Synopsis: Le président et sa famille dirigent leur pays d'une main de fer, profitant d'une vie luxueuse pendant que ses sujets vivent dans la misère.Du jour au lendemain, un violent coup d'état met fin à cette dictature et le président devient l'homme le plus recherché du pays.Avec son petit-fils de 5 ans, il tente alors de rejoindre la mer où un navire les attend pour les mettre hors de danger. Grimés en musiciens de rue, ils se retrouvent confrontés à la souffrance et à la haine que le président a suscitées....
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
« Lavez moi les fesses votre majesté… » (Le petit fils à son grand père de dictateur).
Du lard ou du cochon ? J’ai du mal à saisir la tonalité de cette histoire, a-priori très sérieuse (un dictateur déchu) mais tellement inscrite dans un chromo de carte postale qu’elle nous renvoie à des circonvolutions drolatiques à la Jodorowsky. La fuite du tyran plutôt loufoque, renforce le ton de ce qui annonce une fable, voire une parodie, et surtout beaucoup de moquerie.
Il y a de tout dans ce récit qui, au fil des événements, relève peu à peu un point de vue plus politique et social, sans jamais franchir le seuil du pamphlet ou du militantisme. Mohsen Makhmalbaf s’amuse d’une farce tout en comptabilisant le désastre d’un pouvoir sans partage. Le président et son petit-fils le constatent sur le terrain, contraints maintenant de se cacher au cœur de la population qui manifeste contre son règne.
Le monarque (Misha Gomiashvili) découvre l’ampleur de la misère de son pays, sa désolation, les chantiers à l’abandon. C’est un jeu, pense son petit-fils, qui se prête alors bien volontiers à l’activité d’une carrière où ne travaillent que des enfants. Mais rien à voir avec « La vie est belle » de Roberto Beligni. Les commentaires naïfs du gamin, qui n’a connu que l’opulence et la servitude de son entourage, renforcent le bilan d’un immense échec. Cette réalité, le grand père veut encore l’ignorer , conservant l’instinct de la bête indomptée, impitoyable vis-à-vis de ses semblables qu’il continue à terroriser , leur soutirant quelques haillons, et une mauvaise perruque pour se fondre dans la masse.
Cette fuite aussi dérisoire que pitoyable, le cinéaste l’accentue dans la désolation de paysages abandonnés, neigeux, sans âme. Dans quelques villages, les barrages des soldats censés arrêter le tyran, s’intéressent plus à la rapine. Sans solde depuis des mois, ils ne contrôlent plus rien, sinon les valises des voyageurs qui fuient la terreur. Il y a des scènes horribles, un mariage qui se termine tragiquement. Des scènes terrifiantes devant des gens qui n’interviennent pas, malgré l’horreur sous leurs yeux.
Mohsen Makhmalbaf ne se voile plus la face et nous renvoie notre propre histoire, la plus récente, qui des printemps arabes et de l’effondrement de quelques dictatures (Ben Ali, Moubarak, Kadhafi), continue à se perpétrer à travers la planète. Avant de trouver semble-t-il quelques circonstances atténuantes au héros pitoyable, qui sous la défroque d’un homme désormais bien ordinaire, retrouve un peu d’humanité. Et quelques partisans objectifs qui s’interrogent sur le fait de savoir qui l’a fait dictateur. « Vous allez le tuer puis vous vous entretuerez, il faut arrêter l’engrenage ». Le cinéaste est revenu à la réalité. Un pas en avant, deux pas en arrière. Du lard ou du cochon ?
Le film
Je ne sais toujours pas sur quel pied danser avec ce film qui frôle plein de genres, tente des incursions vers la parodie et la fable, avant de s’immiscer dans le pamphlet politique et social. Un brin déstabilisé par cette danse de Saint-Guy, un rien frénétique, je constate qu’au bout du compte, le cinéaste impose un point de vue idéologique sur la chute d’un dictateur, et sa fuite à travers son pays, dont il ignorait tout. Sinon la misère possible engrangée sur le dos de quelques privilégiés de sa cour. Aujourd’hui seul avec son petit fils dans le cloaque et l’abandon, le président constate l’ampleur des dégâts et l’échec de son règne. C’est joué entre la comédie (la scène du gamin sur le pont est absolument formidable) et le drame le plus profond quand un mariage se termine dans l’horreur. Mohsen Makhmalbaf nous renvoie à la face notre propre histoire, la plus récente, qui des printemps arabes et de l’effondrement de quelques dictatures (Ben Ali, Moubarak, Kadhafi), continue à se perpétrer à travers la planète.
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