Synopsis: Dans le Japon féodal, alors que les guerres civiles font rage, les généraux Washizu et Miki rentrent victorieux chez leur seigneur Tsuzuki. Ils traversent une mystérieuse forêt et rencontrent un esprit qui leur annonce leur destinée : Washizu deviendra seigneur du château de l’Araignée, mais ce sera le fils de Miki qui lui succèdera. Troublé par cette prophétie, Washizu se confie à sa femme, Asaji. Celle-ci lui conseille de forcer le destin en assassinant Tsuzuki…
La fiche du film
Le film
Le pauvre Macbeth n’en finit pas : du cinéma au théâtre, via l’opéra, des fortunes diverses,des compagnes tout aussi changeantes. La dernière en date fut Marion Cotillard dans la version proposée en 2015 par Justin Kurzel. Je crois qu’Orson Welles fut le premier à porter l’œuvre sur grand écran, suivi dix ans plus tard par Kurosawa. Une transposition dans le Japon du XVIe siècle. L’universalité des thèmes abordés par Shakespeare – la conquête du pouvoir, les guerres de clans, la trahison et la vengeance – trouve un décor approprié au pied du mont Fuji où le cinéaste a tourné de nombreuses scènes .
Kurosawa demeure encore à cette époque très traditionnelle, fidèle au théâtre nô : le geste de l’acteur demeure secondaire au profit d’une expression du visage très marquée. Le fond est plus respectueux des consonances shakespeariennes avec une insistance marquée sur le rôle primordial de la « Lady » Macbeth.
Isuzu Yamada endosse la panoplie de la femme maîtresse avec une détermination rassurante pour son pauvre shogun de mari. Quand elle lui rappelle que « frapper le premier est un gage de survie » le dilemme qui le tenaille tient à la fois de l’honneur et de la morale guerrière. Kurosawa sait bien fixer ces sentiments dans le regard de ses protagonistes, accentuant parfois même un peu trop leur jeu.
Mais la rage du texte à reconstruire un empire l’emporte sur une scénographie parfois hystérique au regard occidental. Dans ce cadre très formel, le cinéaste renoue avec les affres de l’âme humaine « condamnée à la cruauté sans limite » comme le chante l’esprit rencontré dans la forêt. Dépassé par l’engagement de ses ambitions, le héros (Toshirô Mifune, toujours parfait) va à son tour sombrer dans la culpabilité et la paranoïa. Un profil que le cinéaste a toujours aimé reprendre derrière sa caméra. Si Shakespeare n’était pas né, il s’appellerait Kurosawa !
- Ce film fait partie de la rétrospective engagée en ce moment dans les salles françaises. Des films majeurs d’un cinéaste de légende qui bouleversa la scène cinématographique mondiale ! Elle replonge dans la filmographie du maître japonais au sein des célèbres studios Toho, de ses premiers pas en tant que cinéaste durant la Seconde Guerre mondiale à sa consécration dans les années 1960. « Qui marche sur la queue du tigre… » 1945 – inédit – « Je ne regrette rien de ma jeunesse » 1946 – inédit – « Vivre dans la peur » 1955 – « Le château de l’araignée » 1957 – « Les bas-fonds » 1957 – « Les salauds dorment en paix » 1960 – « Yojimbo » 1961 – « Entre le ciel et l’enfer » 1963 – « Dodes’ka-den » 1970
Le film
Ce film a beau avoir un âge aussi respectable que la manière dont il est encore aujourd’hui considéré, il me surprend toujours par l’aspect fantastique qui s’en dégage alors que l’argument du récit est tiré d’un classique shakespearien : Macbeth. C’est toute la pertinence de Kurosawa que d’avoir transposé l’œuvre du dramaturge anglais dans un Japon féodal où les esprits guident encore les héros. Une brume persistante nous mène dans une mystérieuse forêt hantée conférant à l’ensemble sa marge expressionniste, voire gothique. Le reste alliant le réalisme du dénouement dramatique à la folie des hommes que Kurosawa a toujours su exprimer. Il a pour ce faire son fidèle représentant Toshirô Mifune, toujours excellent.
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