Synopsis: Helsinki. Deux destins se croisent. Wikhström, la cinquantaine, quitte sa femme alcoolique et son travail de représentant pour ouvrir un restaurant. Khaled, jeune réfugié syrien, échoué dans la capitale par accident voit sa demande d'asile rejetée. Il reste malgré tout. Un soir, Wikhström le trouve dans la cour de son restaurant…
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Les bonus
« On boit quand ça va pas, et encore plus quand ça va bien ».
« Le Havre » il y a six ans, Helsinki aujourd’hui. Kaurismaki filme peu, mais avec la même constance dans le regard, et la même actualité, hélas. L’enfant venu d’Afrique noire est cette fois un habitant d’Alep. Le hasard de sa fuite désespérée le conduit dans la capitale finlandaise où sa seule porte d’espoir est celle d’un VRP recyclé dans la restauration.
Un écrivain, cireur de chaussures sur les quais du Havre, un commercial en rupture de ban, Kaurismaki bouscule le monde en espérant qu’il le suive dans ses altérations toujours aussi pertinentes, et cette pointe d’humour acérée bienfaitrice.
C’est elle qui remet à flot le jeune Khaled malmené par les événements qui le portent jusqu’à la fausse résignation de son destin brisé. Au cours de son périple à travers les mers, les montagnes, les frontières il a perdu sa sœur. Il la cherche à la télévision, mais n’y voit que l’horreur d’Alep qui aux yeux des juges ne justifie pas sa demande d’asile.
Alors Kaurismaki va voir ailleurs, dans les recoins d’une humanité à laquelle il croit encore, celle des petites gens et employés communaux qui aideront Khaled dans sa survie. Les gros bras de la nuit ne lui facilitent pas la tâche, résurgence raciste et propos haineux en guise de malvenue au pays.
Le lot commun d’une Europe qui s’effrite nous dit encore le réalisateur finlandais, toujours baigné par ses lumières tamisées, son rouge sombre, plus carmin qu’écarlate ( loin d’ Almodovar), franges d’une histoire qu’il écrit comme un bon vieux polar des années soixante. Avec la musique qui l’accompagne…
C’est toute une ambiance où le fatalisme le partage à cette pointe d’optimisme qui ne se départit jamais d’un décorum rigoureux. Une mise en scène implacable, qui conduit à l’évidence des sentiments de l’auteur pour ses personnages : Sherwan Haji (premier film), Sakari Kuosmanen (le fidèle,avec Kati Outinen ici dans un rôle mineur), Ilkka Koivula…
Des personnages beaux et superbes, dans leur grandeur, leurs élans du cœur. De la serveuse à l’infirmière du camp de rétention, du camionneur aux gens de la rue, des passants, des comédiens de l’ordinaire, il les filme comme des grands, des valeureux. Et ils le sont, assurément !
LES SUPPLEMENTS
- « L’heure bleue » de Laure Adler, entretien avec Aki Kaurismaki. (52 mn). Je ne sais pas trop quoi retenir de cette rencontre sonore (aucune image n’accompagne la retranscription dvd) au cours de laquelle l’animatrice France Inter se promène à travers la vie plus que la carrière du réalisateur.
On entend un moment Jean-Pierre Léaud,comédien attitré de Kaurismaki parler de son métier d’acteur. Ce que fut momentanément le cinéaste finlandais qui estime par ailleurs ne pas pouvoir juger ses films. On les dit oniriques, « mais je suis assez proche chaque fois de la réalité. »
« La question des migrants est au centre de votre cinéma depuis une décennie », rappelle Laure Adler. « Je ne supporte pas la honte que leur offre les européens, j’ai honte d’être européens. (…) J’ai tout lu à ce sujet, il faut que les faits soient exacts. »
L’espoir dans ses films ? « L’humanité m’a trahi. Et je n’ai plus confiance dans le cinéma. L’humanité est en train d’agoniser, j’aimerais bien faire quelque chose pour elle, mais je ne vois pas quoi (…) il n’y a que les idiots, les dictateurs qui ont le pouvoir ».
- Quatre chansons inédites du film. Elles sont toutes très intéressantes, blues intense au cœur d’un récit qui n’apparait pas forcément dans les vidéos, mais c’est bien chaque fois l’esprit du film.
Le film
Les bonus
Kaurismaki filme peu, mais six ans après « Le Havre », le réalisateur finlandais nous rappelle au bon souvenir d’une écriture empreinte d’humanisme et de vérité. Sans militantisme aucun, il nous dit avec simplicité et une pointe d’humour bienfaitrice, qu’il ne manquerait pas grand-chose au monde pour qu’il retrouve sa sérénité et la force d’affronter les fantômes de la peur.
Sa mise en scène toujours aussi implacable nous conduit à l’évidence de ses sentiments pour des personnages beaux et superbes, dans leur grandeur et leurs élans du cœur. Les comédiens sont du même acabit, parfaits : Sherwan Haji (premier film), Sakari Kuosmanen (le fidèle accompagnateur des films de Kaurismaki, avec Kati Outinen ici dans un rôle mineur), Ilkka Koivula…
Avis bonus
Un long entretien avec le réalisateur, une rencontre qui part un peu dans tous les sens. J’ai préféré les quatre vidéos inédites. 3
5 Commentaires
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