- 27 septembre 1978 en salle
- Reprise 11 décembre 2024
- 3 h 05min
- Drame, Historique
- VOSTF
- Avec Luigi Ornaghi, Francesca Moriggi, Omar Brignoli
À la fin du XIXe siècle, dans une grande ferme de la région de Bergame, cinq familles vivent au gré du bon vouloir de leurs propriétaires. De l’automne au printemps, lorsque les champs laissent un peu de répit, la vie reprend ses droits, faisant renaître par la même occasion leurs sentiments, leurs peurs et leurs espoirs…
Palme d’Or Cannes 1978
Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article
On ne parle pas de ressenti dans le cinéma. Un film aussi bien fait que « L’arbre aux sabots » , est pourtant imprégné de cette perception diffuse, tout au long du récit. Ce qui ne se voit pas,ne s’entend pas, s’inscrit bien dans le prolongement de l’événement .
Plusieurs familles de paysans près de Bergame, à la fin du XIX ème siècle vivent dans la même ferme d’un même propriétaire. On ne le voit quasiment jamais, seul son régisseur fait office de l’autorité qu’il inflige à ces pauvres gens.
La révolte viendra plus tard, on la sent, face à l’injustice de leurs conditions, mais pour l’heure la chronique est laborieuse. De l’activité agricole aux travaux ménagers, Ermanno Olmi dessine les contours au jour le jour, d’une société agraire, asservie.
Des tableaux champêtres , de la rivière où les femmes lavent le linge, à la filature qui occupe les plus jeunes. Les hommes , dans les champs, la culture, l’élevage.
Minec, le fils des Batisti est repéré par l’instituteur pour se rendre à l’école . « Mais que vont dire les gens ? » pense le père, accaparé par les préparatifs du départ. Il lui taille des sabots dans le bois d’un arbre approprié.
On porte une très grande attention aux enfants. Leurs jeux de brindilles de bois ou d’un peu de paille, animent quotidiennement la grande cour où s’ébroue la volaille. Où l’on tue le cochon en un cérémonial populaire et joyeux. Mr le curé y donne sa bénédiction …
Le soir on se retrouve à la veillée. Chacun y va de ses petites blagues. On mélange les prières et les histoires drôles
Des histoires comme Olmi sait si bien filmer . Le futur mariage de deux jeunes de la contrée ( on n’approche pas sa belle aussi facilement … ) , le meunier à l’ouvrage, l’astuce du grand-père avec les crottes des poules . Il aura des tomates bien avant les autres…
C’est la vie qui va chez ces paysans, comédiens amateurs, animés par le souffle populaire et champêtre de leur histoire peu banale. Filmés dans leur propre univers, décors appropriés à ces panoramiques élégiaques qui rasent la campagne lombarde où le temps parait faire une halte.
La lumière est douce, le paysage tendre vert et la foi, de tous les instants. Dans la peine, la faim, ou le froid , on implore la bonne vierge, une madone de passage . Olmi les regarde, les écoute, vit avec eux. Et nous invite à ce cérémonial naturel qui n’en finit pas de renaître au printemps. Comme un temps, le cinéma italien. Cinquante ans après celui d’Olmi demeure précieux .
Le Film
Ce film qui dure un peu plus de trois heures pourrait à mon avis ne jamais s’arrêter et aboutir à l’actuelle situation de la paysannerie européenne. En suivant cinq familles lombardes dans une même ferme à la fin du XIX ème siècle, on devine , sans les voir, ni les entendre encore, les contours des ferments révolutionnaires qui viendront bientôt bousculer ce paysage , alors si paisible. Cette réflexion sociale heurte le quotidien déshérité de ces travailleurs des champs, et de leurs enfants, qui ne savent rien de l’école. Ils vaquent eux aussi aux travaux agricoles, et jouent d’un rien dans la grande cour de la ferme. C’est la vie qui va chez ces paysans, comédiens amateurs, animés par le souffle lyrique et champêtre de leur histoire peu banale. Filmés dans leur propre univers, décors appropriés à ces panoramiques élégiaques qui rasent la campagne lombarde où le temps parait faire une halte. Olmi les regarde, les écoute, vit avec eux. Et nous invite à ce cérémonial naturel qui n’en finit pas de renaître au printemps. Comme un temps, le cinéma italien. Cinquante ans après celui d’Olmi demeure précieux .