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« Le désert des Tartares » de Valerio Zurlini .Critique bluray

Synopsis: An 1900, aux confins d'un empire de l'Europe Centrale. Le jeune lieutenant Drogo vient de sortir de l'école militaire et se voit affecté à la forteresse de Bastiano, poste avancé de l'Empire aux bords d'une immense étendue aride : le désert des Tartares.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Le Désert des Tartares "
De : Valerio Zurlini
Avec : Vittorio Gassman, Philippe Noiret, Giuliano Gemma, Helmut Griem, Jacques Perrin
Sortie le : 16 juillet 2014
Distribution : Pathé
Durée : 140 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Le bonus

Meilleur dvd Juillet 2014 ( 2 ème )

De mémoire, le  livre de Dino Buzatti dont Zurlini a imaginé cette fresque cinématographique extraordinaire, s’attache principalement à la personnalité du lieutenant Drogo, et à son angoisse existentielle. Le voici à nouveau au cœur de l’emprise littéraire mais cette fois au milieu de toute une cour de militaires en charge d’un territoire plus ou moins défini.

Il est difficile de situer véritablement une époque, un pays et le territoire que celui-ci est censé contrôler. C’est déjà toute l’étrangeté et la  saveur de ce film. Il nous transporte dans un passé que notre monde reprend quasiment chaque jour à son compte.

Une forteresse, une frontière et un ennemi que l’on ne voit jamais mais qui un jour viendra. Comme les supérieurs de Drogo en sont persuadés, voici le jeune officier confronté à ces mirages qu’alimente le désert. J’aime beaucoup « Zangra »  la chanson de Jacques Brel : « Je m’appelle Zangra et je suis lieutenant, au fort de Belonzo, qui domine la plaine , d’où l’ennemi viendra , qui me  fera héros ».

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Mais aux mirages succèdent maintenant des chimères tant le temps passe et rien ne vient. Rien que les aléas d’une telle situation que le cinéaste filme avec un brio remarquable. Comment fixer le vide, l’ennui, l’absence, le trouble profond de tous ces acteurs, au travers de ces visages marqués par la pierre sableuse qui borde leur attente. Le plus étonnant,c’est le recul que Zurlini adopte avec les personnages. Il prend souvent beaucoup de distance, avant de les cerner en gros plans élégiaques, au plus près de leurs réflexions et de leurs dérives.

Un mode opératoire en phase avec une ambiance étonnante qui jamais ne se relâche sauf pour un cheval blanc égaré devant le fortin (un avertissement de l’ennemi ? …) : il met en branle les fondements même de la vie à l’intérieur du fort. Cette séquence magnifique succède à d’autres scènes tout aussi mythiques (la mutinerie, la redéfinition de la frontière sous une tempête de neige) qui mènent ces hommes en vase clos au bord de la folie.

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Ce qui les retient dans ce huis clos fortifié appartient maintenant à un ordre plus philosophique qu’humanitaire quand l’humain vous renvoie «  nulle part » comme le remarque un officier, sommé de quitter le fort, lui qui avait passé «  toutes ces années à attendre, sans même savoir quoi ».

Le casting, international, (Gassman, Noiret,  Fernando Rey, Rabal …), est à la hauteur de ce film .Mais  je ne citerai que Jacques Perrin, lieutenant Drogo d’autant plus impeccable qu’il est aussi l’un des animateurs du projet . A 35 ans, il devient producteur du film. Depuis l’homme a fait son chemin, il est plus qu’honorable.

  • De l’adaptation à la restauration (30 mn).Plusieurs acteurs du film relatent l’aventure autour de l’analyse d’un spécialiste Jean Gili qui le resitue très bien dans une époque de vitalité pour le cinéma italien,les années soixante-dix.Des interviews d’époque permettent de retrouver l’auteur du roman Dino Buzatti qui dit que les Dolomites l’ont beaucoup inspiré pour planter le décor.

On évoque le problème du doublage, distribution internationale oblige , l’accueil critique plus favorable en France qu’en Italie avant de s’attarder sur la restauration que Jacques Perrin a décidé il y a quelques années,la technique s’étant améliorée. Les deux versions française et italienne ont été utilisées pour mener à bien l’opération, selon la qualité de l’une ou l’autre. «  Il y a des effets que nous n’avons pas pu obtenir à l’époque notamment sur les couleurs et la lumière que la restauration a permis cette fois d’ajouter » .

Ennio Morricone interrogé à l’époque affiche une belle assurance : « j’écris la partition et je vérifie rarement au piano, je donne directement mon travail à l’orchestre « .

Meilleur dvd Juillet 2014 ( 2 ème ) De mémoire, le  livre de Dino Buzatti dont Zurlini a imaginé cette fresque cinématographique extraordinaire, s’attache principalement à la personnalité du lieutenant Drogo, et à son angoisse existentielle. Le voici à nouveau au cœur de l’emprise littéraire mais cette fois au milieu de toute une cour de militaires en charge d’un territoire plus ou moins défini. Il est difficile de situer véritablement une époque, un pays et le territoire que celui-ci est censé contrôler. C’est déjà toute l’étrangeté et la  saveur de ce film. Il nous transporte dans un passé que notre…

Review Overview

Le film
Le bonus

L’histoire est à la fois simple et complexe : dans un fort aux confins d’un désert indéterminé, des militaires attendent un improbable ennemi. Leurs troubles grandissants, liés au stress de l’abandon, tendent le décor surréaliste d’un no man’s land réduit à un question de survie. Valerio Zurlini promène sa caméra avec une élégance paradoxale dans ce désert à peine peuplé de quelques ruines  et murs tout aussi abandonnés que ces hommes. Le casting international est formidable avec en tête Jacques Perrin, à l’origine du projet et producteur, Jean-Louis Trintignant, Max Von Sydow ou  Fernando Rey, tous expriment le désarroi d’une situation qu’ils acceptent malgré tout pour des raisons que Zurlini cerne peu à peu dans cette fresque cinématographique exceptionnelle.

Avis bonus Une aventure commentée par ses acteurs...

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13 Commentaires

  1. Enfin ce classique un peu oublié (si ce n’est méconnu) est disponible en DVD dans une restauration magnifique.

  2. La sortie tant remise du « Désert des Tartares » en DVD/BluRay est enfin effective. Il était temps , un an après la réédition du film sur le grand écran en version restaurée. Il n’est pas utile de revenir sur le thème du film.Tout a été dit sur l’attente, le caractère dérisoire de la vie humaine et l’inéluctable arrivée de la mort. Dans le bonus, le critique et historien Jean Gili le dit fort bien.
    Il est bon, par contre, de revenir sur la genèse du film , tant les approximations et les erreurs sont fréquentes et complaisamment véhiculées. Tout est fait pour nous faire croire que Valerio Zurlini est à l’origine du projet. Jacques Perrin a l’honnêteté de dire dans le même bonus :« Quand je lui ai envoyé l’adaptation qu’André Brunelin avait faite du roman de Buzzati, il en a été enchanté et a accepté aussitôt de le réaliser ».On ne saurait mieux dire.En fait, le véritable auteur du « Désert » est sans conteste son producteur, Jacques Perrin, n’en déplaise aux tenants de la « politique des auteurs » !C’est lui qui a acheté les droits du roman, lui qui,avec la productrice Michèle De Broca, a engagé André Brunelin pour en assurer l’adaptation dès 1971, après de nombreuses versions insatisfaisantes dans les années 60, lui qui a engagé Jean-Louis Bertucelli pour la réalisation (raison pour laquelle il est crédité au générique comme co-scénariste), lui qui a repéré les fabuleux décors de la citadelle de Bam en Iran avec Brunelin et Bertucelli.Lui enfin, qui après s’être « séparé » de Bertucelli, a demandé à Zurlini (au dernier moment) de réaliser le film (Perrin dit que Zurlini était tellement satisfait que rien n’a pratiquement été changé au scénario.) On comprend bien l’affection et l’admiration que Perrin vouait au cinéaste avec lequel il avait débuté dans « La fille à la valise » et « Chronique familiale (« Journal intime » en français) » . Du coup, cette réédition se présente comme un hommage posthume à Zurlini dont les mérites sont certes incontestables. Cinéaste singulier dont la sensibilité s’accorde à l’atmosphère et aux personnages du « Désert », permettant un film moins glaçant que ce qu’aurait pu en tirer un Antonioni. Mais est-il besoin de travestir à ce point la réalité quant à la genèse du film ? Zurlini était très « fatigué » durant le tournage, au point même d’être hospitalisé en plein tournage (Trintignant l’a révélé dans une interview).De nombreuses scènes furent tournées par Christian de Chalonge
    ( réalisateur seconde équipe dont le rôle se trouva agrandi).La superbe photo de Tovolli a fait le reste. Sans rien enlever aux mérites et au talent réel de Zurlini,ce beau film est plutôt une réussite collective (scénario, mise en scène, photo, musique, acteurs ; il faut particulièrement insister sur la performance remarquable de Jacques Perrin_sans doute son plus beau rôle !_et sur celles de VonSydow, de Trintignant ou de Gemma) portée par un acteur-producteur déterminé jusqu’à aujourd’hui à porter haut cette belle œuvre de Buzzati.

  3. Enfin ! le Désert des Tartares en Blu-Ray/DVD dans une sublime restauration, il était temps.
    Merci à Mr Bouton pour son excellent commentaire sur l’élaboration progressive de ce projet.

  4. Bonjour,
    J’ai une question sur des détails du décor mais je n’ai trouvé la réponse nulle part. On voit le drapeau du fort : une aigle bicéphale sur fond rouge et blanc. À quoi cela correspond-il ? On retrouve l’aigle bicéphale sur le casque des soldats…Sachant qu’on nous donne volontairement très peu de détails sur le lieu ou le temps de l’intrigue…. J’ai juste trouvé que cela se passait en Italie, dans les régions qui jouxtent l’Europe Centrale. Si vous avez plus d’informations, je suis preneuse !

  5. Des informations précises quant au drapeau et aux insignes militaires, je serais bien en peine de vous en donner avec certitude. Je sais quand même (de source proche du film) que Zurlini a accordé beaucoup de temps au choix des costumes au moment de la préparation du film, plus qu’au scénario lui-même qui ne fut quasiment pas modifié quand la mise en scène lui fut confiée.
    Zurlini se serait inspiré des uniformes de l’Empire austro-hongrois du 19 ème siècle mais je pense que le drapeau comme les uniformes sont essentiellement « fictifs » si je puis dire. La beauté des costumes, leur « raideur », le rituel de tout le cérémonial militaire dans ce lieu reculé et oublié renforcent le côté dérisoire de la vie militaire et de l’existence de ces soldats « perdus » dans tous les sens du terme.
    Il est vrai que le roman, comme le film après lui, ne donne ni époque ni lieu voulant préserver l’aspect intemporel et universel de cette histoire. Buzzatti dit lui même (livre d’entretiens édité comme toute son œuvre chez Robert Laffont) qu’il s’est inspiré de la vie des journalistes dans une rédaction (l’ennui, le temps qui passe); j’ai lu, par ailleurs, qu’il s’était inspiré aussi du décor éthiopien entre Djibouti et Addis-Abeba quand il était lui-même correspondant de guerre au moment de l’invasion italienne de l’Ethiopie. Le roman fut d’ailleurs publié en 1943. Enfin, Buzzatti s’était « entraîné » sur ce même thème dans son 1er roman « Barnabo des montagnes » situé dans le décor des Dolomites qui lui étaient chères. On voit que les sources d’inspiration sont diverses mais se complètent pour aboutir à 2 œuvres elles-mêmes complémentaires: le roman et le film.

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