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« L’armée des ombres » de Jean-Pierre Melville . Critique cinéma

Récupéré dans un camp français, Gerbier atterrit à la Gestapo.
  • 12 septembre 1969 en salle
  • 2h 23min | Drame, Guerre
  • Reprise 5 juin 2024
  • Avec Lino Ventura, Simone Signoret, Paul Crauchet

L’histoire : France 1942. Gerbier, ingénieur des Ponts et Chaussées est  l’un des chefs de la Résistance. Dénoncé et capturé, il est incarcéré dans un camp de prisonniers. Alors qu’il prépare son évasion, il est récupéré par la Gestapo… Son réseau poursuit les actions visant à saper le moral de l’occupant, et tente de le délivrer.

Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article

On reprend Melville, 55 ans après: rien à jeter. Une patine, l’épure d’une œuvre inspirée d’une autre œuvre-éponyme de Joseph Kessel, et façonnée de manière emblématique pour dire au monde ce qu’il est.

Jean-Pierre Melville a été très marqué par l’occupation allemande, l’histoire de sa famille décimée par la guerre ( son frère était destiné à un bel avenir politique ) et celle de ses proches qu’il retrouve au cœur de ce film, si personnel, et d’une si grande universalité.

Les films sur le conflit 39-45  font florès, et encore plus quand il s’agit de la Résistance.

Celui-ci s’écarte des chemins battus par les hagiographes et les va-t’en guerre, qui d’un désastre mondial donnait un spectacle, avant de raconter l’Histoire. Elle est relativement simple nous dit Melville, sans bruit, ni fureur, tapie dans l’attente et le silence, l’appréhension et le malheur.

Il les filme dans la pénombre brouillée par une fumée de cigaretteLa photo de Pierre Lhomme est intacte.

Les scènes de torture sont passées, les trahisons assumées, il ne reste que des actes à accomplir, encore et encore dans l’anonymat et la certitude qu’il fera jour demain.

Je retiens la scène de l’avion quand Gerbier (Lino Ventura)  revient de nuit vers Paris. Une scène interminable, encore plus pesante dans la solitude de cette carlingue et les bruits qui l’accompagnent. « L’armée des ombres » est un film très bruyant. Non par le cliquetis des armes, la fureur des bombardements, mais le verrou qui se ferme, la porte qui claque.

Ces petits rien de la vie auxquels on ne prête pas attention sauf quand ils vous annoncent que le cours de votre vie va peut-être changer. Il y a eu des actes héroïques insensés pendant cette seconde guerre mondiale.

Melville en rapporte un avec une économie d’effets, une absence de moyens : à la nuit tombée des résistants revêtus d’uniformes allemands patientent au cœur d’une prison-hôpital. D’une incroyable intensité, rien ne bouge, tout est en suspens.

Mathilde ( Simone Signoret) agent de liaison, puis responsable du réseau

Et quand il s’agit de montrer du doigt, de dénoncer la racaille à la solde de l’occupant, c’est subrepticement, une intrusion dans un restaurant où pépères, des français sans histoire déjeunent. Sans ticket de rationnement certes, sur le dos du marché noir, peut-être, mais rien de mal, rien de plus. La milice opère et puis s’en va. Pas de commentaires, Melville ne s’apitoie pas, il filme.

Une sobriété dans le ton et la forme, un cadrage parfait, presque banal tant il nous rapporte les échos d’un lointain passé, et pourtant si vital à l’héritage qu’ils nous ont laissé. Les Gerbier et consorts : une pléiade de vedettes de l’époque la fait vivre avec la même sobriété, le même élan de fraternité. Lino Ventura, Paul MeurisseSimone SignoretJean-Pierre Cassel, le père de Alors c’était comment le cinéma, avant ?

Le dvd Studio Canal propose en bonus, un excellent documentaire sur Jean-Pierre Melville

12 septembre 1969 en salle 2h 23min | Drame, Guerre Reprise 5 juin 2024 Avec Lino Ventura, Simone Signoret, Paul Crauchet L'histoire : : France 1942. Gerbier, ingénieur des Ponts et Chaussées est  l'un des chefs de la Résistance. Dénoncé et capturé, il est incarcéré dans un camp de prisonniers. Alors qu'il prépare son évasion, il est récupéré par la Gestapo... Son réseau poursuit les actions visant à saper le moral de l'occupant, et tente de le délivrer. Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article On reprend Melville, 55 ans après: rien à jeter. Une patine, l’épure d’une œuvre inspirée d’une autre œuvre-éponyme de…
Le film

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