Synopsis: Vasil, artiste peintre septuagénaire vient de perdre son épouse Ivanka. Persuadé que celle-ci cherche à entrer en contact avec lui depuis l’au-delà, Vasil demande l’aide d’un medium bien connu, faiseur de miracles pour les uns, charlatan sectaire pour d’autres. Son fils Pavel tente de le ramener à la raison mais Vasil insiste obstinément pour faire les choses à sa manière...
La fiche du film
Le film
Le bonus
- DVD : 02 Novembre 2021
Globe de cristal – Meilleur Film Karlovy Vary 2019
Arras 2019 Grand Prix -Prix de la presse -Prix du public
Vasil ne se remet pas de la mort de sa femme. Plus que l’absence, le sentiment coupable de n’avoir pas tout fait au moment fatidique. Artiste de son état, septuagénaire, l’homme est persuadé qu’Ivanka a voulu lui dire quelque chose qu’il n’a pas compris.
Il en parle à son fils Pavel, bouleversé par la disparition de sa mère, mais sa douleur est secondaire, muette et sincère. Le monde ne l’entend pas, qui s’épanche auprès du veuf, le console et le conforte dans son ego exalté.
Vasil devient fou, convaincu qu’un « conducteur d’énergie » peut le conduire auprès de la défunte, lui ramener ses dernières paroles, l’apaiser. Une voisine le conforte. Elle dit avoir reçu un appel téléphonique d’Ivanka. Preuve sur le répondeur que personne n’écoute !
« Elle nous joue des tours » dit le mari auprès d’un medium qui assure pouvoir le mettre en contact avec l’au-delà. La démarche est cafouilleuse, le résultat improbable.
Ce que pressent Pavel (Ivan Barnev) qui tente de raisonner un père devenu obsessionnel. Pavel fait ce qu’il peut, quand son épouse s’inquiète, puis s’étonne de son retour différé. En guise d’avertissement, elle lui demande de ne pas oublier de ramener de la confiture de coings, au géranium, fait maison. Une spécialité de là-bas…
La requête, un brin inattendue, illustre un changement de ton fantaisiste, bien venu. La dérive sectaire demeure, mais peu persuasif envers un père autoritaire, le fiston prend le large.
Au cœur d’un bureau de police et déposer plainte contre le médium du papa.
Mais les fonctionnaires sont indifférents. « Il extorque de l’argent aux vieux et vous ne faites rien ». Sans règlement, il n’y a rien à faire dit l’un d’eux occupé à grignoter sa tartine copieusement recouverte d’une confiture que Pavel renifle à l’envi.
Le début de nouveaux ennuis auxquels son épouse ne comprend plus rien. Elle le croyait de retour et constate son absence au bureau : « on ne devait jamais se mentir » hurle-t-elle dans l’ébonite. Pavel encaisse . Toujours en bisbille avec son père, il doit maintenant convaincre sa femme qu’il agit pour son bien et surtout pour lui faire plaisir.
Ce n’est pas grand guignol ou la débandade . Mais quand le bon sens n’a plus lieu d’exister, que la folie parait logique et naturelle, alors place à la déraison qui révèle bien des surprises à Vasil, à son fils, à sa femme.
Et même à la voisine qui n’avait pas rêver en écoutant son téléphone…
LE SUPPLEMENT
- Rencontre avec Petar Valchanov (12 mn)- Il n’y a pas de sous-titres mais une traduction simultanée, ce qui n’est pas forcément toujours simple à suivre. Kristina Grozeva, la co-réalisatrice est absente.
Petar Valchanov évoque le rôle des médiums au début des années quatre-vingt dix en Bulgarie, au moment du retour à la démocratie, et l’implication qu’il en fait pour le film.
De la même manière qu’il explique le choix du coing (« on aurait pu prendre la cerise » …) et la métaphore culinaire au regard de la politique et de ses nuances. « Le coing est à la fois suave et amère » dit-il en soulignant les secrets de cette confiture à travers les différentes recettes que l’on trouve dans le pays.
« On n’avait pas l’intention de faire un road-movie, c’est venu comme ça, mais on préfère parler d’un film tragi-comique, post-communiste, tout-terrain ». Et de préciser que l’écriture du film est bien venue après un appel téléphonique consécutif à l’enterrement de sa mère …
Le film
Le bonus
La communication est interrompue. Ce que nous rapportent de manière originale Kristina Grozeva et Petar Valchanov dans un film dont l’austérité première s’estompe peu à peu quand la folie fait place à la raison.
Un dérèglement scénique et narratif judicieusement orchestré autour de la disparition d’une femme dont le mari a le sentiment de n’avoir pas été à la hauteur de ses dernières volontés.
Il en fait part à son fils qui tentera jusqu’au bout de le raisonner, tout en assurant à sa femme qu’il fera tout pour lui ramener les confitures de coing dont elle raffole.
Comment les regrets d’un père et les désirs d’une femme peuvent-ils altérer la tranquillité d’un fils, le bonheur d’un mari de retour de l’enterrement de sa mère ? Une façon de goûter à ces coings qui sans le parfum des géraniums ne seraient rien …
AVIS BONUS
Un entretien avec le réalisateur en traduction simultanée.