« L’Atelier » de Laurent Cantet. Critique cinéma-dvd

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "L'Atelier"

De : Laurent Cantet

Avec : Marina Foïs, Matthieu Lucci, Warda Rammach, Issam Talbi, Florian Beaujean

Sortie le : 08 mars 2018

Distribution : Blaq Out

Durée : 109 minutes

Film classé : Tous publics

Nombre de DVD / Blu-Ray : 1

Meilleur dvd Mars 2018 ( 2 ème)

L’écriture au cœur d’un second procédé créatif, le cinéma. Laurent Cantet et Robin Campillo posent leur récit dans une perspective en trompe l’œil. Quand on ne sait plus trop qui du roman ou du script façonne le scénario, Olivia, une romancière à succès rebat les cartes.

Elle est la responsable de l’atelier d’écriture où des jeunes en insertion professionnelle doivent imaginer un roman noir avec pour décor leur propre ville : La Ciotat.

La maîtresse du jeu n’est donc pas neutre. Elle se nourrit de cette élaboration collective qui lui renvoie les histoires des participants et l’écho qu’ils en font dans leurs propositions et leurs écrits. Le passé d’un chantier naval, ses heures de gloire et de luttes consumées.

C’est habilement présenté et tout aussi généreux dans le libre affrontement qui se formule entre les garçons et les filles de l’Atelier. Si chacun apporte une pierre originale à l’édifice, en souvenir d’un grand père ouvrier sur le port ou d’une origine étrangère fortement ancrée dans le pays, la personnalité d’Antoine retient très vite l’attention de la jeune femme.

Il est taciturne, parle peu et quand il le fait c’est bien souvent pour contrer ses voisins, ou encore mieux les provoquer. Les idées qui fusent permettent alors d’élever le débat sur des problèmes d’actualité (radicalisation, terrorisme…) difficiles à relier à la thématique retenue. Cantet joue habilement de cet obstacle pour donner un semblant de vérité à sa mise en scène quand celle-ci penche trop sur le réalisme du documentaire.

Une tendance évocatrice du cinéma qu’il soumet de manière flatteuse mais trompeuse. Toujours ce fameux trompe-l’œil. Les rapports de plus en plus ambigus entre Olivia et Antoine inclinent vers une relation amoureuse platonique que seul un véritable danger pourra écarter.

Mais de quelle menace nous parle-t-on ?  Entre un ado de la Ciotat qui pianote de violentes vidéos et une intello parisienne en quête d’un meurtrier en papier. Ces deux-là (Marina Foïs, confirmation, Matthieu Lucci, révélation) n’étaient pas faits pour se rencontrer, mais le cinéma de Laurent Cantet nous prouve joliment le contraire.

LES SUPPLEMENTS

Entretiens avec

• Laurent Cantet (14 mn). Son film est plus intéressant que la façon dont il le raconte. La caméra hyper fixe ne fait rien pour arranger la situation et seuls des extraits de film dynamisent l’entretien.

Le cinéaste rappelle que pour tous ses films, à l’origine, « il n’y a jamais rien de déterminé. Il faut alors déceler les petits indices qui vont nous amener vers une histoire ». La façon de travailler avec les jeunes ? « On répétait beaucoup, et des discussions pouvaient s’engager sur la façon de voir les choses. Ils pouvaient contredire les scènes que je proposais, certaines discussions ont été longues et acharnées ».

• Marina Fois (4 mn). Son sentiment sur le plateau ?  « Là il n’y a pas de hiérarchie, pas de temps spécialement réservé aux uns et aux autres, c’est un mouvement global dans lequel Laurent nous entraîne. (…) Son cinéma s’inscrit dans le monde dans lequel on vit, sans être un manifeste, il pose les questions tout en rendant le spectateur responsable. Ce n’est pas un cinéma autoritaire, mais qui s’interroge ».  
• Matthieu Lucci (Antoine – 3 mn). Il débarque, ne s’attendait pas à rencontrer un jour le monde du cinéma qu’il imaginait tout autre. « L’humanité de Laurent, c’est ce que j’ai tout de suite remarqué, et un milieu sympa que je n’imaginais pas aussi ouvert ».