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« Le grand jeu  » de Nicolas Pariser. Critique cinéma-Bluray

Synopsis: Pierre Blum, un écrivain de quarante ans qui a connu son heure de gloire au début des années 2000, rencontre un soir sur la terrasse d'un casino, un homme mystérieux, Joseph Paskin. Influent dans le monde politique, charismatique, manipulateur, il passe bientôt à Pierre une commande étrange qui le replongera dans un passé qu'il aurait préféré oublier et mettra sa vie en danger.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Le grand jeu "
De : Nicolas Pariser
Avec : André Dussollier, Melvil Poupaud, Clémence Poésy
Sortie le : 19 avril 2016
Distribution : BAC Films
Durée : 99 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

Une toile de fond posée sur Tarnac. Les mouvements libertaires comme argument. Ceux de Notre-Dames-des-Landes ou d’ailleurs, Nicolas Pariser ne détaille pas la fiche d’identité de ses protagonistes. Tarnac n’est pas Tarnac, mais un prétexte à évocation, à l’image de l’affaire Boulin tout juste esquissée.

Son récit se faufile dans les sous-sols des services secrets et les arcanes d’une politique loin d’être fraternelle. Au sein d’un même mouvement, Joseph Paskin s’emploie à dégommer son propre ministre. Ses appuis sont peu nombreux, ses vrais amis commencent à disparaître accidentellement, le plus souvent, et lui-même craint pour sa vie.

Et celle de son désormais protégé, Pierre Blum, un romancier sans roman qu’il charge d’écrire contre le fameux ministre. Une œuvre de déstabilisation au sein d’un monde qui ne l’est pas moins. C’est ce que j’ai cru comprendre à travers les ébats dangereux de ces hommes de l’ombre, qui à force de fuir le grand jour en deviennent aussi fermés que le film de Pariser.

le grand jeu

Plus confuse que mystérieuse (le récit est supposé l’être) sa mise en scène porte l’hermétisme à un point de sophistication rebutant. Chichiteuse, ardue, l’histoire se nourrit de nombreuses situations qui n’aboutissent jamais alors que s’imbrique déjà une  autre narration, qui nous égare. L’esquisse d’une nouvelle aventure, très vite avortée, toujours.

Quand Pierre tombe amoureux d’une jeune militante d’extrême gauche, par exemple, c’est dans la confusion scénaristique la plus complète. L’union se fait à la sauvette, entre deux plans et quelques images incertaines. « Dans un monde où tout semble à double fond, à qui peut-on se fier ? » interroge à juste-titre le scénariste-réalisateur peu soucieux de répondre à ses propres interrogations.

André Dussollier tente d’en lever certaines, mais son talent ne suffit pas à donner au spectateur les clés nécessaires pour sortir de ce labyrinthe. Melvil Poupaud s’y égare à son tour bien emprunté dans sa peau de romancier à la ramasse. Et les jeunes gauchistes convoqués pour une révolution alternative n’ont pas plus de solution à nous fournir malgré la présence de comédiens et comédiennes affirmés. Clémence Poésy, Antoine Chappey, Sophie Cattani ne sortent jamais le grand jeu.

le grand jeu

LES SUPPLEMENTS

Un court métrages et deux moyens, Nicolas Pariser ne lésine pas sur la découverte de sa jeune filmographie, et c’est tout à son honneur. Surtout que sur l’ensemble de la production visionnée dans ces bonus, la visite est plutôt agréable, révélatrice d’un talent certain derrière la caméra, plus flageolant quand il s’agit de mettre les personnages en situation. Le gros défaut de Nicolas Pariser est qu’à force de tout vouloir dire, tout vouloir expliquer il en conçoit des personnages hyper bavards.

C’est surtout vrai dans « La République » (35 mn) (Thomas Chabrol, Alain Libolt, Gwenaëlle Simon ) où la mort du président entraîne une cascade de situations au cours desquelles les magouilles et manœuvres politiques sont légion. Les faces à faces aussi et ça n’arrête pas de bavasser.

  • « Le jour où Ségolène a gagné »  (13 mn) est assez classique dans sa forme mais d’une légèreté et d’une drôlerie parfaitement agencées dans le cadre de cette journée électorale qui voit une jeune militante socialiste (Sabrina Seyvecou) repoussée d’heure en heure le moment d’aller voter. C’est bien troussé.
  • « Agit pop » (31 mn) bénéficie d’abord d’une kyrielle de jeunes comédiens (Benoît Forgeard, Sabrina Seyvecou, Michaël Abiteboul, Lucie Borleteau…) qui se fondent très bien dans cette histoire de fin d’activités d’un magazine très branché. Un joyeux bordel préside au bouclage de l’édition ultime et Pariser en profite au passage pour égratigner gentiment les critiques culturels et dénoncer le machisme ambiant dans les rédactions (uniquement ?).
Une ancienne rédactrice star revient pour le dernier jour, et ça ne plait pas à tout le monde...
Une ancienne rédactrice star revient pour le dernier jour, et ça ne plait pas à tout le monde…

C’est très amusant, bien construit malgré la démission du rédacteur en chef (le dernier jour, il faut le faire) et la grève d’une partie des journalistes. Il faut toujours le faire !

  • Rencontre avec Nicolas Pariser (12 mn). Le réalisateur évoque aussi bien Balzac et « Le père Goriot » que la série « La Maison blanche » pour aborder le sujet de son film, «  même si chez les grands réalisateurs américains, la politique est assez idéalisée » dit-il en citant cette fois «  Tempête à Washington » d’Otto Preminger.

« Je n’ai pas voulu faire un film où on reconnaîtrait qui est qui, j’ai alors tiré vers le romanesque. Ce n’est pas un film dossier, ou de témoignages sur l’affaire Elf par exemple, même si dans mon esprit le personnage de Dussollier devait être une fin de comète du Gaullisme vieillissant ».

Trois autres films sont cités par Olivier Père qui dirige la rencontre « La sentinelle » de Arnaud Desplechin («  le film important de mes 18 ans ») « Triple agent » de Rohmer («  une ampleur historique, romanesque que l’on ne trouve pas dans ses autres films ») et «  Ghost writer » de Polanski. «  Alors là je dirais éblouissant. Même si sur un premier film je ne peux pas atteindre la maîtrise et la virtuosité de ce niveau-là, c’est dans cette filiation que j’ai voulu me situer ».

Une toile de fond posée sur Tarnac. Les mouvements libertaires comme argument. Ceux de Notre-Dames-des-Landes ou d’ailleurs, Nicolas Pariser ne détaille pas la fiche d’identité de ses protagonistes. Tarnac n’est pas Tarnac, mais un prétexte à évocation, à l’image de l’affaire Boulin tout juste esquissée. Son récit se faufile dans les sous-sols des services secrets et les arcanes d’une politique loin d’être fraternelle. Au sein d’un même mouvement, Joseph Paskin s’emploie à dégommer son propre ministre. Ses appuis sont peu nombreux, ses vrais amis commencent à disparaître accidentellement, le plus souvent, et lui-même craint pour sa vie. Et celle de…
Le film
Les bonus

C’est une histoire politico-sociale qui s’appuie un tout petit peu sur l’affaire Boulin, et un peu plus sur les soi-disant terroristes de Tarnac pour nous dire que le monde des bas-fonds ne va pas très bien. On s’élimine entre copains, on infiltre des gauchos qui n’ont rien de menaçants et la terre continue pourtant à tourner. Plus confuse que mystérieuse (tout ce que l’on attend d’une telle histoire), la mise en scène de Nicolas Pariser porte l’hermétisme à un point de sophistication rebutant. Chichiteux, ardu le récit se nourrit de nombreuses situations qui n’aboutissent jamais. Sur le papier, les comédiens jeunes ou pas présentaient toutes les garanties d’une bonne aventure cinématographique. Mais non ! 

Avis bonus Un court métrages et deux moyens, Nicolas Pariser ne lésine pas sur la découverte de sa jeune filmographie, et c’est tout à son honneur.

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