Synopsis: Antoine a connu ses premiers émois amoureux dans le salon de coiffure de la plantureuse Madame Sheaffer. Il s’est fait une promesse : lorsqu’il sera grand, il épousera une coiffeuse. Il rencontre Mathilde, la coiffeuse de ses rêves. Le coup de foudre est réciproque.
La fiche du film
Le film
les bonus
Meilleur dvd Mai 2022 ( 3ème )
- DVD : 04 Mai 2022 . –
Un huis-clos … l’intimité paradoxale. Un salon de coiffure dans lequel les clients vont et viennent. Mais où Antoine le mari ne quitte pas son siège. Le nez dans les mots croisés, et les nouvelles du jour, et l’œil toujours admiratif pour son épouse qui cisaille les cheveux.
Il la dévore des yeux, la déshabille du regard… Sous la direction d’un metteur en scène attentif au moindre frisson, à la plus petite étincelle …
Mathilde l’observe un peu moins, figaro oblige, mais à chaque coup d’œil, tout l’amour qu’elle lui porte l’atteint avec la même douceur qui empreint son visage. A l’enfance, Antoine avait fait le serment de retrouver le goût et la saveur de Madame Sheaffer (Anne-Marie Pisani) la plantureuse coiffeuse de son village.
Marié à une coiffeuse, chaque jour est un bonheur tranquille, sans heurt, ni brusquerie. Et quand le soir tombant, il lui prend de fermer plus tôt, c’est pour aimer encore plus cette femme, au cœur même de la boutique, sans souçi du qu’en-dira-t-on …
Ils n’ont pas d’amis, pas pu avoir d’enfants, mais cette solitude à deux leur va bien, elle est presque naturelle. Patrice Leconte la filme tout aussi paisiblement, sereinement. Et la clientèle, toujours la même, fidèle et indifférente au filtre d’amour , perturbe à peine leurs émois.
Un jour Antoine caresse Mathilde qui shampouine Monsieur Donecker, un vieux monsieur ( Albert Delpy ) . Elle lui fait la conversation comme si de rien n’était, dans l’extase d’un plaisir nouveau, insoupçonné.
L’image est diaphane, d’une douceur égale à la lumière qui baigne la pièce, constante de l’aube à la nuit. Anna Galiena est la représentation parfaite de ce temps suspendu , immobile, insouciant. Encore peu connue à l’époque en France, l’actrice italienne subjugue par tant de sagesse et de malice confondues.
Qu’Antoine ait été séduit par la femme, la comédienne, le rôle, n’est pas surprenant. Que Jean Rochefort incarne à merveille le personnage, non plus !
LES SUPPLEMENTS
- « Pour l’amour d’une coiffeuse » par Patrice Leconte ( 17 mn ) 2022- Il parle de la reconnaissance du public » qui n’est pas négligeable. (…) Le plus dur quand un film ne marche pas et que les critiques sont mauvaises, il n’y a plus qu’à enjamber le balcon ».
« Mes films sont souvent courts pour s’en tenir à l’essentiel » dit-il n’oubliant jamais de citer les membres de son équipe qui ont pu faciliter le travail. « De Ganay , le producteur m’a fgit un chèques en blanc ». Claude Klotz pour le travail sur l’écriture …
Le recours à la voix off est rarement utilisé chez Leconte, alors pourquoi cette fois ?
« Le cinéma permet de vivre par procuration des vie que peut-être l’on s’interdit » poursuit-il en évoquant cette fois la mésentente entre Rochefort et Galliena sur le plateau « alors qu’avec ce couple je racontais une très belle histoire d’amour ». Un paradoxe qu’il attribue sans l’appuyer au mauvais caractère du comédien » un brin mysogine quand même« .
- « Les confidences d’une coiffeuse » par Anna Galiena- 2022 – La comédienne ici n’y fait aucune allusion, se souvenant de l’ambiance sur le tournage : « il y avait comme de l’amour un peu partout. (…) et de la perfection, Patrice y tenait ». Elle a trouvé Jean Rochefort drôle
Elle parle de la manière dont elle s’est introduite dans le cinéma français, en rencontrant Yves Boisset pour « La Travestie » , sans connaître un mot de Français. Mais l’italienne apprend très vite et quatre films plus tard la voici chez Patrice Leconte.
Elle raconte comment elle est rentrée cette fois dans le rôle avec notamment trois semaines d’apprentissage auprès d’un coiffeur.
- L’interview de Patrice Leconte ( 53 mn )- Une longue rencontre passionnante à l’époque de la sortie du film. Le réalisateur nous raconte tout du projet à sa mise en œuvre, en n’oubliant jamais de citer les membres de son équipe sans qui il ne serait rien, rappelle-t-il .
Il cite aussi des anecdotes étonnantes comme la présence d’une petite boîte verte que le chef décorateur Yvan Mossion place systématiquement quelque part dans tous les films de Patrice Leconte.
Ses commentaires sur plusieurs séquences sont éloquentes, et parlent vraiment de cinéma . « J’avais l’impression de pouvoir faire un cinéma d’auteur, pardon, mais un cinéma qui sente l’eau de Cologne, et la brillantine ».
Il évoque aussi les scènes très intimes « qu’il est toujours difficile de tourner. Je suis au cadre, comme un voyeur en train de les regarder se caresser. C’est gênant pour tout le monde, seuls les acteurs peuvent détendre l’atmosphère. Il n’y avait pas d’embrouille, pas de gêne, on a presque envie de s’excuser de les filmer à faire l’amour ».
- « Le batteur du boléro » de Patrice Leconte avec Jacques Villeret ( 8.10 mn )- Variations fantaisistes et physiques sur le thème de Ravel avec un comédien ad-hoc, qui nous fait toujours défaut . L’anecdote : un tourangeau dirigé par un autre tourangeau …
Le film
les bonus
Patrice Leconte qui aligne d’excellents films dans des registres bien différents ( de « Tandem » à « Monsieur Hire » via le grandissime « Ridicule » ) réussit à nouveau un tour de passe-passe merveilleux avec ce film d’amour qui dépasse l’amour, tant il est sensuel, imprévisible, presque immobile.
Le cinéaste filme tout simplement un phantasme de gamin devenu réalité : épouser une coiffeuse, comme celle qu’il a connu dans son enfance, plantureuse et à la saveur exotique.
Antoine ne fait rien d’autre de ses journées que d’admirer la belle Mathilde tout aussi admirative de son époux qui anime son salon de danses orientales , réminiscence d’une enfance heureuse. Les sentiments parfument la pièce, leurs regards conjuguent un bonheur qui parait indéfectible.
Anna Galiena est la représentation parfaite de ce temps suspendu , immobile, insouciant. Encore peu connue à l’époque en France, l’actrice italienne subjugue par tant de sagesse et de malice confondues.
Qu’Antoine ait été séduit par la femme, la comédienne, le rôle, n’est pas surprenant. Que Jean Rochefort incarne à merveille le personnage, non plus !
AVIS BONUS
Les commentaires du réalisateur d'hier et d'aujourd'hui, ceux d'Anna Galiena , avec les extraits idoines ,et le boléro de Ravel revu par Jacques Villeret, que du bonheur !