Synopsis: Paris, septembre 1942. Lucas Steiner, le directeur du théâtre Montmartre a dû fuir parce qu’il est juif. Sa femme Marion dirige le théâtre et engage Bernard Granger, transfuge du Grand Guignol, pour jouer à ses côtés dans « la Disparue ». La troupe subit les menaces du virulent critique de « Je suis partout », Daxiat. Qui s’étonne en autre des similitudes de la mise en scène de Jean-Louis Cottin avec le style de Lucas Steiner. Et si celui-ci n’avait jamais quitté la place ?
La fiche du film
Le film
- Dvd : 2 juin 2021
- Acteurs : Catherine Deneuve, Gérard Depardieu, Jean Poiret, Heinz Bennent, Andréa Ferréol, Sabine Haudepin
- Studio : Carlotta Films
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Au temps de l’occupation, pour se réchauffer, les Parisiens se pressent dans les salles de spectacles. A peine le rideau tombé, ils se précipitent pour ne pas manquer le dernier métro .
On ne voit jamais cette scène dans le film de François Truffaut, mais elle demeure au-delà du titre, l’esprit même de cette aventure de guerre, maintes fois commentée par le cinéma, rarement de cette manière détournée et factuelle.
Le théâtre Montmartre, celui des Steiner devient le lieu d’une histoire d’amour liée à un récit historique dans lequel les personnages se fondent et confondent leur propre vérité.
La fuite du metteur en scène Lucas Steiner, recherché par les nazis, contraint son épouse Marion à prendre les rênes de l’établissement où se joue « La Disparue ». Elle a fait appel à un jeune premier, Bernard Granger qui lui donne la réplique.
Le couple sur scène n’arrive pas à se trouver dans les coulisses où Granger papillonne dans l’insouciance de son talent et de sa jeunesse. Marion remarque son manège autour des femmes, quand le sien est tout autre, dans le secret d’une liaison toujours assumée avec son mari.
Lucas Steiner (Heinz Bennent) n’a jamais quitté la place. Il vit sous la scène d’où il poursuit sa direction d’acteurs. Marion le rejoint chaque soir, lui prépare ses repas et prend note de ses remarques pour les répétitions à venir.
Il est aussi question de l’avenir du théâtre menacé de fermeture. Daxiat, le critique du journal collabo « Je suis partout » (Jean-Louis Richard, tout à fait juste ) ne les épargne guère . Il joue de ses influences nazies pour faire pression sur la troupe et particulièrement sur Marion qui le fuit autant qu’elle peut. Il faut pourtant faire bonne figure et s’accorder ses grâces.
Le journaliste remarque au passage la mise en scène de Jean-Louis Cottins, ( Jean Poiret ) collaborateur attitré du lieu, très proche de celle de Lucas Steiner. Cottins possède ses notes, mais cela ne suffit pas à ses yeux pour expliquer les similitudes.
Tout cet enchevêtrement de faits et de circonstances est magnifiquement filmé dans une mise en scène de théâtre, un lieu fermé par excellence, où se joue un huis-clos amoureux, tout aussi confiné.
Truffaut nous renvoie à la solitude du metteur en scène, prisonnier de son propre état, et du diktat raciste de l’occupant. C’est un résistant à sa façon comme au grand jour Bernard Granger mène sa guerre secrète.
Gérard Depardieu excelle dans ce personnage presque modeste, voire parfois même timide, au regard de sa vaillance écornée par la beauté et la puissance de Marion .Catherine Deneuve l’incarne avec la superbe des femmes maîtresses au milieu d’une troupe tout aussi excellente . Ce dernier métro , effectivement il ne faut pas le rater.
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Le film
« Le dernier métro » parle beaucoup d’amour, mais aussi de l’enfermement, moral et physique. Un point de vue très abstrait que Truffaut illustre de façon exemplaire sur le comportement des hommes en temps de guerre, d’occupation, d’asservissement. Dans un théâtre menacé de fermeture et surveillé de près par la gestapo, le cinéaste imagine la relation amoureuse entre une femme-actrice et un homme, metteur en scène, officiellement en fuite. A ce couple exemplaire de la création parisienne se joint – sans l’imaginer - un autre homme appelé à la rescousse pour donner la réplique à la femme. La pièce en question renvoie à la situation des comédiens dans un montage gigogne subtile , une imbrication de la fiction dans la réalité du moment : Paris occupé, le marché noir, la résistance. Avec cet amour impossible de la femme du metteur en scène pour le jeune premier. Un enchevêtrement de faits et de circonstances magnifiquement filmé dans une mise en scène de théâtre , avec une affiche exceptionnelle. Ce dernier métro, effectivement, il ne faut pas le rater.
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