Synopsis: La dramatique vie de Perhan, fils naturel d'un soldat et d'une Tzigane, qui rêve d'un avenir riche et heureux. Elevé par sa grand-mère qui l'adore, il est bientôt arraché à elle et part en Italie travailler pour un trafiquant d'enfants. Il reviendra au pays mais ne réussira pas à réaliser son rêve.
La fiche du film
Le film
Les bonus
- Prix de la mise en scène en 1989 Festival de Cannes . –
- DVD : 22 mai 2019 – (1)
- Acteurs : Davor Dujmovic, Bora Todorovic, Ljubica Adzovic, Husnija Hasimovic, Sinolicka Trpkova
- Audio : Français
- Meilleur dvd Mai 2019 (2ème)
A l’époque, Gitans, Roms, Tziganes … n’avaient pas vraiment les honneurs du cinéma. Emir Kusturica, comme l’un d’entre eux, a percé le silence, sans forcément leur rendre grâce.
A l’origine de son scénario, l’histoire vraie de trafiquants yougoslaves qui enlèvent des enfants vers l’Italie. Pehran, l’une des jeunes victimes n’a pas vu le coup venir.
Sa petite sœur Danira doit être opérée à Belgrade, grâce à la sollicitude de Ahmed (Bora Todorović) riche propriétaire du village. Pehran (Davor Dujmovic) se propose de l’accompagner et de l’attendre à sa sortie.
Mais la petite fille se perd dans les méandres administratifs de l’hôpital où Ahmed et son argent ouvrent bien des portes. L’homme brouille les pistes et rassure Pehran maintenant contraint de jouer l’infirme et le voleur sur les places italiennes…
Le sujet est délicat, la réalisation flamboyante.
Cet antagonisme, Kusturica l’assume de sublime manière, en menant sa caméra, au cœur de la fange et des fleurs de poésie. Dans ce village où Pehran coule une vie tranquille entre sa sœur et sa grand-mère, tellement aimante (Ljubica Adzovic) . Protectrice et maternelle , consolation à cette mère qu’il n’a jamais connue.
L’oncle est bien rabat-joie, jaloux et maladif, image gitane d’une contrariété toujours passagère. De ces colères si vite apaisées par l’amour et l’amitié, et la fête qui s’improvise.
D’un coup d’œil onirique, femmes et dindons virevoltent et s’envolent les maisons. La scène n’est pas forcément drôle, mais elle fait sourire. Kusturica la rend raisonnable, presque réaliste.
Comme cette femme accrochée au mur de la maison pour qu’elle se taise, ce désespéré pendu à la corde du clocher qui n’en finit plus de sonner.
C’est Pehran malheureux de ne pouvoir convoler en justes noces avec Azra (Sinolička Trpkova) qui l’aime en retour. Mais la maman rêve d’un tout autre parti pour sa fille qui dit pourtant qu’elle attendra son amoureux … Parti très loin, on ne sait plus trop où, sans nouvelle, de lui , de sa petite sœur…
La dénonciation du sort des enfants prostitués est inscrite dans ce paysage qui rend hommage au cinéma du monde entier ( Charles Chaplin , Orson Welles…) et salue l’exubérance d’un Fellini et ses musiques fanfaronnes.
Pour Kusturica et son compositeur d’alors, Goran Bregovic (sont-ils toujours fâchés ? …) la musique est une partenaire à part entière, une seconde mise en scène.
Les flonflons crépitent, les cuivres rutilent, les chœurs envoûtent, comme dans cette superbe célébration de la Saint-Georges.
Et même ce gamin, devenu parrain mafieux, pauvre gosse grandi trop vite qui ne possède que sa rengaine d’accordéon pour dire tout son désarroi, sa solitude, sa misère. L’eau et le feu ,l’enfer et le paradis. Charlie Chaplin qui renaît sous cette âme gitane, cette exubérance naturelle.
Kusturica ne leur rend effectivement pas grâce, mais loin de les juger, honneur et dignité.
(1) Il existe une édition collector 2009 …
(2) Pour les suppléments, il faut cliquer …
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Le monde des Gitans
» A Ciambra » de Jonas Carpignano-« Mange tes morts – Tu ne diras point » de Jean-Charles Hue-« Liberté » de Tony Gatlif-« Spartacus et Cassandre » de Ioanis Nuguet-« Zaneta » de Petr Vaclav-« Just the wind » de Benedek Fliegauf – » Le sixième enfant » de Léopold Legrand
Le film
Les bonus
Pour parler d'un sujet grave, la prostitution enfantine et l'usage des enfants pour le commerce, Kusturica use de lyrisme et de poésie dans un film flamboyant .
30 ans après , il n’y a rien à changer, à redire, à refaire . Pour parler du peuple gitan, de son histoire et de ses composants, pour dire leurs joies, leurs peines et leur contradiction marquée par la colère et la joie immédiate, Emir Kusturica a repris un fait divers tragique : l’organisation d’une mafia yougoslave en direction de l’Italie où des enfants se prostituent.
De la légèreté à la gravité des situations, du réalisme social à l’imaginaire fantastique, Kusturica élabore un monde qui loin du cinéma nous échappe toujours.
AVIS BONUS
Beaucoup de chapitres intéressants sur l’histoire de la Yougoslavie à travers ce film, lui-même historique. Ce sont souvent les mêmes séquences qui illustrent les propos des nombreux intervenants. En prime des interviews du réalisateur dont celle réalisée dans son village qui a le droit également à un petit documentaire.