L’histoire : Après avoir agressé violemment sa mère, Margaret, 35 ans, n’a plus le droit pour une durée de trois mois, de la contacter, ni de s’approcher à moins de 100 mètres de la maison familiale. Mais cette distance qui la sépare de son foyer ne fait qu’exacerber son désir de se rapprocher des siens.
Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article
A leur façon, ils sont tous attachants dans cette famille. Mais aussi complètement barrés . Qui de la mère ou de la fille est la plus responsable ? Margaret a sauvagement attaqué sa mère, elle-même hystérique au possible . Sur le pretium doloris, elle en rajoute.
Mais la justice a tranché.
La jeune femme ne peut plus approcher la maison familiale à moins de 100 m, et ce pendant trois mois.
Après le tribunal statuera définitivement.
Marion la petite sœur (Elli Spagnolo), particulière elle aussi, (elle aime l’ordre et la religion) ,dessine alors à la peinture, une ligne de démarcation, sur le terrain vague qui jouxte la propriété.
Les choses sont entendues, mais nullement acceptées par l’intéressée dont la sourde colère jaillit à la moindre étincelle. Sur les rendez-vous en limite de zone interdite, les occasions ne manquent pas.
Ca prête à sourire, le ton sans excès de la mise en scène relève du prodige. On accepte le marché, on y assiste, on y participe tant le « rentre dedans » de Margaret est un appel à l’amour que personne ne parait pouvoir endiguer.
Face à cette mère désespérante.
Encore plus dans l’interprétation étonnante qu’en fait Valeria Bruni Tedeschi pour qui une « nourricière » doit tout attendre de sa descendance. Il faut l’entendre et la voir montrer du doigt son aînée qui l’a rendue sourde et privée d’une carrière de pianiste, aboie-t-elle.
Stéphanie Blanchoud lui fait face, tout aussi intense dans sa violence perpétuelle, jamais contenue, qui chavire l’autorité et rogne l’ordre entendu.
Il sera difficile de rabibocher tout le monde, recoudre les plaies et fêter Noël en famille. Interdit, impossible et pourtant c’est une scène d’anthologie que le cinéma nous offre là au cœur d’une sororité désarmante, en plein froid et réconciliations programmées ( photo).
Une ligne comme prétexte sur laquelle toutes les intentions du scénario se traduisent chaque fois en nouvelle proposition de cinéma. On évite la monotonie, le convenu, encore moins le convenable…
A noter que le réalisateur Frédéric Mermoud est ici producteur associé
LES SUPPLEMENTS
- Entretiens avec Ursula Meier et Stéphanie Bianchoud – L’envie de parler d’un personnage violent, féminin , on en connait en version masculine.Doser la violence, que le personnage ne soit pas antipathique , mais pas une victime non plus.
Premier jour de tournage, la scène d’ouverture, on était ensuite nourrie de cette violence là
Une histoire de femme , mère, grand-mère, fille et petite fille , une lignée de femmes et comment en passant de l’une à l’autre un héritage voit le jour . Avec une mère très névrosée, comment ses trois filles vont-elles se construire ?
Le côté absurde de cette mesure éloignement, un pari de cinéma
- Le Clip « Le Passé ( 4 mn ) – Benjamin Biolay et Stéphanie Blanchoud, du studio d’enregistrement à des extraits du film.
Le Film
les bonus
Une famille ( une mère et sa fille, mais plus encore ) est séparée par une ligne décrétée par la justice après l’agression de cette fille sur sa mère. 100 m les sépare et trois mois de probation. Cette distance et ce temps fixent le cadre des nouvelles relations familiales que la réalisatrice orchestre de manière sidérante, quand l’une se rapproche, et que l’autre l’éloigne encore plus.
Les sœurs font ce qu’elles peuvent , surtout la plus jeune, conciliatrice par défaut qui tente de réconcilier sinon les gens, du moins les situations. Dans cet inconfort Elli Spagnolo, dans son premier rôle au cinéma, trouve sa juste place, face à l’imposante composition de Valeria Bruni Tedeschi et Stéphanie Blanchoud.
Une ligne comme prétexte sur laquelle toutes les intentions du scénario se traduisent chaque fois en nouvelle proposition de cinéma. On évite la monotonie, le convenu, encore moins le convenable…
AVIS BONUS
Ursula Meier et Stéphanie Bianchoud racontent le film un peu à leur manière. La chanson « Le Passé » dans son clip