- Durée : 2 heures et 5 minutes
- Dvd : 28 mai 2024
- 19 novembre 1997 en salle
- Acteurs : John Turturro, Rade Serbedzija, Massimo Ghini, Stefano Dionisi, Teco Celio
- Sous-titres : Français
- Langue : Français (PCM Stéréo), Italien (PCM Stéréo)
- Studio : BQHL Éditions
Inédit en DVD et Blu-ray
L’Histoire : Janvier 1945. L’Armée rouge libère le camp d’Auschwitz que les Allemands ont abandonné dix jours plus tôt. Jeune chimiste italien, Primo Levi se retrouve avec plusieurs compagnons de voyage plus à l’est encore, en Russie, dans un centre de tri où il multiplie les rencontres, certaines insolites, d’autres beaucoup plus tragiques. Peu à peu , la vie reprend le dessus…
Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article
D’après l’oeuvre éponyme de Primo Lévi
Enfin libéré d’Auschwitz, Primo Lévi et tous ses camarades souhaitent partir vers l’Ouest, pour un retour au pays . Mais les seuls soldats présents sur le terrain sont des russes.
Alors ce sera l’Est, et le début d’un récit picaresque que le jeune chimiste relatera neuf mois plus tard, une fois posé son maigre baluchon, à Turin, sa ville natale.
Un périple d’autant plus inimaginable pour ces hommes qui ont vécu pendant des années dans un camp de concentration. Les voici à nouveau errants sur les chemins d’une liberté qui ne se fait pas violence.
Et pourtant, malgré le froid, le gel, la boue, les trains qui n’arrivent jamais, sa plume n’est jamais pathétique quand le romanesque l’emporte sur l’effroi d’une époque en proie au feu et au sang.
Telle une âme conquérante, ragaillardie, que Francesco Rosi adopte derrière une caméra fidèle à l’esprit du roman. Mais pas forcément à sa forme qui estompe la trame littéraire au profit de silences et regards tout aussi éloquents.
La force des images dans lesquelles John Turturro puise toutes les ressources d’un personnage hors du commun au milieu de cette humanité ballotée de camp en camp. Avec ses figures exemplaires, voire mythiques comme Nahum le grec (Rade Serbedzija), (photo) ,péremptoire , un type qui sait tout ( ou le pense ) de la vie et de ses bienfaits.
Une pointe de fantaisie, d’optimisme aussi que Lévi et Rosi rappellent à plusieurs reprises dans des séquences drôles, un colonel italien fanfaron ( Teco Celio ), un Lévi en lévitation pour imiter la poule. Et faire comprendre qu’ils ont faim !
Francesco Rosi se plait à les filmer dans le repli de leur histoire douloureuse où l’espoir les maintient encore faiblement à la vie. Ne serait-ce que dans les yeux de la belle infirmière Galina ( Agnieszka Wagner) -photo- qui parait-il soigne aussi les blessures du cœur.
L’image à elle seule d’un rêve éveillé où la paix et la liberté conjuguent fraternité et solidarité . Les mots portés par Levi , joliment traduits par Rosi.
Les Suppléments
- . « Primo Levi, pour ne pas oublier » Entretien avec l’auteur et universitaire Philippe Mesnard (37′). « Primo Lévi n’a pas une âme de romancier, il écrit par brèves, de petits textes, pour mettre son expérience à distance , se reconstituer, voilà à quoi ça lui sert d’écrire ».
On évoque bien évidemment « Si c’est un homme », autour de la pensée politique de Levi , basée sur la crainte antisémite et le racisme concordant . « Ca le travaillait humainement, de manière sensible, une espèce de hantise . ( … ) Une contemporanéité de sa pensée et de ses écrits , au moment même où il écrit. On est toujours concerné par ce qu’il écrit. ».
Pour « La Trêve » , « le parti pris d’une écriture romanesque lui permet de s’adresser au plus grand nombre , ce qu’il réussit à faire et dont le succès permet à « Si c’est un homme » qui au fil des rééditions s’étiolait, de reprendre la une ».
- Entretien avec l’historien du cinéma Jean Antoine Gili (28′)-Pourquoi Rosi s’intéresse-t-il à ce sujet ? On ne pourra tourner en studio, il faut trouver les lieux, puis les acteurs , entreprise coûteuse, il faut trouver l’argent, ça ne parait pas du tout évident aux yeux de l’historien. Et, il n’est pas le seul à le penser ..
Le producteur Leo Pescarolo a joué un rôle déterminant dans la recherche du financement , quand parallèlement Rosi et Turturro se rencontrent à Cannes au moment de « Barton Fink » . Le courant est immédiat.
Jean Gili insiste sur l’importance de « ne pas trouver forcément l’équivalent verbal au livre , mais de créer au contraire une représentation qui laisse beaucoup de place à l’image ».
Le film
Les bonus
La Trêve est un film sur le retour au pays, sur 1'odyssée d'un groupe de personnes rescapées des camps de concentration. Leurs souffrances ne suffisaient-elles pas pour qu’une fois libérés, ces hommes, ces femmes, parfois des enfants, soient contraints de reprendre des chemins de boue, de froid et de solitude avant d’espérer revoir leur terre natale. Un retour à la vie que Primo Levi a relaté à son retour à Turin.
Sur du papier qui n’est jamais pathétique quand le romanesque l’emporte sur l’effroi d’une époque en proie au feu et au sang.
Telle une âme conquérante, ragaillardie, que Francesco Rosi adopte derrière une caméra fidèle à l’esprit du roman, mais pas forcément à sa puissance littéraire. Aux mots le cinéaste préfère parfois les ratures en forme de silence, les corrections comme ces regards appuyés, éloquents .
Les mots portés par Levi , traduits par Rosi.
AVIS BONUS
Deux spécialistes nous éclairent sur l’œuvre littéraire de Primo Levi et ses retentissements sur le grand écran .