Synopsis: Une troupe de comédiens lutte, envers et contre tout, pour que leur théâtre survive à une démolition promise. Et dehors, le monde devient fou...
La fiche du DVD
Le film
Le bonus
Meilleur dvd Juillet 2017 (7 ème )
« La majorité des gens intelligents dépendait d’un groupe d’idiots …
Fernando Solanas peut porter un jugement sans concession sur sa propre histoire. « Le nuage » est un film passionnant, mais reconnait-il, avec des longueurs et des maladresses. La plus évidente, cette manière de nous rappeler que le monde marche à reculons. « J’aurais dû filmer les gens en marche arrière, deux ou trois fois, et puis passer à autre chose ».
Un procédé systématique et maladroit. Les comédiens regardent où ils posent le pied. Un détail qui devient une marque de fabrique, sur un propos originel intéressant : le projet de fermeture d’une vieille salle de théâtre réunit chaque soir l’équipe autour de son directeur que joue avec maestria Eduardo Pavlovsky.
Leur avocat (Bernard Le Coq) plaide une autre cause indéfendable au pays de la ruine, celle des retraites impayées. La culture dans ce miasme n’a que peu d’intérêt aux yeux des gouvernants qui demeurent … des amis ! Le combat des anciens et des modernes.
« L’assistance culturelle est terminée, ce qui n’est pas rentable doit changer ou disparaître » entend-on dans les couloirs des ministères qui assurent que « même la France ne paie plus pour ce qui ne marche pas ».
A la télévision, omnipotente, le comédien vedette du théâtre devenu star préfère donner la réplique. Christophe Malavoy est assez pathétique en défenseur attendri d’une culture ultra libérale. Le débat autour de l’art et de sa raison d’être engendre de jolis tableaux accompagnés de musique, de tango, de chansons.
Une empreinte dont ne peut se défaire le cinéaste pour dire le désespoir, l’incompréhension et la stupidité administrative. « La majorité des gens intelligents dépendait d’un groupe d’idiots, c’était un drôle de pays » chante la femme dans le théâtre. « Et que firent les intelligents pour être acceptés, ils abêtirent leurs idées. L’abêtissement du pays arriva, lentement, mais sûrement ».
Le ferment de la nostalgie et de la mélancolie où se réfugie le chanteur de tango préférant son hôpital psychiatrique au monde de la rue. Dans la nuit bleutée et pluvieuse, la résistance s’organise. La révolte sourd des pavés mal ajustés. Incorrigible Solanas.
- Rencontre avec le réalisateur (12 mn). Il évoque la collusion entre le gouvernement et les intellectuels, et le monde de la culture du genre « le ministre copain qui dit avec quelqu’un d’autre que moi ce serai pire ». Mais sur son film il est tout à fait lucide « 70% des gens de l’équipe se foutait de ce qu’on faisait, une incompréhension de leur part. (…) Par ailleurs mon meilleur ami venait de mourir et j’ai dû prendre le relais de son job.
En tant que producteur exécutif, je n’étais pas concentré sur le film, quand on finissait le soir, j’avais encore quatre heures de boulot en production, que je ne pouvais passer à réfléchir pour le travail du lendemain. ( … ) Je n’ai pas pris assez de recul sur ce film et je vois aujourd’hui qu’il est trop long, que le fait de faire marcher les gens en arrière tout le temps ne fonctionne pas ».
- On retrouve ce dvd dans le coffret » L’intégrale de Fernando Solanas »
Review Overview
Le film
Le bonus
Solanas explique en partie dans l’entretien du bonus les raisons qui font que ce film demeure inabouti. Mais loin d’être inachevé dans sa conception politique et documentaire d’une fiction tout à fait réaliste. Le projet de démolition d’un théâtre est prétexte à un chambardement idéologique autour de la culture, et de ses différents états. Celui de l’Argentine, « où l’ingratitude est une chose si naturelle » est mis à mal dans le regard d’un cinéaste convaincu du bien-fondé de sa démarche. Elle demeure, malgré quelques longueurs et effets de style insistants assez efficace au milieu d’une troupe de comédiens parfaits.
Avis bonus
Un court entretien avec le cinéaste, très éclairant malgré tout
Un commentaire
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