Synopsis: Un chef de gang en quête de rédemption et une prostituée prête à tout pour recouvrer sa liberté se retrouvent au cœur d’une chasse à l’homme. Ensemble, ils décident de jouer une dernière fois avec leur destin.
La fiche du film
Le film
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On résume : des flics courent après un voyou dans un secteur infesté de voyous. Une zone de non-droit à l’extrémité d’un lac dit des « Oies sauvages ». Fin de l’histoire, c’est pas plus compliqué.
Mais la façon dont Diao Yinan la raconte prend une tout autre allure. Une mise en scène filmée au noir de charbon, dans la gadoue et les ombres portées de ces baraquements où les ruelles minables, minées par des pluies torrentielles, abritent la vermine.
Et des clients de passage, en quête d’une prostituée qui les accueillent sur des barques, un peu au large . On les appelle des baigneuses. Le mode est original, mais Liu ( Gwei Lun Mei) aimerait sortir la tête de l’eau. C’est pourquoi elle se propose d’aider le méchant, quelque part autour du lac où la police n’aime pas trop s’aventurer.
Liu agit sur les ordres de Hua Hua (Qi Dao), un chef de gang pas très recommandable semble-t-il. Mais la survie est à ce prix, pour l’une comme pour l’autre. Ce Zhou Zenong (Hu Ge), caïd en voie de repentance, depuis sa sortie de prison et ces cinq années séparées de sa femme Yang ( Wan Qian) et de son petit garçon.
Quand il pense pouvoir raccrocher les wagons, quelqu’un dans le convoi enraille la mécanique. Zhou est pris dans la nasse, il flingue à nouveau, reprend sa cavale. Et rencontre Liu, toute prête à lui venir en aide. Quelque part sur « Le lac aux oies sauvages »…
Les flics sont aux aguets, Yang est alertée, les gangs se concentrent…
Mais la plus belle énigme de ce film policier, noir et violent demeure cette mise en scène réglée sur une mécanique parfaitement huilée, qui s’enraie à la première escarmouche, pour … une tête coupée, une moto dérobée.
On s’y perd facilement, ( comme dans les rues autour du lac ), on ne comprend pas forcément tout mais la cavalcade et sa lenteur parfois, nous alertent des signaux les plus évidents d’un cinéma de première urgence.
La tête de l’homme est mise à prix et ça le rassure puisque la récompense ira à la bonne personne, pense-t-il. Il agit en conséquence. Malgré les flics qui fourmillent, les traîtres qui le guettent et la mort qui peu à peu marque son corps. Chez Diao Yinan, le genre de détail qui importe !
Le film
Le paradoxe de ce film policier, noir et violent, c’est la beauté de son cadre, la force de sa mise en scène, presque élégante, parfois virtuose. Sur une histoire banale le réalisateur-scénariste imagine son voyou se faire courser dans une zone de non droit où les prostituées font l’amour dans des barques et dans l’eau. On sait qu’il va vers une mort inéluctable, mais la manière de la conduire est déjà un regard sur ce monde désespéré qui prend pour décor la Chine mais pourrait tout aussi bien s’accommoder des taudis du monde entier. Mais aujourd’hui le renouveau du filon passe par cette veine chinoise qui ne renouvelle pas le genre, mais l’adapte à sa culture et en fait un genre nouveau. L’interprétation lente, énigmatique, est tout aussi exemplaire de cet esthétisme particulier qui donne des lettres de noblesse à un style qui s’en accommode parfaitement.
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