Synopsis: Raf et Julie, au bord de la rupture, se retrouvent dans un service d’Urgences proche de l'asphyxie le soir d'une manifestation parisienne des Gilets Jaunes. Leur rencontre avec Yann, un manifestant blessé, va faire voler en éclats les certitudes et les préjugés de chacun. L’hôpital, sous pression, doit fermer ses portes. Le personnel n’en peut plus …
La fiche du film
Le Film
Les bonus
- DVD : 18 Mars 2022
- Mars 2022 : le meilleur DVD
Reliquat, constat, ce que nous montre Catherine Corsini, on connait. Vu, entendu, sous toutes les coutures, ces manifs de gilets jaunes violemment réprimées par les CRS.
Soyons cyniques. Sans ces débordements, les Urgences de l’hôpital fonctionneraient mieux. Le personnel, en sous-effectif, ne serait pas fatigué, dépassé, usé par les gardes qui n’en finissent pas.
Le peuple crie sa colère, son mal de vivre, les forces de l’ordre usent et abusent de leur étiquette pour matraquer à tout va. Provoquées, fatiguées, elles font n’importe quoi, dépassées par les événements qui rongent le pavé.
A la fin du film, un flic sur une méprise, confie à ce qu’il pense être un soignant, tout son désarroi. Mais l’homme est chauffeur de poids-lourd et veut à tout prix quitter l’hôpital pour rejoindre son camion.
Yann ne comprend pas encore très bien ce qui lui arrive. Sur son temps de pause, il enfile son gilet jaune et titille les flics à portée de boucliers. Une rafale dans les jambes (mais de quoi ?) et le voici aux Urgences cloué sur un lit de colère qui ne fait qu’empirer.
Il doit reprendre le volant, livrer les clients quant tout autour on s’affaire vers d’autres patients, des cas plus urgents, plus criants. Yann les côtoie, les observe et confronte sa peur, son mal et sa rage à cette femme désinvolte, tout à côté, qui minaude et se plaint.
Raf est une tête à claque, hystérique et Valéria Bruni-Tedeschi l’exprime superbement dans la démesure d’une situation inextricable, où tout le monde va et vient dans ce labyrinthe impressionnant du service des Urgences.
Raf a sa petite histoire personnelle avec Julie (excellente Marina Foïs) elle-même inquiète de la disparition de son fils au cours de la manif qui se poursuit sur les écrans TV.
Jeu de miroir, les histoires s’entrecroisent, les situations se brouillent et parfois nous font rire, avant l’extrême violence d’une charge de police devant l’hôpital. La panique totale, le drame absolu, l’inconscience humaine figée dans ce cloaque social, que ni Raf, ni Julie, ni Yann, ne pouvaient imaginer.
Yann, c’est Pio Marmai, extraordinaire, dans son plus grand rôle à ce jour. Il est à lui seul la souffrance et l’incompréhension, la misère sociale et la fureur populaire, un condensé d’humanité magnifiquement filmé et repris dans le cadre d’une action civique indiscutable.
« La Fracture », elle est physique, politique, sociale, médicale. Nos dirigeants ne peuvent ainsi la laisser béante et sans espoir.
LES SUPPLEMENTS
- Les scènes coupées-Il y en a beaucoup, assez courtes, et le plus souvent elles méritent de ne pas apparaître au montage final. Le film est assez riche. Elles tournent beaucoup autour du personnage de Valeria Bruni-Tedeschi en chieuse de première auprès des soignants
On peut les voir sans ou avec les commentaires de la réalisatrice. C’est trois fois plus long, mais beaucoup plus intéressant. Ca prend la forme d’un entretien entre Catherine Corsini et le chef monteur Frédéric Baillehaiche.
« On a commencé à monter pendant le tournage pensant qu’en cas de problème comme on était dans un décor unique, il était facile de retourner mais ça n’a pas été le cas, la figuration qui venait certains jours et pas d’autres ».
« Dans la salle de montage j’étais gourmand sur les scènes de Valeria Bruni-Tedeschi, elle propose beaucoup de choses, sans la peur du ridicule , c’est une locomotive ». C’est rare d’entendre un monteur dans les bonus et la manière qu’il a d’appréhender non pas le film mais les images qui vont faire le film. Passionnant …
- Paroles de soignants (15 mn )-On les voit ou on les aperçoit dans le film dans leur propre rôle. Les urgences, le feu de l’action, l’administration pointilleuse , les journées à rallonge, l’agressivité des patients, de leur famille, la violence verbale ou physique , l’incompréhension
« J’étais en train de faire un massage cardiaque, et quelqu’un est entré en me demandant s’il y en avait encore pour longtemps… »
Mais aussi ce moment avec le patient qui te remercie, alors tu repars …
Le Film
Les bonus
Nouveau chapitre au documentaire de David Dufresne « Un pays qui se tient sage », « La fracture » filme au scalpel le travail des urgences, là où ça fait mal, où l’entaille est profonde.
Une manif des Gilets Jaunes violemment réprimée, jusqu’aux portes de l’hôpital, donne lieu à un afflux de blessés aux services des Urgences déjà bien engorgé par d’autres pathologies.
Le peuple crie sa colère, son mal de vivre, les forces de l’ordre usent et abusent de leur étiquette pour matraquer à tout va. Provoquées, fatiguées, elles font n’importe quoi, dépassées par les événements qui rongent le pavé.
On suit plus particulièrement le travail d’une infirmière des Urgences, Kim. Elle est interprétée de façon remarquable par Aïssatou Diallo Sagna, aide-soignante de son état, autour de trois personnages : Raf et Julie, en train de se séparer (Valeria Bruni Tedeschi, Marina Foïs, excellentes) et Yann qui débarque là un peu par hasard. Sa colère s’amplifie au fur et à mesure des débordements policiers (la TV est en marche) et de l’insuffisance chronique des soignants, éreintés.
Yann, c’est Pio Marmai, extraordinaire, dans son plus grand rôle à ce jour. Il est à lui seul la souffrance et l’incompréhension, la misère sociale et la fureur populaire, un condensé d’humanité magnifiquement filmé et repris dans le cadre d’une action civique indiscutable.
« La Fracture », elle est physique, politique, sociale, médicale. Nos dirigeants ne peuvent ainsi la laisser béante et sans espoir.
AVIS BONUS
Des scènes coupées commentées ou non, c’est à vous de voir. Et puis des paroles de soignants. A entendre, forcément