Synopsis: À la mort de sa mère, la jeune Mary Yellard part en Cornouailles retrouver la seule famille qui lui reste : sa tante Patience et son mari Joss. Ce dernier est le tenancier de la taverne de la Jamaïque, un lieu à la réputation des plus sordides, repaire des brigands du coin.
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Le bonus
Ce n’est pas le Hitchcock de légende. Loin du film d’espionnage et de l’intrigue policière, ce récit d’aventures en costumes est le dernier de la période britannique, adapté d’un roman de Daphné du Maurier, qui connut un grand succès lors de sa parution.
Mais l’œuvre possède déjà la patine du maître. Avec des thèmes de prédilection comme le simulacre et la schizophrénie. Le point de vue expressionniste donne le ton à cette aventure noire et gothique.Rien que l’emballement des chevaux filmés à ras de crinière, c’est une frayeur qui gambade dans la nuit tempétueuse.
Celle que privilégient les brigands de la Taverne de la Jamaïque qui détournent les feux de la côte, provoquent des naufrages dont ils tirent grand profit.
Le partage se fait dans la fameuse gargote où les comparses commencent pourtant à douter de l’équité des parts. Le début d’un conflit que plusieurs événement alimentent, dont l’arrivée inopinée de la nièce de la tenancière. Un témoin bien gênant qui se révélera tantôt complice, tantôt ennemie, au hasard des circonstances qui lui échappent totalement.
Car au milieu de ces fieffés gredins plus bêtes que méchants, un homme de l’ombre tire les ficelles de ce trafic ignoble. Bien évidemment,celui que l’on n’attendait pas. Un loup dans la gueule duquel les tendres et naïfs protagonistes de l’histoire viendront se jeter.
C’est à la fois simpliste et jubilatoire cette confusion des esprits . Hitchcock l’entretient avec un plaisir tout aussi jouissif. Les caractères sont lourdement dessinés, gros traits et surlignage, mais la manière dont il traque ses suspects, pose la caméra sur le coupable quand il se sent démasqué c’est du bon gros plan qui met bien mal à l’aise. L’homme se retourne, il est coincé ( le cadre est superbe), il le sent,le spectateur le voit.
Je n’irais pas jusqu’à dire que les prémices du futur grand maître sont là dans ce mélodrame macabre et fiévreux. Mais il est évident que le jeune homme de l’époque filmait déjà avec beaucoup d’intuition. Charles Laughton qui interprète le juge de paix, magnifique, en aura également en proposant le sujet à Hitchcock, avec en prime la toute jeune actrice Maureen O’Hara. A dix-huit ans, sa carrière démarre grâce à ce film.Bien vu Alfred !
- Naufragés en studio (13 mn). Donald Spoto, auteur de « La Face cachée d’un génie : La vraie vie d’Alfred Hitchcock », retrace l’histoire de La Taverne de la Jamaïque : la transposition du roman pour le cinéma, le tournage entièrement reconstitué en studio et les relations entre le réalisateur et l’équipe du film.
A ce sujet il révèle que la bonne entente entre Hitchcock et Laughton était loin d’être acquise. « Le réalisateur ne supportait pas l’égocentrisme du comédien, qui était aussi le producteur et donc Hitchcock devait faire avec. Laughton exigeait de nombreuses prises de ses plans jusqu’à ce qu’il les trouve parfaits, et on en arrivait parfois à de la caricature ».
Donald Spoto revient aussi sur le travail de reconstitution en studio de la tempête et du naufrage. « Ce fut gigantesque, parfaitement orchestré par Hitchcock qui renouvela la technique avec des effets visuels encore meilleurs dans “ Correspondant 17” pour un crash d’avion ».
Pour le naufrage des paquets d’eau glacée furent jetés sur les comédiens. L’un d’entre eux mourut d’une pneumonie.
Le film
Le bonus
Je ne connais pas assez l’intégralité Hitchcock pour déceler dans cette œuvre de « jeunesse » les prémices du futur grand maître. Mais il est évident qu’il filmait déjà avec beaucoup d’intuition (voir ses cadres –gros plans- sur un suspect potentiel) au cœur d’une œuvre macabre et fiévreuse : massacre des naufragés, pillage des bateaux, et la peur qu’inspire la taverne nichée dans une nuit tempétueuse.
Les méchants sont bien méchants, les gentils bien naïfs, mais les choses peuvent évoluer de manière inattendue, surtout quand le loup que l’on n’attendait pas, sort du bois.
C’est à la fois simpliste et jubilatoire cette confusion des esprits qu’Hitchcock dresse avec un plaisir tout aussi jouissif. Les caractères sont grossièrement dessinés, gros traits et surlignage, mais la manière dont il traque ses suspects, c’est bien déjà du Hitchcock.
Avis bonus
Un spécialiste raconte bien les coulisses du film
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