Accueil » A la une » « La Isla minima » d’Alberto Rodriguez . Critique cinéma-dvd

« La Isla minima » d’Alberto Rodriguez . Critique cinéma-dvd

Synopsis: Deux flics dans l'Espagne postfranquiste des années 1980, sont envoyés dans une petite ville d'Andalousie  pour enquêter sur l'assassinat sauvage de deux adolescentes pendant les fêtes locales. Au cœur des marécages de cette région encore ancrée dans le passé, parfois jusqu'à l'absurde et où règne la loi du silence,  ils vont devoir surmonter leurs différences pour démasquer le tueur.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "La Isla mínima"
De : Alberto Rodríguez
Avec : Raúl Arévalo, Javier Gutiérrez, Antonio de la Torre, María Varod, Nerea Barros
Sortie le : 23 decemb 2015
Distribution : Le Pacte
Durée : 104 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

Meilleur dvd Décembre 2015 ( 6 ème )

Rien ne les oppose, ou si peu. Ces deux flics ne sont pas raccords, c’est tout. L’un vit avec son passé, trouble, l’autre est bien dans son époque. Sa femme qui le taraude au téléphone attend un enfant. Peut-être une fille, comme le fut Estrella qu’il contemple maintenant dans la fange d’une mare et se retient de vomir. L’état de sa sœur est tout aussi pitoyable.

Juan et Pedro mènent l’enquête dans un endroit peu familier. Des marais à perte de vue, des taiseux tout autour, et l’ombre de Franco. L’étrangeté des lieux a quelque chose de fantomatique, qui au coucher du soleil allume des feux mirifiques. Un leurre dans les étoiles. La nuit qui s’annonce dissimule bien des mystères. Bien des coupables. Ils sont nombreux.

La-Isla-minima-2014-4

Des braconniers, peut-être, qui s’évanouissent à l’approche des gendarmes. Ceux qui s’enivrent à la fête du village. Les disparitions ont toujours lieu ces jours  de plaisirs. Ou bien les saisonniers que l’on pointe du doigt parce qu’ils ne sont pas d’ici. Juan et Pedro non plus ne sont pas d’ici, ces deux flics de la ville que l’on défie d’un silence désapprobateur.

C’est la peinture d’une époque, d’un coin perdu d’Andalousie. Le polar de l’après-franquisme. La couleur est grisâtre, le coup de pinceau méchant. Alberto Rodríguez plombe le ciel et les sentiments, égaré lui aussi dans les tourments d’un autre siècle. Dans les méandres d’une enquête qui s’enlise et entraîne le spectateur dans la même confusion.

A trop tirer sur le fil, le suspense s’émousse, et confond les silhouettes. Les suspects défilent à l’horizon d’une bâtisse abandonnée. Les jeunes filles disent ne rien savoir, ou alors rien d’important. Leurs parents sont tout aussi muets, sauf devant les méthodes de Juan qui ravivent un passé douloureux. Javier Gutiérrez excelle dans ce portrait d’un souvenir si vivace qu’il terrorise encore du regard les témoins. Le polar est politique.

Raúl Arévalo a le mauvais rôle du taciturne, du flic qui lui non plus ne dit pas grand-chose. Il le fait très bien, souhaitant quitter au plus vite ce cloaque humain où les entraîne un réalisateur visiblement fasciné par ce monde de l’invisible. Mais à  trop le contempler, on s’y perd, on se lasse.

Rôle secondaire pour Antonio de la Torre, mais toujours aussi brillant dans le jeu et la passion

 

LES SUPPLEMENTS

  • Making of (20 mn). Une rencontre avec l’équipe, ponctuée de quelques images de tournage. Mais l’immersion dans les coulisses se fait quand même attendre..L’idée a germé en 2004, plusieurs scénarios se sont cassés les dents. «  Ce n’est qu’en situant le film en 1980 que j’ai réussi à démarrer » raconter le réalisateur «  une ressemblance avec l’Espagne actuelle ». Le personnage de Pedro a vraiment existé, un commissaire de police inquiété pour avoir écrit une lettre à un journal.

Les comédiens prennent la parole pour évoquer leur personnage et l’Histoire politique et sociale de leur pays. Ils auront répété ensemble et avec les figurants pendant près d’un mois.

  • Modules effets spéciaux et direction artistique (6 mn) Oui, amusant à voir …
Meilleur dvd Décembre 2015 ( 6 ème ) Rien ne les oppose, ou si peu. Ces deux flics ne sont pas raccords, c'est tout. L’un vit avec son passé, trouble, l’autre est bien dans son époque. Sa femme qui le taraude au téléphone attend un enfant. Peut-être une fille, comme le fut Estrella qu’il contemple maintenant dans la fange d'une mare et se retient de vomir. L’état de sa sœur est tout aussi pitoyable. Juan et Pedro mènent l’enquête dans un endroit peu familier. Des marais à perte de vue, des taiseux tout autour, et l’ombre de Franco. L’étrangeté des lieux a…

Review Overview

Le film
Les bonus

Un thriller 100% qui use de tous les codes en vigueur dans ce genre de film avec une touche espagnole appliquée à l’après franquisme dans une région assez perdue de l’Andalousie. La géographie des lieux liée à la personnalité de ses habitants, des taciturnes, des taiseux donne un caractère très particulier à ce film aux multiples Goya. Je n’irais pas jusqu’à lui en attribuer une dizaine comme ce fut le cas, mais le film d'Alberto Rodriguez figure effectivement dans la lignée des belles œuvres sombres et inquiétantes, où les policiers venus de nulle part (la grande ville est quelque chose d’étranger) donnent le ton d’une dramaturgie qui confond le paysage et ses habitants. Sur la palette du cinéaste, ça devient éclatant, avec deux très bons comédiens Raúl Arévalo, et  Javier Gutiérrez. Il est simplement dommage que le cinéaste prenne un tel plaisir à donner du suspense pour le suspense. La fin n'en finit pas, et je ne suis pas certain d'avoir la résolution de l'énigme...

Avis bonus Un making of qui n'en est pas vraiment un

User Rating: 0.9 ( 1 votes)

Voir aussi

« L’effrontée » de Claude Miller. Critique dvd

Certains films ne vieillissent pas. Celui-là aurait presque rajeuni

11 Commentaires

  1. C’est pour moi un très bon polar politique qui donne bien l’idée de l’après franquisme en Espagne avec la corruption à tous les niveaux. Une très bonne intrigue, deux très bons acteurs, de très belles images : merci aux drones qui font découvrir magnifiquement le delta du Guadalquivir et son labyrinthe d’eau. Le scénario sera sur cette idée : difficile à suivre parfois et on y perd volontairement le spectateur en lançant des fausses pistes mais au final tout se tient très bien. A voir !

  2. On ne peut dénier à Alberto Rodriguez son habileté à manier la caméra, peindre une ambiance au couteau , maitriser la lumière… en revanche le scénario semble relever de l’opération du saint-esprit: des indices qui tombent du ciel, une voyante extra-lucide, des personnages qui s’évanouissent, des coupables bien peu crédibles. Bref… j’ai l’impression que l’assassin court toujours !

  3. tout à fait d’accord sur le fond, la forme et surtout votre conclusion, pour moi aussi l’assassin court toujours ( le franquisme ? )

  4. pas de gros désaccord entre nous sinon que dans le cadre de l’après franquisme c’est bien avant tout le lieu géographique qui détermine les disparitions des jeunes filles. Le cinéaste en fait un cadre à part entière et puis l’un des personnages essentiels. Je n’ai pas parlé de cette architecture cinématographique venue du ciel , des drônes donc, car elle ma paraissait déplacée, voire fantaisiste,n’apportant aucun élément tangible au scénario. Encore moins à l’enquête. Le beau pour le beau, bof …

Laisser un commentaire