Synopsis: He Yun-Tsing est missionné par le monastère Haiying pour recopier un canon bouddhiste qui permettrait de libérer les âmes des défunts. Pour mener à bien cette tâche, les moines lui suggèrent de se retirer dans un endroit isolé au cœur de la montagne. Yun-Tsing est alors accueilli à bras ouverts par les quelques habitants de la contrée. Mais le mystérieux canon bouddhiste devient rapidement la cible de toutes les convoitises...
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Les bonus
« Ma bourse ne pèse pas plus qu’une plume de linotte » dit l’érudit un brin évaporé…
De ce film,on ne trouve guère de traces dans les écrits spécialisés. Présenté il y a quelques années à Cannes dans une version réduite ( deux heures quand même ) il est cette fois proposé dans sa version intégrale : 184 minutes !
Je l’ai regardé avec plaisir bien qu’ étranger à la thématique proposée et la manière de la conduire. King Hu est un réalisateur inspiré. Ses idées s’égaient dans des décors mirifiques, peuplés de fantômes et d’êtres malfaisants.
Le héros, naïf comme un saule pleureur ( Chun Shih, toujours fidèle ) ne voit pas la sorcière qui l’envoûte au point de se réveiller à ses côtés, mari et femme ! L’homme est pourtant un érudit à qui l’on a confié une mission aussi délicate que secrète : recopier un ouvrage bouddhiste afin de libérer les âmes des défunts.
Le document en question est convoité par beaucoup de gens qui se croisent et s’enfuient tout au long d’aventures périlleuses . Elles prêtent à sourire pour l’occidental peu coutumier de cette philosophie et de cette époque Song . Une guerre vient de s’achever et dans le territoire défait les grands palais somptueux sont quasiment vides.
Un cadre étonnant et attirant pour le réalisateur qui élabore son histoire dans ce contexte de fantômes et d’âmes errantes que ne voit ni n’entend le héros subjugué par la beauté et la gentillesse de ses hôtes.
Des amabilités à en devenir ridicule, des flatteries à chaque regard, sa candeur est mise à rude épreuve . Il se trame des choses pas très claires, les alertes se multiplient mais son guide est un personnage si avenant qu’il le suit les yeux fermés. Bien mal lui en prend…
De tambours hypnotiques en manipulations féminines (Feng Hsu, elle aussi, indéfectible ),de vapeurs d’alcools en mises en garde, l’homme commence enfin à comprendre ( la copie de son ouvrage n’avance pas vraiment) . Il va devoir reprendre le cours de sa destinée.
La sagesse toujours en prime.
« Si l’on reste impassible devant l’étrange, il capitule » lui confie sa nouvelle compagne (Sylvia Chang) à qui il avoue ne pas saisir « toutes ces bizarreries ». King Hu s’amuse autant que ses personnages à le faire tournoyer dans ce monde de fous, irréel et métaphorique. Les insectes copulent, l’araignée tisse sa toile. Elle patiente…
LES SUPPLEMENTS
- Monstre sacré du cinéma . Un essai réalisé par David Cairns, critique. (20 mn). « King Hu a été séduit par les bouddhistes qu’il a rencontrés et leur idée de l’expérience qui ne peut être expliquée, mais ressentie. Il voulait exprimer ce sentiment en images. »
En reprenant la filmographie du réalisateur , David Cairns fournit plusieurs clés sur son univers et particulièrement sur ce film. C’est très éclairant…
- Tony Rayns à propos de « La légende de la montagne » (21 mn). Ce spécialiste du cinéma asiatique, revient sur la carrière de King Hu jusqu’à « La Légende de la montagne ». Avec ce film, dit-il,le réalisateur s’éloigne de son style habituel par son sujet, sa forme et son rapport à la temporalité.
Il nous apprend aussi que le réalisateur a tourné avec Jeff Bridges dans « Le troisième œil » . « Il a réalisé de bons films mais pas assez rentables à Hong Kong pour sa petite société de production ». Il signe alors un accord avec la Corée du Sud où il découvre des temples bouddhistes parfaitement conservés. Il y tournera deux films dont « La légende de la montagne ».
Chun Ling sa femme qui fait le scénario – une lettrée, a déjà publié plusieurs œuvres universitaires aux Etats-Unis. Elle va tout abandonner pour suivre son mari dans sa carrière.
Le film
Les bonus
Dans un registre un peu différent d’une filmographie très marquée par les sabres et les films d’époque, King Hu étire pendant trois heures l’histoire d’un brave homme, érudit et très sage à qui l’on confie le soin de recopier une œuvre bouddhiste qui permettrait de sauver l’humanité. Il se retire dans un lieu paisible pense-t-il où son exercice est très convoité. L’homme au début ne voit rien venir et met en péril son travail. Quand il commence à trouver que l’endroit est vraiment très étrange, il est peut-être trop tard, car séduit par la réincarnation d’un esprit belliqueux. Contrairement à ces films précédents, l’action sur la durée n’est que minimum, les dialogues plus instructifs , question d’humeur et d’atmosphère. Du film épique, à la fable philosophique et au conte surnaturel, le spectateur occidental ne comprendra pas forcément tout de cette logorrhée fantastique qu’il faut je crois avoir vue et entendue au moins une fois dans sa vie de cinéphile. King Hu a dû je pense depuis inspirer plus d’un cinéaste… AVIS BONUS Quelques clés fournies ici permettront peut-être à certains de mieux saisir l'univers du cinéaste