- Coffret : 4 mai 2021 –
- Prix du Meilleur Coffret ( #PrixSFCC2021) -Syndicat français de la critique du cinéma
- Cinéma : 22 janvier 1992
- Durée : 10 heures et 15 minutes
- Langue : Persan
- Sous-titres : : Français
- Studio : Potemkine Films
Film :
Ce film s’inscrit dans les années « Kanoon » d’Abbas Kiarostami (Institut pour le développement intellectuel de la jeunesse). Le Shah dirige encore le pays. Un coffret réunit cette période où courts et longs métrages, films éducatifs et fictions témoignent de la construction d’un style, de l’avènement d’une œuvre majeure.
A ce titre « Le Passager » est significatif . Comme avec « Expérience » (1972) on comprend mieux a posteriori la maîtrise du cinéaste pour filmer les enfants, et surtout leurs regards. Tout ce qu’ils racontent.
Ici, Qassem, (Hassan Darabi,) ne fait rien à l’école et ne rêve qu’au football.
Pour assister à un match à Téhéran il n’hésite pas à voler ses parents, arnaquer ses copains et vendre n’importe quoi à des adultes qui refusent , sans s’inquiéter outre mesure de sa démarche plus ou moins délictueuse.
Sur des chemins détournés, il mène à la baguette son meilleur copain.
Kiarostami nous plonge dans un monde où l’innocence n’a plus droit de paraître, au profit d’une réalité brute et sans limite. C’est assez noir de la part d’un réalisateur qui plus tard donnera à voir la raison et l’espoir.
Le décor principal est la cour de la famille de Qassem où sa mère et sa grand-mère s’affairent aux tâches quotidiennes. Des scènes de « Où est la maison de mon ami ? » se profilent dans une relation familiale similaire. Qassem ne fait pas ses devoirs et sa mère s’escrime à lui en rappeler les vertus.
Elle lui prédit une vie de misère.
Celle qui jalonne les ruelles du village où le directeur fait exception et autorité. Quand la mère vient se plaindre de la conduite de son fils, il est sans pitié. « Quand on n’a pas d’éducation on ne peut pas faire mieux » la renvoie-t-il après avoir frappé sévèrement plusieurs fois l’intéressé.
Le noir et blanc granuleux accentue cet aspect misérable auquel le jeune héros veut échapper. Dans cette perspective on ne peut le condamner mais ses pratiques illicites et un caractère détestable en font un bon petit diable.
Le destin se charge de le ramener à la raison . Après avoir peiné pour un peu d’argent, couru après le bus pour Téhéran, et acheté un billet au marché noir ( quatre fois le prix de base ) Qassem s’apprête à vivre enfin le match de sa vie.
En attendant le coup de sifflet , il s’assoupit dans ses rêves ou cauchemars, allez savoir. Kiarostami nous dit que la mauvaise conscience est mauvaise conseillère. Quand il se réveille, il est déjà trop tard.
- Cette version restaurée est parfois accompagnée du court-métrage « Récréation », présent dans ce coffret- Puni parce qu’il vient de casser une vitre en jouant au ballon, un écolier est exclu de la classe. Lorsque la cloche retentit, il quitte l’école et commence à errer dans les rues.
On retrouve un peu les très beaux tâtonnements de « Le pain et la rue », dans ses ruelles où la profondeur de champ pose un décor évident aux élucubrations du jeune garçon.
Le film
Avec ce film (1974), son premier véritable long métrage, on comprend mieux a posteriori la maîtrise du cinéaste pour filmer les enfants, et surtout leurs regards. Et tout ce qu’ils racontent. Ici, Qassem, un gamin qui ne fait rien à l’école et ne rêve qu’au football. Le point de départ à une cavale vers Téhéran pour une rencontre sportive historique. La quête qu’entreprend le gamin afin de trouver l’argent nécessaire est un jeu de piste dans lequel Kiarostami repère les énigmes de la société de l’époque. A travers notamment l’éducation familiale et l’école , deux repères indispensables auxquels Qassem ne peut se référer. Ce sont aussi ceux que Kiarostami reprendra dans plusieurs de ses œuvres ( dont la fameuse trilogie de Koker ) pour lesquelles « Le Passager » fait figure d’esquisses adroites et prometteuses. Qassem a beau être un bon petit diable, on ne le lâche pas un instant.