Synopsis: Pendant plusieurs mois, entre 1978 et 1979, les habitants de l’Oise sont plongés dans l’angoisse et la terreur : un maniaque prend pour cibles des jeunes femmes. Après en avoir renversé plusieurs au volant de voitures volées, il tue des auto-stoppeuses choisies au hasard. L’homme échappe d’autant plus facilement aux gendarmes qu’il est en réalité… un jeune et timide gendarme qui mène une vie banale et sans histoires au sein de sa brigade.
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Les bonus
Le gendarme était l’assassin. L’histoire vraie nous est rapportée par Cédric Anger qui après moult scénarios et trois réalisations signe enfin une œuvre mature. On connait la fin, il lui faut donc ruser pour dresser le constat d’une abominable série de meurtres de jeunes filles. Le constat d’un échec inimaginable.
Pour l’homme d’abord, et l’institution qu’il représente, ensuite. « Vous êtes la honte de la gendarmerie » commente sans excès son supérieur qui lui faisait entièrement confiance. Au point de lui laisser secrètement le commandement des patrouilles nocturnes.
Pourtant, Franck ne trompe pas son monde quand il se met au service de la population, et enquête sur les meurtres. Mais la nuit, tel un loup-garou, Franck change de peau, impulsif, téméraire. Au petit jour, ses proies tombent dans le piège. C’est souvent en auto-stop que le drame se produit.
Après quoi Franck reprend ses investigations avec ses collègues de bureau.
On connait donc la fin, mais quasiment rien d’autre. Et c’est en adoptant le point de vue minimaliste du cinéaste que le spectateur prendra lui aussi la démesure d’un homme volte-face.
Franck s’éprend un peu de Sophie ( Ana Girardot, très bien ) mais sans grande effusion…
Cédric Anger l’accompagne au plus près, et arrive à nous impliquer dans son processus d’observation, malgré quelques flottements dans sa progression . On ne le suit plus, on est avec lui, partagé par les mêmes angoisses et le même ressentiment, une fois le grand jour revenu.
Guillaume Canet qui prend ici la double posture est formidable. Tellement ordinaire, presque banal dans son quotidien militaire qui ne révèle quasiment pas de faille. Dans le civil, l’homme est plus circonspect, agressif, hargneux et d’une froideur maladive envers les femmes.
Il ne s’en méfie pas, il les craint et s’en préserve . Anger le filme parfois en plan très serré, le visage impavide, visage de plâtre, inexpressif. C’est assez pour tenter de percer le mystère dissimulé derrière cette façade qui peu à peu va se fissurer par l’entremise d’une enquête de la Police Judiciaire. Jusqu’alors la « guerre » des polices interdisait de pousser les investigations, la gendarmerie faisant barrage.
Mais leurs conclusions sont troublantes : le meurtrier est un gendarme pensent-ils, peut-être homosexuel… Pour en arriver là, Franck aura laissé derrière lui quelques indices inattendus, et sa nature psychopathe prendre le dessus.
Attention il n’y a rien de palpitant, voire d’intriguant dans ce film imprégné par l’univers hors-norme d’un homme qui ne voulait pas vivre cette vie là. C’est ce que nous raconte sobrement et intelligemment Cédric Anger . Sur une musique plombée par l’ambiance très bizarre d’une pleine lune , sans ombre. C’est aussi un film d’atmosphère.Les jeunes filles ont peur…
LES SUPPLEMENTS
- Rencontre avec le réalisateur, par Pierre Murat (28.50 mn). Il donne beaucoup d’explications autour du personnage principal et sur la lecture fantastique de l’histoire. Une occasion de parler de ses influences.
Plusieurs scènes sont disséquées, très intéressant.On évoque aussi l’introduction et la conclusion sur une photo de David Hamilton, et son portrait d’une jeune fille diaphane, rêvée, à l’image du personnage dont l’opacité est un élément déterminant aux yeux du réalisateur.
« Il était important pour moi que l’on soit dans du comportement plus que du psychologique, forcément réducteur. » Il dit aussi avoir voulu « essayer de filmer Guillaume Canet comme pour la première fois. (…) J’adore les cinéastes qui rendent abstraits les personnages. »
- Making of (14.30 mn). Au milieu de plusieurs scènes de tournage, le réalisateur et des membres de l’équipe (mais très peu Guillaume Canet) évoquent le fait divers, et la manière dont le projet a été monté.
Review Overview
Le film
Les bonus
C’est encore un polar à la française, c’est-à-dire plus psychologique que porté sur l’action, mais cette fois la démarche du réalisateur s’appuie sur des faits avérés,que l’on découvre dès les premières images. On sait alors qui est le meurtrier, il nous faut donc vivre avec dans une double vie parfaitement maîtrisée par un Guillaume Canet des grands jours. Tout aussi bien filmé par Cédric Anger, le comédien a la posture ordinaire des jours tout aussi banals. C’est le mystère qu’il nous faut maintenant percer autour de ce psychopathe que les gendarmes, ses collègues, n’arrivent pas à cerner. C’est pourtant lui … Cet aspect du film n’est pas sans rappeler les contours de « L’adversaire » évoquant l’affaire Romand avec Daniel Auteuil sur l’usurpation d’identité. Question d'atmosphère là encore ...
Avis bonus
Un making of sympa, avec commentaires et une longue interview de Cédric Anger par Pierre Murat...
C’est Guillaume Canet qui fait le film, mais sa performance ne le fait pas incroyable. La réalisation d’Anger a un avis intéressant et le cast joue bien, mais c’est un film long et ennuyant. Pas de prix pour ça.