- « Jeanne d’Arc », Luc Besson, Patrice Chéreau, l’exclusion… 1997
Quand il parle, ses yeux s’allument. Un regard profond, comme une expression superposée. Pascal Greggory n’en fait pas des tonnes et pourtant la passion est là, toute contenue dans ce personnage à la silhouette fragile.
Greggory revient de loin. Après la consécration chez les premiers Rohmer, l’éclipse est souterraine. Des années dans la marge, des années d’exclusion. « Le thème de l’exclusion que j’ai retenu pour ma carte blanche on peut le voir effectivement ainsi. J’ai raté le bac deux fois, puis le conservatoire et je n’ai jamais été sur la liste des Césars. Après, la profession m’a quelque peu oublié. C’est aussi un thème qui nous est propre à nous les acteurs, exclus depuis toujours. Et notre position publique doit nous engager à combattre toutes les exclusions, sexuelles, racistes, philosophiques, politiques, sociales… Notre reconnaissance est tellement égoïste que l’on doit mettre cela au profit de ceux qui ne peuvent pas s’exprimer. »
Il cite « Music Box » de Costa-Gavras et « Une journée particulière » de Scola « deux situations où l’exclusion transparaît de manière évidente. (…) Il ne faut pas forcément se lamenter de cet état de fait. L’exclusion peut être parfois revigorante, je trouve que l’air y est plus disponible. L’exclusion fomente des choses extraordinaires. »
Sorti de l’ornière, Pascal Greggory évoque son ami Patrice Chéreau l’homme par qui le salut arrivera. « Je ne crois pas au hasard. Le destin a voulu que l’on s’en rencontre vraiment au bon moment. Lui cherchait dans quelle voie diriger sa carrière, et moi je me cherchais tout simplement. » Koltès les réunit. « Dans la solitude des champs de coton », le public répond immédiatement. « A la lecture de la pièce je n’ai rien compris. Souvent l’acteur fait passer des émotions et ne comprend pas comment elles arrivent. »
Luc Besson, « Jeanne d’Arc » … A peine son costume de duc d’Alençon remisé, Pascal Greggory s’interroge encore sur l’utilisation qu’en fera le réalisateur. « C’est un tournage gigantesque sur lequel il n’y a pas d’état d’âme, ni de chaleur humaine. Ce n’est pas une critique, mais un constat, il faut rentrer dans ce système où tout est consacré au travail. »
Oubliés les soucis personnels, abandonné l’ego. « Besson parle peu en dehors du plateau, mais aussi très peu sur le plateau. Simplement une ou deux minutes avant de brancher la caméra, il vous donne une idée, une direction et c’est largement suffisant. Je comprends maintenant pourquoi dans ses films tous ses comédiens sont formidables. C’est un grand directeur d’acteur. »
Pascal Greggory rejoindra ensuite Raoul Ruiz pour une adaptation de Proust « Le temps retrouvé ». Changement de décor, changement de ton. « Vous vous rendez compte je vais tourner avec Ruiz ! » A 43 ans Greggory s’émerveille encore comme un gamin !
- Dans la série » Mes papiers datés » : » Mocky selon Mocky » 1998 – « Agnès Varda et Michel Piccoli font leur cinéma » 1995 – « Dominique Pinon – Quoi ma gueule ! » 1995 – Albert Dupontel -1999 –
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