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« La Juste route » de Ferenc Török. Critique dvd

Synopsis: En août 1945, au cœur de la Hongrie, un village s’apprête à célébrer le mariage du fils du secrétaire de mairie, tandis que deux juifs orthodoxes arrivent, chargés de lourdes caisses. Un bruit circule qu’ils sont les héritiers de déportés et que d’autres, plus nombreux peuvent revenir réclamer leurs biens. Leur arrivée questionne la responsabilité de certains et bouleverse le destin des jeunes mariés

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "La juste route"
De : Ferenc Török
Avec : Péter Rudolf, Bence Tasnádi, Sándor Terhes, Tamás Szabó Kimmel, Dóra Sztarenki
Sortie le : 22 mai 2018
Distribution : Septième Factory
Durée : 91 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
le film
Les bonus

A l’arrivée du train, c’est déjà la grande histoire. Le noir et blanc aspire les volutes de fumée qui vont se perdre sur le quai où les hommes composent le scénario. Pensée légère pour l’Ouest américain. Un homme sur sa charrette patiente, des soldats russes en faction hasardeuse dans leur jeep se désespèrent et le chef de gare n’attend semble-t-il plus rien.

La scène est superbe, presque indifférente aux deux hommes qui surveillent attentivement les caisses déchargées du wagon. On va les conduire à leur destination quand le chef de gare sort de sa torpeur. Il est inquiet, le contenu des deux caisses lui parait suspect.

A moins que ce ne soit le profil de ces individus venus de nulle part, portés par la grande Histoire qui les a condamnés à l’exil, à la déportation, à la mort. « Les juifs sont revenus » dit-on dans le village qui s’apprête à célébrer le mariage du fils du notaire. L’homme est aux anges, sa femme un peu moins semble-t-il.

La dissension est patente, du couple à la communauté qui prend peur. Le retour de ces gens que l’on croyait perdus à tout jamais, spoliés de leurs biens, de leurs maisons. Ferenc Török les accueille dans un cinéma joliment contemplatif. Sa mise en scène est soignée, le cadre fignolé à l’excès. Presque systématique à la longue ces ouvertures entre deux portes, ces fenêtres entre-ouvertes, ces interstices dans les portails…

La vérité ne doit pas aller au-delà, nous fait comprendre le cinéaste, franchir l’indicible secret. Même le curé ferme les yeux et n’entend pas la confession de Bandi, coupable d’une signature apposée au bas d’un faux certificat de domiciliation. Une manipulation de plus pour le notaire qui maintenant perd raison. L’ignominie refait surface, les lâchetés, les trahisons, les dénonciations…

Les deux hommes responsables de la débâcle villageoise poursuivent en silence leur longue marche, à pied, derrière la charrette qui ressemble à la mort. Comme un dernier chemin de croix…

Le propos est pertinent, et la mise en abîme des valeurs humaines dévoyées éminemment louables. Dommage alors que la réalisation devienne aussi démonstrative avec une esthétique fortement appuyée. Dans un esprit similaire, me semble-t-il, de mise en scène au cordeau, « Le ruban blanc » de Michael Haneke posait un regard autrement plus significatif.

LE SUPPLEMENT

« A l’ombre de la spoliation » par Michel Jeannoutot, Président de la commission pour l’indemnisation des victimes de spoliations intervenues du fait des législations antisémites en vigueur pendant l’Occupation. (34 mn).

L’homme resitue l’histoire par rapport au film qui relate les faits très clairement dit-il, avant un rappel historique jusqu’à la fin de la guerre. L’occasion de reprendre les mesures antisémites de l’occupant – toile de fond du film –  et des fonctionnaires français.

Quand il évoque la restitution : « beaucoup de biens spoliés n’ont pas retrouvé leurs propriétaires. (…) Les préjudices des spoliations n’ont pas été mises à l’ordre du jour très rapidement, il a fallu attendre la mise en place en Allemagne dès 53 pour qu’une prise de conscience émergence en France vers 1990 ».

Michel Jeannoutot explique le fonctionnement, exemples à l’appui et c’est très éclairant. C’est le fameux discours de Chirac reconnaissant l’implication du gouvernement français de l’époque et puis la création d’une commission particulière qui à ce jour fonctionne toujours en bonne intelligence avec tous les partis politiques.

A l’arrivée du train, c’est déjà la grande histoire. Le noir et blanc aspire les volutes de fumée qui vont se perdre sur le quai où les hommes composent le scénario. Pensée légère pour l’Ouest américain. Un homme sur sa charrette patiente, des soldats russes en faction hasardeuse dans leur jeep se désespèrent et le chef de gare n’attend semble-t-il plus rien. La scène est superbe, presque indifférente aux deux hommes qui surveillent attentivement les caisses déchargées du wagon. On va les conduire à leur destination quand le chef de gare sort de sa torpeur. Il est inquiet, le contenu…
le film
Les bonus

Je suis très surpris par ce film hongrois, qui dans une esthétique irréprochable (le noir et blanc est fulgurant) raconte le retour de deux juifs dans un village en 1945 où leur communauté a été chassée. Il s’agit donc de rappeler ce que fut le comportement de l’être humain vis-à-vis de ses congénères et des conséquences qu’il entraîna dès l’après-guerre, quand les victimes pouvaient revenir à la vie. Entre la forme de plus en plus démonstrative et le fond, remarquablement ajusté aux valeurs humaines universelles, et à ses travers, le hiatus est étrange. Le préambule magnifique évoque un cinéma de genre qui tient ses promesses, mais pas forcément son raisonnement. Avis bonus Le regard de Michel Jeannoutot, éminent spécialiste de la question juive et de leurs spoliations

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