Synopsis: Malade, Pierre-Henri engage des comédiens pour jouer sa famille disparue afin de l’aider à se réconcilier avec elle. Entre réalité et fiction, cette relecture d’un passé familial mouvementé est un règlement de compte où on ne sait bientôt plus faire la part entre le vrai et le faux.
La fiche du film
Le film
- 17 juin sur la plate-forme Filmo TV
- Meilleur dvd Juin 2020 ( 10 ème )
Entre l’exercice scénique et le jeu de rôle, Eric Bu s’aventure sur un terrain bien instable. Où les apparences et la fiction s’emmêlent joliment les pieds dans des vérités contraires et contraintes par des circonstances exceptionnelles.
C’est tout le sel de notre histoire.
A la demande d’un homme très malade (Hervé Dubourjal), des comédiens remplacent sa famille disparue dans un accident d’avion. Philippe-Henry, dit PH, a distribué les rôles et chacun intervient selon des fiches écrites par l’intéressé.
Mais à un mot près ou une attitude déviante, le scénario se grippe et chacun improvise, semant le trouble dans la catharsis programmée.
Le remplacement d’un acteur ( le fils, Richard ) par un collègue caractériel n’arrange rien . Richard 2 ( Jean-Gilles Barbier ) conteste quasiment l’autorité de son « papa » et revendique une autre histoire.
Sa fille ( Amandine Barbotte ) en profite pour échanger son personnage avec celui de la belle-sœur. Mais le rôle ne la convainc pas plus …
Ou les failles et imperfections d’une mise en scène que PH contrôle de moins en moins bien. On le suspecte maintenant de plus en plus , mais de quoi ? « Vous ne jouez pas le jeu, ça part dans tous les sens » se défend-il à sa troupe aux névroses tout aussi marquées.
William le bon copain du père ( Gilles Dyrek, également scénariste ) a un avis sur tout, et surtout sait comment faire, comment jouer la représentation. Un portrait bien cadré par le réalisateur qui se paie aussi quelques réflexions sur sa famille de cinéma ( « c’est pas le talent qui compte, mais les réseaux » … )
C’est drôle, plaisant, embrouillé, mais la mise en scène est assez judicieuse pour nous ramener toujours dans le droit chemin. Où les comédiens s’égarent aussi parfois. « De qui tu parles, de toi ou de ton personnage , t’es encore dans le jeu ? » . Avant que tout n’explose dans ce que l’on imagine et qui n’arrive pas forcément là où on l’attend.
Question finale et fondamentale : connait-on toujours sa vraie famille ?
C’est à titre posthume que PH en prend conscience. Une morale trois pieds sous terre, il fallait le faire.
Le film
Un homme condamné par la médecine engage des comédiens pour jouer sa famille disparue. A sa névrose s’ajoute donc celle de ces acteurs qui ne facilitent pas vraiment le chemin de paix que souhaitait emprunter leur commanditaire. Ca tient du jeu de rôle et de l’exercice scénique où la vérité et la fiction se confrontent, se heurtent et s’emmêlent, obligées par des circonstances exceptionnelles, parfois farfelues. C’est drôle, plaisant, embrouillé, on s’y perd un peu et les comédiens aussi , ne sachant plus s’ils sont dans le personnage ou dans la vérité de leur propre existence. La vision instable voire très risquée de l’entreprise me parait après quelques doutes et essoufflement atteindre son objectif. Eric Bu et son scénariste également acteur le transforme avec un peu de chance me semble-t-il et le concours d’une kyrielle de comédiens qui méritent de prendre un peu la lumière . Une morale à titre posthume, il fallait le faire .