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« La Loi du marché » de Stéphane Brizé . Critique cinéma-dvd

Synopsis: A 51 ans, après 20 mois de chômage, Thierry commence un nouveau travail qui le met bientôt face à un dilemme moral. Pour garder son emploi, peut-il tout accepter ?

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "La Loi du marché"
De : Stéphane Brizé
Avec : Vincent Lindon, Karine de Mirbeck, Matthieu Schaller, Yves Ory, Xavier Mathieu
Sortie le : 07 octobre 2015
Distribution : Diaphana
Durée : 89 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

«  Quelques heures de printemps », «  Pater », « Welcome », c’est du cinéma, du grand, du bon, c’est selon  et Vincent Lindon toujours excellent. Même pour « Le journal d’une femme de chambre » dans un rôle plus secondaire, il est fabuleux. Alors le prix d’interprétation qu’il décroche pour ce film revenu de Cannes me surprend beaucoup.

Vincent Lindon y joue avec le sérieux et la conscience qu’on lui connait un chômeur qui ne demande qu’à retrouver du boulot. Le comédien tient son personnage à hauteur d’homme, mais la personnalité qui s’en dégage le fixe dans un carcan. Pour véritablement s’exprimer, sa palette est réduite.

Pascal Brizé ne lui facilite pas la tâche  : il le filme à la  manière d’un participant de ces documentaires TV qui fleurissent autour de l’emploi ou de la grande distribution. Plus témoin qu’acteur dans ce portrait que le réalisateur estompe assez vite pour aborder une situation : celle d’un vigile de supermarché, dont le statut de nouvel embauché freine une conscience rebelle et attentive.

Un stage pour apprendre à se présenter, un de plus ...
Un stage pour apprendre à se présenter, un de plus …

Face au désarroi des clients pris à voler, et au désespoir des employés qui traficotent sans conséquence, Thierry ne sait plus à quelle dérive s’emporter. Mais il a trop connu de stages d’insertion bidon, des entretiens à Pôle emploi sans emploi, et des CV jamais retournés, pour ne pas s’accrocher enfin à ce boulot.Et là Pascal Brizé tient son sujet que « Discount » a déjà formidablement mis en avant et qui ici s’incruste  dans les arcanes d’une grande surface.

C’est la petite misère du monde qui défile dans l’arrière bureau des vigiles et les petits bouts de ficelles qu’il faut réunir pour boucler les fins de mois. Le propos est direct, à la manière d’un excellent documentaire qui laisserait filer une caméra cachée dans les rayons et les couloirs. Les caméras de surveillance se substituent au procédé dans lequel le réalisateur n’hésite pas à fouiner pour un détail, une vérité. Thierry observe plus qu’il ne juge .

Avec son épouse, que joue très bien aussi Karine De Mirbeck
Avec son épouse, que joue très bien aussi Karine De Mirbeck

Plusieurs scènes sont d’une grande intensité, d’une authenticité foudroyante. Je pense au départ en retraite, à la vente du mobil-home. L’œil aux aguets, Stéphane Brizé reprend les bases d’une société animée par des rapports individualistes de plus en plus disproportionnés.

Au point d’entraîner le spectateur dans une impasse, un final inabouti, un pessimisme latent. Son premier film s’appelait «  Nos vies heureuses », et depuis dix-sept ans se sont écoulés.

LES SUPPLEMENTS

  • Rencontre avec le réalisateur (16 mn ). Placer un individu en écho avec notre monde . « Prendre des personnes qui font le métier, pour être vraiment dans le réel, ils ne sont pas en recherche des mots, ils imposent leur rythme et Vincent doit s’adapter, capter des instants de vérité, les choses se passent vraiment mais elles sont reconstituées ».

Ses rapports avec le travail documentaire sur ce film, et son travail en général, sa façon d’aborder le sujet. C’est passionnant, un peu technique mais on suit bien son cheminement artistique. « L’image produite par les caméras de surveillance, j’ai trouvé ça passionnant ».

  • La remise du prix cannois (8 mn). Vincent Lindon, l’émotion à fleur de peau, inoubliable. Et un discours qui n’est pas que remerciements formels…
  • Rencontre avec une psychanalyste, Claude Halmos (16 mn ) . L’auteur de « Est-ce ainsi que les hommes vivent ? » (Faire face à la crise et résister ) explique très bien le cheminement d’un personnage profondément touché au plus profond de lui-même, dans une société qui ne veut pas voir son problème, le chômage, en face. L’école doit préparer les enfants à cette société-là : ce n’est pas la personne qui est noté, mais son devoir. Le droit à l’erreur. « Mais aujourd’hui on leur dit souvent tu remballes tes rêves, et tu fais ce que l’on te propose. Le système est coupable, pas les gens. »

 

Meilleur dvd Octobre 2015 Prix d'interprétation à Cannes 2015 Vincent Lindon «  Quelques heures de printemps », «  Pater », « Welcome », c’est du cinéma, du grand, du bon, c’est selon  et Vincent Lindon toujours excellent. Même pour « Le journal d’une femme de chambre » dans un rôle plus secondaire, il est fabuleux. Alors le prix d’interprétation qu'il décroche pour ce film revenu de Cannes me surprend beaucoup. Vincent Lindon y joue avec le sérieux et la conscience qu’on lui connait un chômeur qui ne demande qu’à retrouver du boulot. Le comédien tient son personnage à hauteur d’homme, mais la personnalité qui s’en dégage le…

Review Overview

Le film
Les bonus

Après 20 mois d’un parcours du combattant, un chômeur accepte d’être vigile d’une grande surface. Ce sont les deux axes retenus par Stéphane Brizé qui dessine d’abord le portrait d’un homme qui entend tout faire pour sortir de ses 20 mois de galères , des rendez-vous avortés, des CV abandonnés et du Pôle-emploi sans emploi. Le périple, malheureusement classique, est ici fidèlement, minutieusement retranscrit à la manière d’un documentaire TV qui met dans un second temps notre «  héros » en situation de retravailler. Il quitte sa propre misère pour affronter celle des autres, des voleurs à la petite semaine, des employés déboussolés. D’où le cas de conscience évoqué par le synopsis, et que le réalisateur feint d’ignorer. Thierry est complètement laissé à lui-même dans cette figuration réaliste que Vincent Lindon adopte de manière intelligente. Avec le sérieux qu’on lui connait habituellement. Mais de là à lui accorder un prix d’interprétation à Cannes ? Il y a longtemps qu’il le méritait pour l’ensemble de son œuvre !

Avis bonus Le réalisateur reprend les grandes lignes de son projet ( instructif ), Vincent Lindon retrouve Cannes ( émotion ) et une psychanalyste évoque la société du chômage dans laquelle nous nous enfonçons : cruelles vérités.

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14 Commentaires

  1. Oui, Vincent Lindon méritait des récompenses bien avant ce film qui est plus qu’honorable mais effectivement trop documentaire et trop caricatural (notamment la scène avec le formateur pour apprendre à se présenter, mais il y en a d’autres). On attendait sans doute trop de ce film, dommage.

  2. Une bonne soirée télé pour ce film que je n’avais pu voir lors de sa sortie en salle. Rien n’est appuyé, c’est le quotidien de celles et ceux qui vivent avec le spectre du chômage, de l’incertitude et de comptes quotidiens,la banalisation vite oubliée par les » protégés « du système.
    Contrairement à Baggio, j’ai trouvé la scène « Savoir se présenter » très humiliante d’autant plus que les commentaires viennent de ses pairs qui deviennent juges. Le formateur ne les arrête pas et le chômeur encaisse..ça aussi! C’est beaucoup quand l’image sociale s’effondre.

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