Synopsis: Nathalie est professeur de philosophie dans un lycée parisien. Passionnée par son travail, elle aime par-dessus tout transmettre son goût de la pensée. Mariée, deux enfants, elle partage sa vie entre sa famille, ses anciens élèves et sa mère, très possessive. Un jour, son mari lui annonce qu’il part vivre avec une autre femme. Confrontée à une liberté nouvelle, elle va réinventer sa vie.
La fiche du DVD
Le film
Les bonus
Meilleur dvd Septembre 2016 ( 5 ème )
Isabelle Huppert et l’intelligence au cinéma. Loin de se conforter dans un personnage, la comédienne offre au septième art une palette d’émotions et de sentiments qui jamais ne se tarit.
Elle est là, emporte l’adhésion d’un récit, d’une histoire, d’une aventure, en leur accordant une disponibilité qui tient de la grâce et de l’élégance. « L’avenir » est un très beau film. L’éclat qu’elle porte sur son personnage et sur son environnement rehausse le ton.
Elle est prof de philo, bourgeoise, parisienne, passionnée. Dans son petit cocon, elle communique beaucoup avec ses élèves, présents ou d’hier. Sa relation avec l’un d’entre eux, Fabien ( Roman Kolinka), peut paraître excessive. Mais le jeune homme qui intellectualise beaucoup ce qu’il vit, ne prête pas la moindre attention à une éventuelle ambiguïté. L’aura professorale de Nathalie lui suffit.
Comme un entre-d’eux dans la vie de la femme, près de la quarantaine, période « où l’on est bonne à jeter » dit-elle sans colère, presque fataliste quand son mari (André Marcon ) lui annonce qu’il la quitte. On ose dire qu’elle le prend avec philosophie. C’est l’impression que filme Mia Hansen-Løve, une réalisatrice bien éloignée des préoccupations adolescentes de son précédent essai.
La voici totalement souveraine sous l’emprise de cette femme qui la guide, autant qu’elle l’accompagne dans ses œuvres qui nourrissent son enseignement. Apporteront-elles les réponses aux questions qu’elle se pose désormais, confrontée à l’accomplissement d’un bien-être nouveau, quand après son époux, c’est sa mère qui s’en va (Edith Scob) . Elle lui bouffait son existence.
« Ma mère est morte, mon mari me quitte, mes enfants sont grands, je me retrouve en liberté totale » chante-t-elle en réinventant un âge qui n’existe plus. Fabien est bien ailleurs et le retrouver ne lui procure désormais qu’un bonheur passager. Comme découvrir Woody Guthrie, elle qui n’écoutait que Brahms et Schuman.
Mais c’est à ce genre de détail près que l’existence se forge une autre destinée. A prendre ou à laisser. Un nouveau questionnement, un sens à redonner à sa vie. Comme un courant d’air qui vous fait du bien, et qui revient… Vous passez le nez par l’entrebâillement et ça vous fait du bien… Et vous recommencez…
LES SUPPLEMENTS
- Rencontre avec la réalisatrice . « Au départ j’imaginais un tout petit film, dans tous les sens du terme, et je ne savais surtout pas où j’allais, je l’ai écrit avec détachement, et en même temps j’écrivais « Eden », qui était difficile à produire. (…) J’ai pensé à Isabelle Huppert, dès le début, et ça m’a facilité mon travail, sa grâce, son humour, le fait de me projeter sur elle, ça m’a aidé, c’est le rôle qui s’est imposé presque contre ma volonté ».
Mia Hansen-Love parle aussi de son rapport à la philosophie très marqué par sa mère qui était professeur, et des différents thèmes de ce film qu’elle revendique comme étant « politique par rapport au questionnement sur l’avenir qui revient tout le temps, le choix pour les élèves … » et impressionniste. « Le passage du temps est indissociable, ça veut dire le changement des saisons, mais aussi des décors, il y en a beaucoup dans mon film, avec une âme, un charme et ça aussi ça a beaucoup à voir avec l’impressionnisme ».
- Extraits d’une émission radio avec Laure Adler . Olivier Assayas faisait un casting sauvage dans son lycée. Elle a été retenue, « c’est le début de mon rapport avec le cinéma ».
Ensuite ce sera celui de Rohmer, « le sentiment d’une vérité qui passait par la parole, (…) intiment liée à la question de l’incarnation ».
A travers sa filmographie « Tout est pardonné » l’idée du secret, une idée très présente dans les deux premiers films, « le mystère du destin, le mystère des êtres que j’essaie de ne pas trahir dans la manière dont je fais les films. (…) Et j’ai voulu traiter ma propre adolescence, j’ai senti le besoin de le faire, comprendre ce qui m’avait amené au cinéma, et ça m’a reconduit à un chagrin d’amour, dont ce film, revenir à la source d’une mélancolie que j’avais traitée, mais moins directement liée à ma propre histoire ».
« L’avenir ». « Je m’aperçois après coup que ce film est dans la continuité d’ « Eden » et de tous les autres, une suite de portraits, saisir quelque chose de la présence des êtres et que je ne vois pas souvent au cinéma. Là une femme intellectuelle, un personnage épris de pensée, le cinéma français ou pas ne le représente pas, une difficulté à assumer sans honte le rapport à la pensée, à la transmission … ».
Le film
Les bonus
Une femme, la quarantaine, professeur de philosophie se trouve confrontée à des questions auxquelles ses livres ne l’avaient peut-être pas préparée. Il va lui falloir se réinventer une raison d’exister, maintenant que son mari la quitte et que sa maman, une dame très exigeante, et possessive, vient de mourir. C’est tout le cheminement de Nathalie qu’Isabelle Huppert incarne une fois encore avec soin, doublée d’une sensibilité perceptible jusque dans ses silences, son regard… Il y a beaucoup de malice dans la réalisation, comme si l’impromptu s’imposait au scénario. La comédienne et la réalisatrice s’accordent ainsi sur le ton mezza-voce et la couleur diaphane de ce film qui n’en finit pas de faire entendre une petite musique bien singulière. Ca n’a l’air de rien, un courant d’air qui vous fait du bien, et qui revient… Vous passez alors le nez par l’entrebâillement et ça vous fait du bien…
L’ensemble des critiques louent la liberté retrouvée…J’évoquerais plutôt les renoncements que l’age et les aléas de la vie nous imposent.Les accepter avec sagesse peut être un principe philosophique qui permet de goûter à d’autres joies, d’apprécier d’autres valeurs, de continuer le chemin dignement. Isabelle Huppert est lumineuse.