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« La Villa » de Robert Guédiguian. Critique cinéma-dvd

Synopsis: Dans une calanque près de Marseille, au creux de l'hiver, Angèle, Joseph et Armand, se rassemblent autour de leur père malade. Le moment de mesurer ce qu'ils ont conservé de l'idéal qu'il leur a transmis, ce monde de fraternité bâti dans ce lieu enchanteur, autour d'un restaurant ouvrier dont Armand s’occupe toujours. Mais les rondes militaires récentes et insistantes, interrogent maintenant la quiétude maritime …

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "La Villa"
De : Robert Guédiguian
Avec : Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, Jacques Boudet, Anaïs Demoustier
Sortie le : 03 Avril 2018
Distribution : Diaphana
Durée : 103 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
le film
Les bonus

Avril 2018 : le meilleur dvd

La calanque où vivent les Barberini est un lieu fermé, enchanteur et magique. Un lieu grand ouvert malgré tout sur le monde que le patriarche (Fred Ulyssse) a convoqué sa vie durant. Armand y a repris le restaurant ouvrier familial. Son cadet, Joseph, enseignant a conduit des luttes ouvrières avant de se faire remercier manu militari par la faculté.

Angèle retrouve ses deux frères le temps d’une halte auprès du père malade. Elle n’a pas donné beaucoup de nouvelles, trop affairée dit-elle par ses tournées et ses spectacles. Angèle est comédienne. La représentante de cet autre monde qui illumine secrètement les jours et les nuits de Benjamin, un marin trop gentil pour faire fortune. 

Même celle du cœur lui est interdite. Mais Benjamin (Robinson Stévenin, impayable ) a vu jouer Angèle et il sait depuis ce jour qu’on pouvait devenir quelqu’un d’autre sur scène et dire des choses merveilleuses. Robert Guédiguian est devenu optimiste.

Dans ce huis clos marseillais, il se confie peut-être plus qu’il ne l’a jamais fait, offrant à ses comédiens d’affection (Gérard Meylan,  Jean-Pierre Darroussin, Ariane Ascaride … )  un retour sur la mélancolie. Les retrouvailles ne débordent pas de tendresse mais très vite la cellule se recompose. On ignore encore la part d’ombre et de lumière qui peuple les souvenirs, mais c’est un film lumineux. Déjà, dès les premiers instants.

Comme une évidence accrochée à l’amour bringuebalant de Joseph ce vieux révolutionnaire dans l’âme qui depuis son pupitre universitaire avait su séduire la jeune Bérangère ( Anaïs Demoustier). Comme un bonheur de vieux retenus par les ans et un fils unique dont ils refusent la main tendue. L’heure d’un bilan tranquille qui s’achève chaque soir sur les jérémiades d’une conscience de gauche endormie.

Dans son passé à rebrousse-poil Robert Guédiguian malmène les rumeurs du jour et ses effets néfastes. Ces militaires, mitraillette au ventre, qui vont et viennent le long du rivage et un jour frappent à la porte en quête d’éventuels naufragés. Pour l’heure, les Barberini n’ont rien vu, mais certain qu’ils préviendraient qui de droit…

Armand n’en dit pas beaucoup plus pour donner à Guédiguian de quoi alimenter cette famille renaissante avec ces petits oiseaux tombés du nid ou venus du grand large, perdus dans la calanque, traqués par la soldatesque. Son cinéma les accueille encore et toujours pour dire à la mer si belle qu’on peut parler d’amour et de désamour, quand elle se noie dans des flots inhumains. Ça reste un film lumineux.

LES SUPPLEMENTS

Edition DVD

  • Scènes perdues (5 mn). Une petite fille la nuit en quête de sa peluche, un « joli coin », une mer bien montée… des restes d’images au milieu desquelles une belle séquence : Benjamin (Robinson Stévenin) offre des roses à Angèle et le couple s’en va sur l’eau. J’aurais gardé cette scène!
  • Reportage sur le plateau du film (7 mn). « Robert avait besoin de faire le point » raconte Ariane Ascaride « et le meilleur moyen alors c’était de rentrer à la maison et d’ouvrir le journal intime. »

Les conseils du réalisateur, la manière de diriger sa petite équipe, le filage passe rapidement. « Un des gamins était infernal » confie Gérard Meylan « avec Jean-Pierre on faisait toujours attention à lui »

Je ne sais pas sur quelle séquence s’appuie Ariane Ascaride pour évoquer la manière dont Darroussin-Meylan évoluaient. « Ils avaient l’air de deux quiches ».

C’était raté ?  demande l’intervieweur. « Non c’étaient des quiches ».

Et un peu plus tard Gérard Meylan de répondre je suppose à sa copine « Je sais pertinemment que l’on était un peu vide ». Loin de toutes ses querelles amicales Anaïs Demoustier savoure le fait que sa première prise était la bonne. Plus sérieusement elle goûte au bonheur d’avoir intégré la famille. « C’est un luxe, une intimité, une famille, trop beau… ».

Edition FNAC

  • « Ki Lo Sa ? » de Robert Guédiguian, avec Ariane Ascaride, Gérard Meylan, Jean-Pierre Darroussin (1985 – 1 h 25). Un extrait est utilisé dans « La Villa ». Les enfants d’un quartier se retrouvent régulièrement pour jouer dans le parc d’une maison bourgeoise. Ils passent ainsi leur enfance et une partie de leur adolescence. Avant de se séparer, ils se donnent rendez-vous dans le même parc des années plus tard.

  •  Making-of de 23 minutes : « Impressions de Tournage. ». La plupart du temps les comédiens qui s’expriment le font en voix off, ce qui ajoute une belle dynamique au documentaire. Il tourne beaucoup autour de la famille de cinéma composée depuis des lustres et des dizaines de titres.

« C’est comme si on avait un nuancier de couleurs, là je suis allé chercher celle de la fratrie » commente Ariane Ascaride reprenant la scène de son arrivée sur le port. « Jean Pierre, Gérard ce sont mes frères, c’est naturel, l’amitié que l’on a construite ».

« On n’a pas à faire semblant, on se connait depuis si longtemps » murmure encore Jean-Pierre Darroussin tandis que le réalisateur dirige de la voix, madame, toujours sur le port.

« Il ne me vampirise pas, il me vole, il me regarde vivre en permanence, il m’écoute pour me dire la plupart du temps tais-toi, il me dit que je l’énerve 25 fois par jour, et je ne suis pas sûr que c’est vrai, en fait il se nourrit de ce que je suis ». L’analyse malicieuse d’Ariane Ascaride sur sa vie commune avec Robert Guédiguian se conclue par une fatale illusion : « Je veux être à la même place que les autres, même si je n’ai pas la même place ».

Le plateau de tournage est charmant, naturel, là où vit tout aussi naturellement les Guédiguian et Gérard Meylan. L’enfance à l’Estaque ? « On faisait cuir le poisson sur place, il n’y avait pas encore de quai, pas une maison, mais un bois… ».

Quelques scènes de tournage plus loin, le jogging d’Anaïs Demoustier. « Dans le fond t’aime le peuple … » dit Darroussin à la gamine, superbe moment pris sur le vif.

Avril 2018 : le meilleur dvd La calanque où vivent les Barberini est un lieu fermé, enchanteur et magique. Un lieu grand ouvert malgré tout sur le monde que le patriarche (Fred Ulyssse) a convoqué sa vie durant. Armand y a repris le restaurant ouvrier familial. Son cadet, Joseph, enseignant a conduit des luttes ouvrières avant de se faire remercier manu militari par la faculté. Angèle retrouve ses deux frères le temps d’une halte auprès du père malade. Elle n’a pas donné beaucoup de nouvelles, trop affairée dit-elle par ses tournées et ses spectacles. Angèle est comédienne. La représentante de cet autre…
le film
Les bonus

J’ai l’impression que Robert Guédiguian nous offre son film le plus personnel tout en étant très universel sur la portée de son regard, de ses intentions et des conclusions qu’il tire sans jamais être pontifiant ou moraliste. En retrouvant trente-cinq ans plus tard Gérard Meylan-  Ariane Ascaride - Jean-Pierre Darroussin dans cette même calanque de Meylan (un extrait bien venu de « Ki Lo Ka ») le réalisateur malmène le passé (un brin de nostalgie, beaucoup de mélancolie) pour mieux réinstaller ce huis-clos marseillais qui ne cesse de s’ouvrir au monde. C’est l’enseignement laissé par le patriarche qui se meurt autour de ses enfants réunis. Les retrouvailles ne débordent pas de tendresse mais très vite la cellule se recompose. On ignore encore la part d’ombre et de lumière qui peuple les souvenirs, mais ce film devient très vite lumineux et le reste tout au fil des événements qui des amours incertains conduiront à d’autres effusions, moins spectaculaire mais tout aussi vitales. La conscience de gauche qui semblait fuir la maisonnée redonne le sourire à Darroussin, prof de fac évincé manu militari de son pupitre. C’est un personnage typique chez Guédiguian. Et à force de se retrouver chaque fois en famille, ils nous le sont tous devenus. Typiques, et surtout familiers. AVIS BONUS Des scènes perdues intéressantes à saisir, un petit making of complété dans l'édition Fnac par des impressions de tournage qui méritent que l'on jette l'ancre ...

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3 Commentaires

  1. Guédiguian reste une valeur sûre : il signe un film en forme de huis clos (la calanque de Méjean est un décor de théâtre superbe) mais ouvert, mélancolique mais heureux voire utopiste et toujours plein d’espoir. Il réalise son film comme une peinture, en apportant les touches progressivement, ce qui permet d’aborder des questions politiques ou intimes comme le choix de fin de vie, les conflits générationnels (c’était mieux avant ?), des solutions pour les réfugiés qui trouvent un vrai refuge dans la calanque (on voit ici les valeurs laissées par les parents), de la difficulté des amours entre générations, l’écologie au quotidien, la solidarité….
    Film souvent très drôle qui s’appuie sur des acteurs toujours parfaits, c’est sans doute l’un des meilleurs Guédiguian. Et puis la poésie et Dylan quand même….

  2. Légère déception pour ce dernier Guédiguian ; Un brin téléphonée toutes cette avalanche de bons sentiments.
    A moins que ce ne soit un joli conte de Noël…

    Acteurs formidables comme dab, sauf Stevenin qui a accentué le trait mièvre de l’amoureux transi ,à moins que ce ne soit un joli conte de Noël…

    La jeunette qui sort avec son prof de fac et le délaisse pour le fils de la famille voisine et se donne à lui devant le suicide des parents!!!!
    A moins que ce ne soit un conte de Noël…

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