De la Nouvelle Vague qui se meurt aux aspirations libertaires de Mai 68, Jean Eustache, aura été le cinéaste du désir et de l’intime. Déroutant, contesté, mais aussi adulé, il porte les aspirations d’une jeunesse en quête d’indépendance lui qui le demeure à tout jamais dans sa filmographie où le vrai et la fiction prennent à contre-courant les attentes possibles d’une société qui s’apprête à faire le deuil des « Trente Glorieuses ». Ambiance
- Coffret 6 Blu-ray™ ou Coffret 7 DVD
Un coffret, mais pas n’importe lequel. Celui d’un homme de cinéma total qui de la critique à la réalisation, est passé par toutes les étapes de la création . Monteur chez Rivette, scénariste, acteur ( Vecchiali, Wenders … ), il mène en parallèle une carrière de réalisateur entamée sur une série de documentaires , avant que la cinéphilie de l’époque (et celle d’aujourd’hui ) ne porte aux nues « La maman et la putain », ce qui demeure son film de référence, 50 ans après.
Grand Prix Spécial du Jury à Cannes, le film observe pendant près de quatre heures les allées et venues d’un jeune homme (Jean-Pierre Léaud) faussement hésitant entre sa femme et sa maîtresse.
Il est écrivain, et ne fait rien, baguenaude dans l’air parisien, prend la pause pour draguer et manière ses propos de façon précieuse. Un jeu d’acteur daté que Bernadette Lafont en scène depuis 15 ans réussit à surmonter par sa grâce et son naturel féminin.
Le monde du cinéma s’enflamme pour cette « prise de tête » intellectuelle ( et je reste prudent ) , marqueur indélébile d’une « nouvelle vague » au ressac mollasson. Pourtant à l’époque , quelques voix s’élèvent comme nous le rappelle une archive étonnante dans les nombreux bonus qui enrichissent ce coffret et lui confère son aura particulière.
Dans l’émission télévisée du 17 Mai 1973 « Couleurs, autour d’un festival » le critique Gilles Jacob ( future tête pensante de Cannes) qui n’a pas aimé le film, s’écharpe avec Jean-Louis Bory, autre critique célèbre d’alors.
Présents sur le plateau Jean Eustache et Jean-Pierre Léaud leurs répondent. Bernadette Lafont et Françoise Lebrun tentent de trouver leur place .
Jean-Pierre Léaud qui dans « Grand écran » (15 Février 1973) estime que « La maman et la putain » est l’équivalent de « A bout de souffle » des années 70 . Il se voit comme « un acteur « médium », passerelle entre le public et le réalisateur ».
Et quand en direct de Cannes au journal télévisé on demande à Bernadette Lafont si elle n’est pas surprise de jouer déjà une maman , elle répond tout de go , naturelle et rigolarde « Je suis la maman du jeune cinéma » ( 16 mai 1973)
Le genre de pépites qui fourmillent dans ce coffret véritablement travaillé (*) sur l’ensemble d’une œuvre qui au-delà de la filmographie complète , joue sur toutes les nuances créatrices de Jean Eustache.
Les documentaires (Numéro zéro, La Rosière de Pessac…) alternent avec les fictions courtes (Le père Noël a les yeux bleus, Les Photos d’Alix…) et longues, panorama complété par de nombreuses archives télévisées et radio sur le tournage des films, au Festival de Cannes, interviews plateau, interviews-fleuves. Six heures de bonus …
(*) Rien à voir avec une boîte en carton dans lequel on entasse quelques DVD
LES FILMS (Nouvelle restauration 4 K )
- Coffret 6 Blu-ray™ ou Coffret 7 DVD
Les Mauvaises fréquentations : « Du côté de robinson » (1963 – N&B – 39 mn) • « Le père Noël a les yeux bleus » (1965/1966 – N&B – 47 mn )- « La rosière de Pessac (1968 – N&B – 66 mn ) • « La rosière de Pessac 79 » (1979 – Couleurs – 71 mn ) – « Numéro Zéro » (1971 – N&B – 112 mn ) – « La maman et la putain » (1973 – N&B – 219 mn )-« Mes petites amoureuses » (1974 – Couleurs – 124 mn)
« Une sale histoire » (1977 – Couleurs – 49 mn ) ▪ 3 courts-métrages : « le jardin des délices de Jérôme Bosch » (1979 – Couleurs – 34 mn ) • « Offre d’emploi » (1980 – Couleurs – 21 mn ) • « Les photos d’Alix » (1980 – Couleurs – 20 mn )