Synopsis: Rio de Janeiro, 1950. Euridice, 18 ans, et Guida, 20 ans, sont deux sœurs inséparables. Elles vivent chez leurs parents et rêvent, l’une d’une carrière de pianiste, l’autre du grand amour. A cause de leur père,elles vont devoir construire leurs vies l’une sans l’autre. Séparées, elles prendront en main leur destin, sans jamais renoncer à se retrouver
La fiche du film
Le film
- VOD 14 mai
- Prix Un Certain Regard – Cannes 2019.
- Meilleur DVD Mai 2020 (3ème)
D’après le roman éponyme de Martha Batalha
Il y a beaucoup de femmes dans cette histoire où l’homme impose son patriarcat. Des femmes qui résistent tout aussi naturellement à son diktat et conduisent à leur manière une émancipation rampante.Il faut serrer des dents, feindre parfois, coopérer sans se renier …
Deux jeunes sœurs illustrent cette marche en avant au sein de leur famille où le père conforte son autorité. Sans tapage, ni rébellion, Euridice et Guida passent outre, dans le secret de leur sororité, à toute épreuve.
Euridice deviendra pianiste, c’est entendu, Guida connaîtra le grand amour. La voici d’ailleurs en partance pour la Grèce au bras d’un marin qui n’a d’yeux que pour elle. Pense-t-elle… Son père est furieux (Antonio Fonseca), il la renie, la déclare morte à tout jamais.
L’intention n’est pas suivie des faits, mais il lui ferme sa porte à double tour. Elle saura la forcer, Euridice n’en saura rien.
Elle le lui écrit via la maman qui doit faire suivre.
Guida écrira beaucoup de lettres à Euridice, qui ne les lira jamais …
Chacune vit sa vie, et imagine celle de l’autre , vibrante et rayonnante au soleil de la Grèce, triomphante sous les applaudissements. Euridice est bien sur ce chemin, future concertiste en attente d’une réponse du conservatoire de Vienne.
Un calvaire parallèle pour les deux femmes qui s’ignorent sans le savoir. Se cherchent sans le comprendre.
C’est dramatique cette déchirure intime portée par le mensonge et l’illusion que le réalisateur sublime lors d’une scène de restaurant. Le monde va alors peut-être changer. Et il change forcément au cours de la visite au cimetière…
Karim Aïnouz tient parfaitement son langage, au fil des attentes et des révélations, de tous ces rendez-vous manqués, et ces combats avortés. L’émouvant et beau portrait d’une condition féminine qui n’en finit pas de revendiquer son émancipation. Celle des femmes invisibles ne fait peut-être que commencer.
Le film
Karim Aïnouz se saisit du roman éponyme de Martha Batalha pour nous rapporter l’histoire de ce leurre familial. Pendant une cinquantaine d’années deux sœurs séparées par une décision à la fois paternelle et culturelle vont tout faire pour se retrouver. Tout en s’ignorant mutuellement. Un paradoxe que la mise en scène posée, voire classique de Aïnouz met tout à fait en lumière en suivant les parallèles parfaites des deux sœurs qui par une intime sororité parviennent sans le savoir à identifier les faits et gestes de l’autre. Mais ce sont toujours des illusions, des rendez-vous manqués, des combats avortés. Carol Duarte, Julia Stockler, illuminent un procédé qu’elles portent tout aussi rayonnantes. L'émouvant et beau portrait d’une condition féminine qui n’en finit pas de revendiquer son émancipation.
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