la plupart de l’interview à défendre et/ou expliquer pourquoi le cinéma d’Antonioni n’est pas ennuyeux. Il a bien du mal me semble-t-il à se dépêtrer de ses explications.
C’est le 8 ème film d’Antonioni, le dernier en noir et blanc. Il clôt la trilogie engagée avec « L’avventura », puis « La nuit » qui traitent toujours de la question du couple en crise, dans une Italie en plein essor économique. « Un contexte social-économique important pour comprendre le film » dit José Moure qui évoque « le cinéma de la non-communication » tout en réfutant cette idée. Ce serait à ses yeux plutôt le « cinéma de l’existentialisme, mais le plus important – que veut-il dire, que signifie la fin ? – c’est le regard qu’il porte sur les choses. Il faut s’abandonner à sa qualité de regard. Des choses habituelles, il leur donne un sens nouveau, un regard inédit, la qualité de perception qu’il offre. (…) Il analyse, il sonde, ce qui ne va pas, l’absence le vide .Il ne filme pas l’action, mais l’après, la trace… ».
Review Overview
Le film
Le bonus
« Je voudrais ne pas t’aimer, ou t’aimer beaucoup mieux ». Monica Vitti promène sa beauté et son spleen tout au long de ce film dont l’abstraction pèse sur la compréhension attendue d’un récit où des souvenirs d’Afrique se mêlent à l’activité boursière qu’Antonioni filme avec une réelle délectation. Il n’y a que dans cet antre financière que j’ai trouvé le vrai regard d’un cinéaste peu enclin à faire du cinéma abordable. Il y est surtout question d’absence de communication, là où Antonioni est passé maître. Alain Delon lui donne la réplique avec un peu plus d’humanité, mais la fragilité du scénario ne lui permet pas d’aller plus loin. Alors « L’éclipse » d’accord, mais pour qui ?
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