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« La Tête haute  » d’Emmanuelle Bercot . Critique cinéma

Synopsis: Le parcours éducatif de Malony, de six à dix-huit ans, qu’une juge des enfants et un éducateur tentent inlassablement de sauver.

La fiche du film

Le film : "La Tête haute"
De : Emmanuelle Bercot
Avec : Catherine Deneuve, Rod Paradot
Sortie le : 13/05/2015
Durée : 120 Minutes
Genre : Drame
Type : Long-métrage
Le film

César 2016 :

Bizarre, cette impression d’avoir déjà vu ce film. Ou plutôt ses protagonistes, des éducateurs méritants, des parents séparés,  à la dérive, et au milieu un gamin sans amarres. « Mommy » de Xavier Dolan nous a laissé une trace indélébile, mais encore ? L’esprit des frères Dardenne, peut-être. Un rien de Peter Mullan aussi dans «  Boy A ».

Son alter-ego du moment, Yann, tente par tous les moyens de ramener à bon port son protégé qui ne veut pas l’être. Depuis sa plus « tendre » enfance, Malony est balloté par la justice. Face à l’éducation déficiente d’une mère esseulée, elle aussi lui tend la main. Mais le gamin sans repères n’entend rien à cet ordre institué auquel, ado,  il ne veut, ni ne peut se soumettre.

C’est tout le long combat de la famille éducative et répressive qu’Emmanuelle Bercot reprend à son compte dans un film qui n’esquive aucun coup, et surtout pas la candeur d’une rémission illusoire. Chez Malony tout n’est que violence rentrée, extrême,  irrespectueuse d’un environnement, qui tour à tour cerne les troubles de cette personnalité hors du commun. Contrarié, frustré, à la moindre étincelle, le jeune homme explose.

Rod Paradot dans le rôle est un parfait inconnu. Lycéen de son état, il a été repéré par l’équipe et le voici en charge d’un personnage d’une intériorité totale et d’une puissance émotionnelle, rarement atteinte au cinéma par un jeune homme de cet acabit. La performance est d’autant plus formidable qu’il tient quasiment le film sur son épaule, avec des soutiens de première importance.

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Dans la robe du juge du tribunal pour enfants, Catherine Deneuve parachève une galerie de portraits, quasiment sans retouche. Elle est au plus juste, d’un naturel désarmant, humanisant sa charge sans la caricaturer un instant. Et que dire de Benoît Magimel que je n’avais jamais vu aussi habité par son personnage, aussi convaincu de ses intentions , et percutant sur chaque relation qu’il entretient avec le jeune garçon.

Le juge et l’éducateur, des institutions qui  ciblent, interrogent, analysent. Trop pour Malony qui n’arrive plus à rassembler les pièces du puzzle de sa vie qu’il tenait un instant, enfin, par le bon bout.

Un premier amour (étonnante fille que Tess, garçon manqué, joliment interprétée par Diane Rouxel) et l’envie de devenir tatoueur. «  On te donne beaucoup et tu ne rends pas grand-chose ». Le reproche ne vient pas de sa mère, ailleurs dans son malheur.

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Sara Forestier, qui épouse très bien la silhouette de ces femmes larguées par leur homme et le destin, force un tantinet le trait. Comme asphyxiée par ce climat totalement sous tension, électrique et délétère.

Emmanuelle Bercot n’esquive aucun coup, ni aucune pièce du dossier de la petite enfance bringuebalée. Elle dit le travail des éducateurs, leurs doutes et leurs faiblesses, montre les failles de l’administration judiciaire, mais aussi sa raison d’être, face à un système où la sauvagerie et l’innocence se liguent plus que de raison. Un film magnifique, intense, si vrai.

César 2016 : Meilleur espoir masculin pour Rod Paradot Meilleur acteur dans un second rôle pour Benoît Magimel Bizarre, cette impression d’avoir déjà vu ce film. Ou plutôt ses protagonistes, des éducateurs méritants, des parents séparés,  à la dérive, et au milieu un gamin sans amarres. « Mommy » de Xavier Dolan nous a laissé une trace indélébile, mais encore ? L’esprit des frères Dardenne, peut-être. Un rien de Peter Mullan aussi dans «  Boy A ». Son alter-ego du moment, Yann, tente par tous les moyens de ramener à bon port son protégé qui ne veut pas l’être. Depuis sa plus « tendre » enfance, Malony est balloté…

Review Overview

Le film

Sur le thème général de l’éducation de l’enfance difficile, Emmanuelle Bercot retrouve les accents de «  Mommy » et l’esprit des frères Dardenne. En militante cette fois de la cause, la réalisatrice n’esquive aucun coup, et surtout pas la candeur d’une rémission illusoire. Elle dit le travail des éducateurs, leurs doutes et leurs faiblesses, montre les failles de l’administration judiciaire, mais aussi sa raison d’être, face à un système où la sauvagerie et l’innocence se liguent plus que de raison. Si le scénario ne laisse échapper aucune pièce du dossier de la petite enfance bringuebalée, il faut aussi saluer la remarquable prestation des comédiens. Le plus amateur d’entre eux, Rod Paradot (le rôle principal) libère un personnage d’une intériorité totale et d’une puissance émotionnelle sans limite. Deux soutiens de taille : Catherine Deneuve et Benoît Magimel qui ne faiblissent jamais.

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26 Commentaires

  1. Très bon film, mais était-il nécessaire de faire porter cet appareil dentaire à Sara Forestier ? Pourquoi faut-il ridiculiser les personnes marginales ? mais c’est la seule fausse note du casting qui est remarquable par ailleurs.

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