- Réalisateur : Abbas Kiarostami
- Durée : 114 minutes
- Dvd: 04 Mai 2021
- Sous-titres : Français
- Studio : Potemkine -MK 2
Ce film s’inscrit dans les années « Kanoon » d’Abbas Kiarostami (Institut pour le développement intellectuel de la jeunesse). Le Shah dirige encore le pays. Un coffret réunit cette période où courts et longs métrages, films éducatifs et fictions témoignent de la construction d’un style, de l’avènement d’une œuvre majeure.
Version restaurée accompagnée du court-métrage « Le Chœur ».*
L’histoire : Une riche bourgeoise commande un costume à son fils pour le mariage de sa fille. En parallèle, de jeunes garçons se battent pour obtenir de l’apprenti du tailleur le privilège clandestin de porter ce costume avant sa livraison…
Avant sa fameuse trilogie « Koker », Abbas Kiariostami ne nous aurait-il pas concocté un premier essai avec « Les Petits métiers ». A ses débuts, le réalisateur filme principalement les enfants, souvent pré-ados, dans leurs activités quotidiennes.
Ils fréquentent peu l’école, et travaillent déjà auprès des artisans de leur village. Photographe, serveur, tailleur, ils sont apprentis et s’affairent à beaucoup de tâches.
Ali est très sollicité par ses copains pour leur refiler le temps d’une soirée les costumes que taille son patron. Ce sont des discussions à n’en plus finir avec Hossein, gentil comme tout et qui chaque fois les lui ramène normalement .Mamad, bagarreur à la moindre occasion risque de compromettre le trafic.
Kiarostami utilise peu le déplacement motorisé, sa mise en scène demeure assez statique, sans effet scénographique, lui préférant ces face à face endiablés pour ravir le costume.
La tension se forge dans ces instants vers l’inéluctable confrontation entre Hossein et Mamad . Kiarostami révèle le gamin dans toute sa méchanceté sur une scène sublime. Et lui permet d’apprécier le travail sur les ourlets, une fois son chapardage accompli.
Ou l’enfance encore bien présente remarque le cinéaste au moment de la restitution de la veste et du pantalon dont la livraison est immédiate. Panique à bord et caméra virevoltante d’un étage à l’autre, la frayeur des jeunes chapardeurs ne doit alerter ni les clients, ni le patron.
Kiarostami signe au passage une séquence magnifique entre le tailleur et un ancien du métier. Une altercation joyeuse propice au retour du costume, ni vu, ni connu, dans l’atelier. Encore peut-être un détail à régler se demande au dernier moment la cliente. Sueurs froides, Ali est décomposé, Abbas est comblé.
- « Le Chœur » (1987 ) – court métrage – . Un vieil homme sourd se promène dans les rues de Rasht, n’hésitant pas à couper le son de son appareil auditif lorsque son environnement s’avère trop bruyant.
Il est préférable parfois de ne pas entendre plutôt que de supporter les bruits de la rue, se dit le cinéaste. Et le vieil homme. Il retire alors son sonotone et sourit à la vie. Une fois rentré à la maison, tranquille, une tasse de thé et une cigarette, la vie demeure joyeuse.
L’homme est heureux mais n’entend pas cette fois ses petites filles qui reviennent de l’école. La porte est fermée, elles ont beau sonner à de multiples reprises, l’appeler … Les copines rappliquent … Quand il les aperçoit son sourire est encore plus lumineux…
Ou la sagesse du temps qui passe.
Le film
Nouvelle contribution aux années Kanoon de Abbas Kiarostami pour un moyen métrage qui ne lui ressemble pas forcément. Le réalisateur laisse cette fois ses protagonistes au cœur de situations ambigües qu’ils se sont eux-mêmes occasionnées. Mais ce sont encore des pré-ado, en apprentissage dans un café, chez un tailleur . Ils mettent un pied dans la vie avec une énergie qui vitalise le propos. L’objet principal du délit est un costume en cours de réalisation . Les copains d’Ali, apprenti chez le tailleur, essaie de le chaparder pour une soirée. La confrontation entre les gamins mène à une opposition des genres, la perte de l’enfance pour un avenir qui se dessine encore bien faiblement. L’adolescence balbutie, Kiarostami aussi, mais déjà conscient de sa maîtrise et de de tout ce qui lui reste à dire.
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