Synopsis: 19 ème siècle. Nouvelle-Zélande, Ada, mère d'une fillette s'apprête à suivre son nouveau mari au fin fond du bush. Il transporte tous ses meubles à l'exception d'un piano qui échoue chez un voisin illettré. Ne pouvant supporter cette perte, Ada accepte le marché que lui propose ce dernier. Regagner son piano touche par touche ...
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Le making of
Palme d’or à Cannes 1993 (ex-eaquo avec « Adieu ma concubine » de Kaige Chen )
Ce film demeure une œuvre totale, immergée dans une histoire de désespoir profond. Au cœur du bush australien, les hommes dits civilisés sont tout aussi sauvages que les Maoris qui le peuplent. Ada, muette depuis l’âge de six ans, y débarque avec sa fille Flora, pour une nouvelle vie qu’elle n’a pas vraiment choisie. Elle doit suivre son nouveau mari, Stewart, qu’elle connaît à peine
Au choc des civilisations s’ajoute celui des cultures : la pianiste va jouir de son art sous la contrainte et le marchandage. Un voisin la désire et la retient autour de son clavier, mais les rapports qui s’instaurent quittent rapidement les ordres de la soumission pour des ébats plus complices. L’éveil du désir et d’une sensualité jusqu’alors inconnue, sinon refoulée.
Dans la communauté maoris, on ne semble guère s’en préoccuper, si ce n’est le manège de la petite Flora qui n’a plus de papa et se refuse à en reconnaître un autre. Entre la feinte et la duplicité, loin de l’innocence enfantine, elle est pour Jane Campion, le formidable ressort dramatique d’un récit extraordinaire.
La cinéaste ne se prive pas d’en fouiller les décors, plantés dans la brume et la boue, au bord d’un océan toujours bouillonnant et rêveur. Il est évident que le lieu crée l’impression, et l’atmosphère étrange qui s’en dégage.Un environnement qui colle aux visages des indigènes, et déteint sur les quelques blancs égarés dans ce mauvais paradis. Les deux sœurs de Stewart, plus bêtes que méchantes. Stewart, parfait représentant d’une civilisation perdue (Sam Neill), et Baines dont Harvey Keitel nous rapporte les traits du bon sauvage.
Ils sont tous très justes dans leur composition que rythment, aux extrêmes, une mère et sa fille Holly Hunter, tout en retenue et colère rentrée et Anna Paquin, une gamine ballottée par les adultes, mais si peu . Plus que de la violence, il y a de la graine de révolte dans sa voix et son regard. C’est encore le pays qui déteint…
En lui donnant le rôle, Jane Campion cible parfaitement son propos, dont l’écho se fait entendre dans cette petite musique triste que Michael Nyman a signée pour l’éternité. Sensuelle et nostalgique, elle se balade dans les images et notre tête, pour ne faire plus qu’un. Une parfaite harmonie.
Meilleur dvd Juin 2016 ( 10 ème )
LE SUPPLEMENT
- Making of (15 mn). L’interview de Jane Campion et de la productrice Jan Chapman domine dans ce chapitre qui montre à peine les coulisses de la réalisation.
« Je suis attiré par les gens qui dégagent quelque chose de mystique, les gens impénétrables, qu’on ne comprend pas » raconte la réalisatrice, quand Holly Hunter part sur le thème de la complexité d’une robe sur l’attitude de son personnage « un moyen de se reposer sur le costume pour adopter une position ».
Jane Campion, « Le piano est sa voix, mais aussi une métaphore de la civilisation, c’est un instrument très complexe, mais son langage est universel ». « Ce film explore des relation amoureuses comme on en voit rarement au cinéma » estime Sam Neill, le méchant de l’histoire. « Mais la technique du méchant est trop prévisible » dit la cinéaste « je le voulais séduisant, alors qu’on peut tous être un jour cruel et le lendemain meilleur ».
« Ils devaient vraiment connaître leur personnage pour pouvoir vivre à travers eux.(… ) Ma façon de diriger les acteurs changent tout le temps, là, ce que je pouvais faire de mieux c’était de discuter intelligemment de ce qu’ils allaient faire, leur donner énormément de liberté ».
Vous trouverez ici une autre version de ce papier écrit en mai 2013…
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