Synopsis: 1572. La guerre de religions entre catholiques et protestants fait rage. Afin de réconcilier les Français, Catherine de Médicis décide de marier sa fille, la catholique Marguerite de Valois, la « reine Margot », avec le protestant Henri de Navarre, le futur roi Henri IV. Au cours de la nuit de la Saint Barthélémy, alors que le sang coule à flot dans les rues de Paris, la « reine Margot » sauve du massacre le seigneur de la Môle. Entre Margot la catholique et le protestant la Môle naît une passion qui fera basculer leur destin.
La fiche du DVD
Le film
Les bonus
- Sortie cinéma : 13 mai 1994
Les images sont terribles, les paroles en témoignent. « Cette nuit j’ai appris la haine » pleure Henri de Navarre qui assiste impuissant aux massacres de ses frères protestants. Ils étaient venus pour l’union de leur roi avec Marguerite de Valois, « la reine Margot », mais c’est une noce sanglante qui les attend.
Le massacre de la Saint-Barthélémy, cette tache indélébile sur le fronton de l’Histoire de France (4.000 protestants assassinés en trois jours), Chéreau l’a porté à l’écran, il y a maintenant vingt ans, en s’inspirant de l’œuvre d’Alexandre Dumas.
Loin d’être trahie, la plume du romancier trouve au cinéma une dimension épique et baroque, mais aussi contemporaine .Au moment du tournage, Sarajevo est assiégé par l’armée Serbe, des charniers sont découverts dans l’ex-Yougoslavie, l’Algérie tremble sous la menace terroriste.
Des images que le cinéaste empile dans sa mémoire, alors que d’autres éclairs, un peu plus lointains, ravivent l’horreur des camps de concentration.
Proche des visages et des corps, Chéreau s’attarde sur l’horreur de cette tuerie aveugle qui précédait la paix pensait-on, entre chrétiens et protestants. Une guerre de religion, une de plus tempête le réalisateur qui cette fois loin de la distance théâtrale scrute au plus près la complexité des auteurs du drame.
C’est à la fois flamboyant et terriblement réaliste, éloge funèbre d’un pouvoir complètement déjanté où l’érotisme et la violence, l’horreur et la fascination règnent sans partage. Dans la lumière et la pénombre, le délabrement et l’abandon, Chéreau et Géricault orchestrent le bal des maudits.
Le massacre perpétré, les sourdes conspirations mettent toujours à mal l’ennemi ; les trahisons, les empoisonnements, rythment des journées de chasse et des conciliabules fratricides.
Je crois que le cinéaste, assez fidèlement, projette ainsi une lumière étourdissante sur cette page d’Histoire qui ne cesse de traquer la mort, jusque dans sa folie.
Jean-Hughes Anglade dans celle du roi est prodigieux, fascinant jusqu’à cette déraison dont tous ses proches tentent d’en faire un allié. Sa mère , conspiratrice de premier plan qu’incarne avec une élégance démoniaque Virna Lisi.
Daniel Auteuil est le roi sacrifié, peut-être le seul être sincère, prisonnier d’une conjuration que la belle Margot tentera à son tour de déjouer. Par amour avant tout, comme l’incarne si bien Isabelle Adjani, gracieuse et souveraine, lumineuse et secrète, comédienne enfin ici retrouvée.
Vincent Perez, Dominique Blanc, Pascal Gregory,… la distribution est exceptionnelle. A l’image d’un film désormais inscrit sur le marbre du cinéma européen.
LES SUPPLEMENTS
- « Il était une fois, La Reine Margot » (52 mn). Il y a bien longtemps que je n’avais pas vu un documentaire aussi bien construit, sur un film et son auteur, avec plusieurs entrées, dont des extraits de l’émission de Pivot « Bouillons de culture ». La jeune troupe entoure son réalisateur et la vedette star, Isabelle Adjani. Ils ont l’air de s’amuser comme des fous.
Des photos du tournage agrémentent l’ensemble, autour d’un rappel historique permanent, et de plusieurs commentaires.
Chéreau : « Je voulais raconter une histoire où les gens allaient tuer au nom de Dieu. Quelle attitude adopter vis-à-vis de ce massacre monstrueux dont on n’a toujours pas compris les raisons ? ».Le réalisateur avait déjà monté la pièce « Le massacre à Paris » : on voit des extraits de l’époque avec le Chéreau de l’époque. Plus que des références historiques, c’est l’actualité du moment qui lui sert de référence, les massacres de Sarajevo, le siège de la ville par l’armée Serbe, l’Algérie sous les menaces terroristes et la dictature.
Quand le film sort, l’actualité c’est le génocide au Rwanda qui depuis un mois fait la une. « J’ai fait un film athée sur l’horreur de l’oppression religieuse ».Danièle Thompson, la coscénariste évoque aussi le thème de l’intolérance religieuse, alors que l’écriture du scénario débute au moment de la mort de Khomeiny, images à l’appui : foule hystérique, imprécations, autour d’un rappel historique à travers le monde qui voit le fanatisme religieux prospérer au détriment des anciennes idéologies.
Un portrait d’Isabelle Adjani, sa filmographie, ses personnages et l’abandon de sa participation en cours de projet. « Je lui ai dit que j’allais prendre quelqu’un d’autre, elle est revenue », se souvient Chéreau. Antoine de Baecque, critique et historien, intervient à de nombreuses reprises . Il conteste la vision de Dumas sur la cour des Valois qui « n’a rien de dégénérée. Alexandre Dumas a relu l’histoire avec un Shakespeare en main. »
Jean-Hughes Anglade : « mon personnage est très moderne, je l’ai incarné à la Iggy Pop, cette manière de se brûler les ailes. A Chéreau, il faut lui proposer plus que ce qu’il demandait ».
- Entretiens avec Danièle Thompson et Patrice Chéreau. Une interview réalisée 14 ans après le film. « La mémoire est bien vive, assure Chéreau, nous avions plusieurs combats à mener, mais aujourd’hui on peut dire que l’on a gagné .Loin du détachement, j’ai toujours un regard critique sur mon travail ».
La genèse, l’adaptation, le casting … « C’était Adjani dès le départ, mais le suspense, c’était est-ce qu’elle allait le faire ou pas, avec les acteurs c’est toujours le problème, et encore plus avec Isabelle » relève Danièle Thomson.
- Le comparatif film-story board. Toujours un plaisir que d’assister à cette mise en parallèle des images et du dessin qui les avaient précédées.
- Les scènes coupées. Dans ce dvd nous avons la version longue, qui donc aurait pu l’être encore plus avec ses séquences retirées au montage. Le plaisir du cinéphile ne s’arrête pas…
- Les essais costumes. Là encore un bonheur supplémentaire
- Livret de 48 pages
Review Overview
Le film
Les bonus
Je ne connais pas très bien les libertés que Patrice Chéreau a pu prendre avec l’Histoire. Mais la manière dont il la rapporte, dans une mise en scène baroque et charnelle, où la violence des rapports se heurte à la réalité contemporaine (à la sortie du film on ne parlait que du Rwanda et de son génocide), l’homme de théâtre s’affirme comme un réalisateur hors pair. Il a su retranscrire, quasiment au détail près, l’horreur du massacre de la Saint-Barthélémy (4.000 protestants tués en 3 jours) et ses conséquences sur le devenir du monde.
Son affiche, tout aussi exceptionnelle, est portée par des rôles prestigieux qu’assurent sans défaillir Isabelle Adjani, dans le rôle-titre ou bien Jean-Hughes Anglade, roi fou et malheureux. Chéreau, contrairement au théâtre, peut ici filmer au plus près les visages et les corps. Des gros plans qui n’ont rien de gratuits, mais s’inscrivent tout à fait dans une écriture cinématographique très personnelle.
Avis bonus
De nombreux suppléments, des scènes coupées, des essais costumes, un documentaire passionnant (« Il était une fois... La Reine Margot »), des entretiens, un livret de 48 pages, sur le contexte historique et la genèse du film, n’en jetez plus, à très grands films, très grands bonus.
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