Accueil » A la une » « Le lendemain » de Magnus von Horn. Critique cinéma-dvd

« Le lendemain » de Magnus von Horn. Critique cinéma-dvd

Synopsis: John, encore adolescent, rentre chez son père après avoir purgé sa peine et aspire à un nouveau départ. Mais la communauté locale n'a ni oublié, ni pardonné ce qu’il a fait. Sa présence attise les pires pulsions, l'atmosphère devient menaçante, proche du lynchage. Rejeté par ses anciens amis et abandonné par ses proches, John perd espoir et la violence  refait peu à peu surface.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Le lendemain"
De : Magnus von Horn
Avec : Ulrik Munther, Mats Blomgren, Alexander Nordgren
Sortie le : 05 octobre 2016
Distribution : Blaq Out
Durée : 101 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

On ne sait pas grand-chose de ce grand gamin qui franchit plusieurs sas d’une prison (une maison de redressement peut-être…) avant de retrouver son père dans une étreinte chaleureuse. Une intimité de courte durée. Une fois de retour au bercail, les souvenirs affleurent dans un environnement fortement hostile.

Ces regards haineux, ces postures fuyantes, John les ignore, la rage profondément en sommeil. Surtout ne pas rentrer dans leur jeu. Dans ces provocations et ces humiliations de plus en plus marquées sur les bancs du lycée où la proviseur s’étonne même de son retour.

Mais rien ne lui interdit de revenir là où on lui rappelle cruellement son passé marqué par un drame que personne n’a oublié. Peu ont pardonné. C’est un autre chemin de croix qu’entame alors l’adolescent pour nous raconter son histoire. «  On m’a dit que j’étais dans un autre état » murmure-t-il à sa nouvelle copine «  mais moi je me souviens de tout ».

De retour au lycée, plus qu'un étranger John est devenu un pestiféré
De retour au lycée, plus qu’un étranger John est devenu un pestiféré

Magnus von Horn illustre avec son premier long-métrage une application particulière d’une double peine avec une sensibilité qui ne peut heurter que les imbéciles. Sans donner tort ou raison aux uns et aux autres, le réalisateur suédois filme à fleur de peau des sentiments, des états d’âme incompatibles. J’aime beaucoup le personnage du père de John (Mats Blomgren). Seul au foyer avec ses deux fils, et parfois son père grabataire, il ne sait plus trop quel pied poser sur cette terre qu’il cultive et qui lui devient étrangère, à lui aussi.

Le hors-champ est un viatique subtil que von Horn applique pour adoucir les colères et les coups de poing. Une échappatoire aisée pour amener tous les protagonistes à plus de compréhension. Mais rien n’y fait. L’acharnement haineux des anciens copains frôle maintenant l’hystérie aveugle. Jusqu’au petit frère qui à son tour perd toute raison face à ce déferlement de haine et de rancœur.

Un père lui aussi déboussolé par la situation, mais jamais ne lâchera son fils...
Un père lui aussi déboussolé par la situation, mais qui jamais ne lâchera son fils…

J’ai retrouvé  l’esprit du très beau  film de Thomas Vinterberg « La chasse », son intensité et son implacable déraison qui peut vous massacrer un être dans sa tête et dans son corps. Ulrik Munther dans le rôle de John figure parfaitement l’accomplissement d’un tel abandon.

LES SUPPLEMENTS

  • Rencontre avec le réalisateur (8 mn).  A l’origine, un fait divers, un garçon très ordinaire qui étrangle sa petite amie. « Il n’est pas marginalisé, famille pas violente, je me sentais très proche de lui alors aurais-je été capable d’un tel geste ? (…) La violence et l’acte ont moins d’intérêt que ce qui se passe ensuite, et l’après on en parle jamais dans les journaux, c’est ce qui m’a intéressé de chercher et de comprendre, plutôt que de montrer le crime lui-même (…) Je ne dirais pas que c’est une victime mais les autres voudraient que ce soit un monstre, et c’est ce qu’ils font de lui (…). Je pense que j’ai fait un film qui stimule la pensée, mais n’apporte aucune réponse ».
  • Deux courts métrages tout à fait intéressants . Ils révèlent,  au-delà d’une maîtrise déjà assumée de la mise en scène et de la direction d’acteurs, cette préoccupation d’analyser au plus près le comportement humain, toujours à travers le fait divers.

« Echo » de (13.30 mn) – 2008. Une jeune fille a été poignardée. Deux garçons de son école sont entendus par la police…

« Without snow » (35 mn) – 2011. Linus, un ado joue les terreurs avec sa bande. Elevé par sa mère célibataire, il a pris pour cible Adrian, un de ses camarades épileptiques. Ils s’en prennent aussi à la famille de leur souffre-douleur, mais le père va  leur répondre lui aussi très violemment …

On ne sait pas grand-chose de ce grand gamin qui franchit plusieurs sas d’une prison (une maison de redressement peut-être...) avant de retrouver son père dans une étreinte chaleureuse. Une intimité de courte durée. Une fois de retour au bercail, les souvenirs affleurent dans un environnement fortement hostile. Ces regards haineux, ces postures fuyantes, John les ignore, la rage profondément en sommeil. Surtout ne pas rentrer dans leur jeu. Dans ces provocations et ces humiliations de plus en plus marquées sur les bancs du lycée où la proviseur s’étonne même de son retour. Mais rien ne lui interdit de revenir là où…
Le film
Les bonus

Un premier film qui ne souffre guère des scories habituellement posées dans un premier essai. Du genre voyez tout ce que je sais faire. Bien au contraire. Le réalisateur suédois œuvre avec sensibilité et même délicatesse pour révéler l’histoire d’un gamin coupable d’un passé que son entourage ne lui pardonne pas. Un sujet difficile, habilement posé sur les sentiments et les états d’âme sans jamais en tirer de conclusions fiévreuses et partisanes. Un premier film, un premier choc.

Avis bonus Deux courts métrages très intéressants, et une rencontre analytique avec le réalisateur

User Rating: Be the first one !

Voir aussi

« Trois amies » d’Emmanuel Mouret. Critique cinéma

Beaucoup moins inspiré par ses marivaudages, Emmanuel Mouret en rajoute

Laisser un commentaire