Synopsis: Les aspirants cinéastes franchissent le lourd portail de la grande école pour la première, et peut-être dernière fois. Chacun rêve de cinéma, mais aussi de réussite. Les jurés s'interrogent et cherchent leurs héritiers. De l'arrivée des candidats aux délibérations des jurés, le film explore la confrontation entre deux générations et le difficile parcours de sélection qu'organisent nos sociétés contemporaines.
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le documentaire
Les bonus
Prix du meilleur documentaire. Mostra de Venise 2016.
On peut s’interroger sur l’intérêt d’un tel documentaire. Visite guidée de la Femis ( fondation européenne pour les métiers de l’image et du son), une grande école de cinéma, et puis après ! Claire Simon y enseigne, je crois, elle connait donc bien les lieux, et surtout le système qu’ils abritent. Au-delà des rumeurs sur la difficulté d’accès, les candidats savent réellement à quoi s’attendre. Le spectateur aussi, qui un brin cinéphile, peut-être, découvre maintenant ce qui se profile pour le cinéma français. Ce que l’on en attend à travers un enseignement lui-même remis en cause sur des critères flottants.
Un candidat, par son attitude, sa bizarrerie, interpelle grandement les jurés.
« Le réalisateur de ‘‘Drive’’ est ‘fou, mais très doué alors s’il se trouvait devant nous aujourd’hui ? » se demande un juré en faisant bien évidemment référence à Nicolas Winding Refn.
Faut-il privilégier l’individu ou le collectif, la création ou la technicité interrogent encore ces professionnels du monde des arts et du cinéma, extérieurs à l’établissement. Lors de la sélection, les formateurs n’ont pas droit au chapitre. Une dichotomie intéressante, voire salutaire pour l’avenir de notre septième art. Avant d’être formé, le candidat n’est pas forcément un numéro, une note.
On le voit bien à travers les entretiens individuels menés dans la catégorie « scénario », « mise en scène » ou « décor » .Le travail collectif exige une toute autre approche qui malgré tout doit conduire à l’individuel. Dans ce face à face passionné, le cinéma prend déjà le pas sur le concours.
Le jury est malmené dans ses attentes, ses contradictions, ses interrogations et ses doutes. Sans critères réellement définis – et c’est tant mieux- quelle attitude retenir ? Tous les professionnels jurés ont-ils accepté de jouer le jeu ? Claire Simon ne le dit pas , mais il faut leur reconnaître une bonne dose de volonté. A travers l’autorité qu’ils représentent pendant ces quelques jours, c’est aussi leur vécu qui les interpelle.
Ils seront un jour ou l’autre confrontés eux aussi à la question, à la critique. S’ils devaient refaire ce parcours, se frotter aux mêmes épreuves parcourues d’une façon ou d’une autre dans leur vie professionnelle ? On est déjà loin de l’inquiétude des postulants à l’une des plus grandes écoles de cinéma en Europe. On est dans un système éducatif à la française qui s’interroge sur sa raison d’être, et la manière de la conduire.
Avant 1986, La Femis s’appelait l’Idhec (création en 1943). De l’un et de l’autre sont sorties des dizaines de belles signatures. Anna Mouglalis, Emmanuel Mouret, François Ozon, Sólveig Anspach, Emmanuelle Bercot, Léa Fehner, Noémie Lvovsky, Dominique Cabrera, Jean-Jacques Annaud, Laurent Cantet, Claude Miller, Louis Malle, Pascale Ferran, Volker Schlondorff…Elles disent le sérieux de l’enseignement de la rue Francoeur !
LES SUPPLEMENTS
- Entretien croisé entre la réalisatrice et des sociologues Irène Théry et Jean-Louis Fabiani. (28 mn). Les deux universitaires s’en tiennent aux raisons qui rendent le documentaire passionnant. En premier, la complicité du jury « qui a joué le jeu. (…). Les règles du concours apparaissent, une transparence bienvenue … ».
Claire Simon relève que dans sa démarche elle met en lumière « des gens du cinéma qui ne sont pas un corps solide, ce sont des forains, ils ne savent pas ce qu’ils vont faire dans deux mois, et donc en faisant passer le concours ils prouvent que la profession existe ».
Irène Théry : « le film va très loin pour obtenir une vérité dans laquelle personne ne joue, la dimension collective est absolument centrale ». La question de la sélection sociale tient une large place dans la conversation. « On voit que le jury est obsédé par le fait d’être inégal, de privilégier une classe plutôt qu’une autre, on voit comment se fabrique un consensus ».
- Hommage à Marc Nicolas (12 mn). Il s’agit de rushs consacrés à l’ancien directeur de la FEMIS décédé en décembre 2016. Tout à fait l’esprit du film. Des images sont restées au montage.
Le documentaire
Les bonus
Fémis : fondation européenne pour les métiers de l'image et du son.
L’école si secrète ne l’est peut-être plus avec cette intrusion dans les coulisses d’un concours qui dit beaucoup sur la manière dont l’enseignement du septième art, actuellement en France, est envisagé.
Au-delà des épreuves, parfaitement codifiées mais tout aussi subjectives en regard des examinateurs étrangers à l’établissement, la réalisatrice bouscule les codes du documentaire. Elle évite commentaires et interviews, laissant simplement jurés et candidats s’exprimer dans le cadre de ce concours.
C’est le spectateur qui fait sa propre opinion, et porte un jugement que tout protagoniste de l'événement évite ici soigneusement. « Il faut laisser le temps, laisser le jury réfléchir » dit en aparté le directeur de l’école qui lui aussi est absent des débats. Une démocratie à l’image de ce film ouvert et respectueux.
Avis bonus
Une réflexion de sociologues autour du film de Claire Simon, en sa présence qui ne fait que conforter tout le bien que l’on peut penser. L’hommage à Marc Nicolas qui suit est très intéressant.
2 Commentaires
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