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« La terre et l’ombre » de César Augusto Acevedo. Critique dvd

Synopsis: Alfonso est un vieux paysan qui revient au pays pour se porter au chevet de son fils malade. Il retrouve son ancienne maison, où vivent encore celle qui fut sa femme, sa belle-fille et son petit-fils. Il découvre un paysage apocalyptique : le foyer est cerné par d'immenses plantations de cannes à sucre dont l'exploitation provoque une pluie de cendres continue. 17 ans après avoir abandonné les siens, Alfonso va tenter de retrouver sa place et de sauver sa famille.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "La Terre et l\'ombre"
De : César Augusto Acevedo
Avec : José Felipe Cárdenas, Haimer Leal, Edison Raigosa, Hilda Ruiz, Marleyda Soto
Sortie le : 07 juin 2016
Distribution : Pyramide Vidéo
Durée : 95 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

Meilleur dvd Juin 2016 ( 3 ème ) .- 

Festival de Cannes 2015. Un certain regard : Caméra d’or . – 

Un homme revient dans sa famille une quinzaine d’années après l’avoir quittée.  On ne connait pas très bien les raisons. Il fait le chemin à l’envers pour accompagner son fils, très malade, et rencontrer sa belle-fille et son petit-fils. Ils vivent dans la maison de son ex-femme qui ne voit pas son retour d’un très bon œil.

Depuis dix ans, des plantations gigantesques de canne à sucre  encerclent la petite propriété. Un mal pour un bien. Au travail péniblement fourni répondent les pluies de cendres consécutives au brûlage nécessaire des cultures. « La canne nous coupe trop les mains » reconnait doucement la jeune femme qui chaque jour avec sa belle-mère se rend au pied des roseaux, pour un maigre salaire.

La technique du brulage de la canne à sucre, indispensable mais destructeur pour l'environnement et la santé...
La technique du brûlage de la canne à sucre, indispensable mais destructeur pour l’environnement et la santé…

Quand la contestation gagne l’exploitation, Esperanza (Marleyda Soto) et Alicia (Hilda Ruiz) ne savent pas quelle attitude adopter. Le mari, le fils se meurt des séquelles de son travail, mais le si peu d’argent gagné est nécessaire à la survie de la maisonnée. L’arrivée d’Alfonso ne change rien à la donne. Il découvre hébété une situation qu’il ignorait totalement et à laquelle il n’entend pas remédier. Sinon par un sauve-qui-peut général auquel il va être difficile d’adhérer.

Le viel homme le sait bien. A l’image de l’économie de moyens employés par ses proches, il va alors patiemment reprendre son histoire là où il l’a  abandonnée. Les silences sont parlants. Le jeune réalisateur César Augusto Acevedo s’attarde sur les visages, les regards prisonniers de ces cadres qui ouvrent à peine l’horizon. Alfonso apparait pourtant bien comme la nouvelle carte à jouer, un atout maître secondé par la relation qui le lie très naturellement à son petit-fils. Il lui apprend à reconnaître le bruit des oiseaux, et comment fabriquer une mangeoire. Comme si la vie reprenait ses droits là où elle ne faisait que stagner.

Chaque image signifie quelque chose. Le réalisateur donne un sens à tout déplacement de caméra (plutôt rare), préférant à la vélocité de l’action une réflexion assez statique. Le résultat est surprenant, prégnant et en totale adéquation avec le quotidien de ces gens qui se trouvent et se retrouvent autour d’un homme porté disparu, sinon mort.

L’issue de leur destinée parait désormais tout à fait compatible avec cette renaissance, cette résurrection qu’Alfonso accompagne d’une résolution muette et secrète.  Le dilemme du départ est un cas de conscience pour chaque membre de la famille. Un adieu ou un au revoir.

LES SUPPLEMENTS

  • Entretien avec le réalisateur .« Ce film est né d’une douleur personnelle, ma mère venait de mourir et mon père était un fantôme dans ma mémoire. L’absence de souvenirs me condamnait à l’oubli, j’avais envie de les retrouver à travers le langage du cinéma ».
La grand-mère va-t-elle devoir se résoudre à voir partir sa petite famille...
La grand-mère va-t-elle devoir se résoudre à voir partir sa petite famille…

« Le film parle de la difficulté à maintenir le lien avec ceux que l’on aime », poursuit-il en évoquant la manière dont il a imaginé comment il voulait exprimer l’enfermement des personnages, physique et émotionnel « par la lumière, la couleur et le son. Les gens ne peuvent s’ouvrir, communiquer, c’est pourquoi le cadre est souvent serré et les mouvements limités ».

Il n’a pas voulu créer de sens à travers des dialogues (qui effectivement sont peu présents), mais révéler peu à peu les choses dans les espaces intérieurs.L’effet dévastateur du progrès en marche auquel l’homme essaie d’échapper est aussi au cœur de ses préoccupations. «  Ou comment l’histoire, le progrès et la mémoire de nombreux peuples sont menacés par la fatalité du progrès et de l’oubli ».

"Bonjour, je m'appelle Alfonso" dit le grand-père qui voit son petit-fils pour la première fois.
« Bonjour, je m’appelle Alfonso » dit le grand-père qui voit son petit-fils pour la première fois.
  • Making of. Un bel exercice chapitré en parties distinctes. Un ensemble tout à fait cohérent et passionnant. Avec beaucoup d’immersion dans les coulisses et sur le plateau.

« On a travaillé avec un coach Fatima Toledo, sur la mémoire émotionnelle des personnes », images d’entraînement à l’appui,souvent très fortes, impressionnantes pour mieux comprendre comment le rôle devient le personnage.

«  Ce sont des choses qui sont en nous, et qui ne sont jamais sorties » dit Haimer Leal qui joue Alfonso, l’homme de retour au bercail.

« Les répliques viennent du cœur, les personnages parlent ainsi  » (Marleyda Soto, Esperanza)

  1. Les lieux de tournage et le son. Les techniciens expliquent comment ils ont pu adapter leurs interventions à la vision métaphorique du réalisateur. Ca ne paraît pas évident quand vous tendez une perche, mais leur démarche sur le terrain est explicite

  1. Photo et direction artistique.. « Pour les couleurs extérieures, on s’est beaucoup inspirés de Millet, et d’autres peintres réalistes, naturalistes ». Mateo Guzmán le directeur de la photo parle concrètement de son travail, application à l’appui, passionnant.
  2. La scène finale. Elle est peut paraître ambiguë : on voit toute la plantation en feu. Geste désespéré de la part d’Alfonso ou la technique du brulage dont il est fortement question dans le film. En dehors de cette interrogation vite levée par ce chapitre, c’est tout le travail préparatoire à une séquence qui ne pouvait pas se faire avec des effets spéciaux. Les flammes sont réelles et les spécialistes, les techniciens un peu inquiets veillent au grain ….
Meilleur dvd Juin 2016 ( 3 ème ) .-  Festival de Cannes 2015. Un certain regard : Caméra d'or . -  Un homme revient dans sa famille une quinzaine d’années après l’avoir quittée.  On ne connait pas très bien les raisons. Il fait le chemin à l’envers pour accompagner son fils, très malade, et rencontrer sa belle-fille et son petit-fils. Ils vivent dans la maison de son ex-femme qui ne voit pas son retour d’un très bon œil. Depuis dix ans, des plantations gigantesques de canne à sucre  encerclent la petite propriété. Un mal pour un bien. Au travail péniblement fourni…
Le film
Les bonus

Dans son premier long métrage le colombien César Acevedo évoque l’absence et l’oubli à travers l'histoire d' une femme séparée depuis dix-sept ans  de son mari dont elle n’a jamais eu de nouvelles. Son retour dans la petite propriété où vivent désormais son fils, sa belle-fille et son petit-fils  provoquent un chamboulement évident qui va bien au-delà du constat sentimental. Son fils très malade ne peut plus travailler dans l’exploitation de cannes à sucre qui encercle la petite maison. Sa femme et sa mère pallient le manque à gagner, mais le salaire est bien mince. L’homme qui découvre une situation dont il ignorait absolument l’existence va tenter d’y remédier, mais pas forcément de la manière dont ses proches l’espéraient. Un point d’ancrage pour le jeune réalisateur qui en puisant dans ses souvenirs personnels (« mon père a toujours été pour moi un fantôme ») évoque tous ces rapports familiaux qui, des non-dits aux secrets, portent une destinée de génération en génération. Surtout que son regard social est sans équivoque quant à la situation des ouvriers agricoles de la région. Des plans-séquences, longs et silencieux, une caméra statique, le processus interne au quotidien de cette petite famille se greffe sur une mise en scène à laquelle on peut être rétif. Personnellement, dès le premier plan, j’étais déjà rendu là-bas. Le second, une porte s’ouvre et l’homme dit je m’appelle Alfonso à un gamin ébaubi. Silence, un grand réalisateur tourne…

Avis bonus Une rencontre avec le réalisateur doublée par un making of très impressionnant

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