Synopsis: Skip McCoy, pickpocket, subtilise un portefeuille dans lequel se trouve un microfilm contenant les plans d'une arme secrète américaine, dans la poche d'une jeune femme, Candy, qui le transportait à son insu...
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Le bonus
- « On cherche du feu, on trouve un volcan »
- Meilleur dvd Mai 2017 ( 8 ème )
Le polar dans tous ses états. A l’origine, un récit anticommuniste à une époque où les relations avec l’Union Soviétique ne sont pas au top. Mais quand le film arrive en France, au début des années cinquante, l’électorat du P.C n’est pas à négliger. Aussi les méchants cocos du scénario made in France deviennent d’affreux trafiquants de drogues.
Une version qui ne facilite pas toujours la compréhension d’un récit relégué au second plan d’une mise en scène comme on n’en fait plus. La lumière de la nuit peine à percer les contours du port et les traits des visages : ses halos sont encore plus mystérieux dans les ombres portées et les regards en attente.
La photographie en noir et blanc est un atout indispensable à l’ambiance provoquée par cette chasse incertaine, entre les bons et le méchant. Même s’il saura au bout de l’aventure racheter sa conduite déviante. Les conséquences de relations amoureuses que Fuller traite sans ménagement, à la cosaque, sur des dialogues savoureux.
Quand Jean Peters, la Candy chargée de convoyer sans le savoir le fameux microfilm, rencontre son pickpocket, elle en tombe raide dingue. « J’ai jamais été aussi troublée » lui dit-elle. La réponse de Richard Widmark (Skip McCoy) est savoureuse « Tu parles comme si tu avais 40 de fièvre ».
Fabuleux échange au cœur de ce qui apparaît comme un triangle amoureux à deux côtés seulement. Dès sa rencontre avec le beau Skip, Candy ne s’intéresse plus à son amant de toujours, Joey (Richard Kiley), qui l’utilise en réalité pour mener à bien ses entreprises délictueuses.
La belle se rebelle devant l’œil ravi d’un Fuller qui n’arrête pas d’aller et venir dans ce New-York des bas-fonds avec une énergie démoniaque. La scène d’ouverture dans le métro est un modèle du genre, déterminé par le petit jeu des regards muets et attentifs.
Une attention symbolique qui ne se relâche jamais. Elle atteint des sommets lors de la mort de Moe (Thelma Ritter) , une moucharde qui à l’approche du dernier souffle s’allonge près d’un tourne-disque. A la fin de la chanson, le bras tourne dans le vide avec un grincement qui étouffe le bruit d’une arme à feu.
« Une vieille horloge qui s’essouffle » disait-elle peu avant de livrer son dernier secret à la police. Elle dénonçait à tout va et ses victimes laissaient faire. « Il faut bien qu’elle vive » lançait Skip, tendre et magnanime. Un voyou au grand cœur. La grande tradition !
LE SUPPLEMENT
- Entretien avec Mathieu Macheret, critique pour « Le Monde » (20 mn). Il ne tarit pas d’éloges sur ce film dont il explique les détours politiques pour arriver en France sous l’emprise d’un trafic de drogue, à défaut de complot communiste. Sur le microfilm en question, le plan est devenu une formule chimique élaborée pour obtenir une meilleure poudre.
Le critique insiste aussi sur le fait qu’il n’y a pas de personnage principal, mais plusieurs protagonistes placés sur le même niveau. Il parle alors de « la triangulation des regards » qui est effectivement l’une des clés de la réussite de ce polar qui dans sa VO « ne s’inscrivait pas dans une démarche de propagande ».
« Samuel Fuller désamorce le glamour hollywoodien pour un carnaval de coups et blessure où l’amour est devenu un combat. (…) Des dialogues percutants, des échanges savoureux, le génie pour dire avec du cœur ce qu’est un personnage, le génie de l’écriture qui a trait au grand romancier du filon noir américain ».
Le film
Le bonus
A l’origine anticommuniste, ce polar noir arrive en France travesti sur un trafic de drogue, histoire de ne pas froisser l’électorat PC qui à l’époque fleurissait allègrement. Il reste ce même pickpocket entraîné dans une course à la vie après avoir subtilisé sans le savoir un microfilm qui contient des plans (une formule chimique dans la VF).
Le noir & blanc de l’époque convient parfaitement au récit assez haletant entre flics et voyous sur des scènes dont la mise en perspective dans les bas-fonds de New York relève d’une poésie encore inédite au cinéma.
Avis bonus
Le regard d'un critique, intéressant
10 Commentaires
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