- Coffret « Claude Chabrol, suspense au féminin » : »L’Enfer« (1994)- « La Cérémonie« (1995) – « Merci pour le chocolat » (2000) – « La Fleur du mal » (2003) – » Rien ne va plus« (1997).
- Réalisateur : Claude Chabrol
- Durée : 104 minutes
- Acteurs : Nathalie Baye, Benoît Magimel, Suzanne Flon, Bernard Le Coq, Mélanie Doutey
- Studio : Carlotta-MK 2
- Cinéma : 19 février 2003
L’histoire : A la fin de la Deuxième Guerre mondiale, dans l’atmosphère délétère des règlements de compte , une femme est acquittée d’un crime qu’elle aurait peut-être commis. De nos jours, pendant les dernières élections municipales, un tract anonyme adressé à ses descendants fait ressurgir ce passé…
Comme bien souvent chez Chabrol, au bout de l’intrigue il n’y a pas de réponse. A peine un dénouement sur ce tract anonyme qui plonge le clan Charpin-Vasseur dans les souvenirs sombres de la guerre.
Dans cette littérature de caniveau, Tante Line revit son passé douloureux qui l’acquittait d’un crime encore bien mystérieux . Le reste de la famille en prend aussi pour son grade. Il est question d’inceste, d’accidents suspects et de trahison.
Climat délétère d’une campagne municipale. Anne Charpin-Vasseur brigue le mandat suprême. Elle se voit accusée d’un mariage trafiqué. La jeune femme serre les poings et décide de poursuivre le combat. La famille se resoude tant bien que mal sur sa candidature qui déplaît cependant au mari .
Le sujet est fort, et l’intérêt porté par un casting tout aussi impressionnant ( Nathalie Baye, Bernard Le Coq, Benoit Magimel, Mélanie Doutey, Suzanne Flon) force l’impression première de ce scénario expérimenté, signé par la psychanalyste Caroline Eliacheff.
Etonnant alors comme Chabrol n’en fait presque rien, sur des acquits trop bien préservés ( musique en attente, suspense évacué …. ) pour ne pas signifier autre chose que ce petit quotidien de la bourgeoisie provinciale qu’il a si bien dépeint, par ailleurs.
Je ne vois qu’une suite de portraits plus ou moins bien ajustés , Magimel à la peine quand Suzanne Flon rayonne de toutes ses années passées à rafraîchir un cinéma qui refuse de la faire vieillir. Bernard Le Coq toujours aussi précis dans son jeu, mais si peu expressif quand son personnage se révèle être un salaud de première.
Chabrol aurait pu le tirer encore plus vers le doute et la suspicion mais décidément, ne pas révéler pour mieux s’enferrer, le réalisateur joue pense-t-il la psychologie et se ravise. Il filme en connaissance de cause, mais la cause semble perdue.
LES SUPPLEMENTS
- Scènes commentées par Claude chabrol. Même quand le film ne vous emporte pas, ces rendez-vous avec l’auteur méritent le détour, et parfois vous font réviser votre jugement ou du moins le rendent plus tolérable.
« Le jardin d’hiver » – « Le Pyla »- « Chuchotis »- « Le bureau de vote » – « Le plan à l’envers » et « L’escalier »
- Le tournage, un film de Patrick Le Gall ( 25.33 mn ). Plus que passionnant, ce making of avec commentaires vous plonge totalement dans l’univers chabrolien au point que lors d’une répétition ( le déjeuner en famille ) pour faire les essais de voix et de son, Benoit Magimel dit tout le bien qu’il pense de son réalisateur et du menu servi. « Excuse-moi gros malin » rétorque l’intéressé « si tu fais ça pour la lamproie t’inquiète pas tu auras l’occasion d’en avoir d’autre ». Ambiance .
« Dès que je tourne je me sens libéré » raconte Chabrol dans son fauteuil de réalisateur où il prend le temps de raconter son film, ses comédiens, sa vie …
Répétitions, tournage, direction d’acteurs « et on en fait une dernière, rien que pour le plaisir ».
Marin Karmitz est aux anges « une maîtrise totale, réduire les choses à leur plus stricte nécessité, l’épure … ».
- Entretien avec Caroline Eliacheff (24.44 mn ). C’est sous le signe du chiffre 3 que la scénariste-psychanalyste mène cet entretien très instructif.
Trois films en commun, dit-elle , qu’elle passe en revue sous l’idée que « on peut tout oublier, mais rien ne s’efface ». « La cérémonie », « La Fleur du mal », et « Merci pour le chocolat« . Trois femmes criminelles.
La forme ternaire de « La fleur du mal » : 3 générations , dans 3 types de lieu ( la maison familiale, le bureau de vote, la pharmacie ). 3 pistes pour le suspense : qui va gagner les élections ? qui a écrit le tract ? qui a tué ?
Le film
Les bonus
La culpabilité peut-elle se transmettre de génération en génération ? Quels effets une faute non expiée peut-elle avoir pour le coupable mais aussi pour ses descendants et sa famille ? Dans ses intentions, le réalisateur révèle un sujet très fort qu’il n’exploite malheureusement pas dans ce sens, laissant au suspense et aux ressorts d’un thriller psychologique intéressant, les miettes d’une résolution sans attrait. Comme bien souvent chez Chabrol au bout de l’intrigue il n’y a pas de réponse. A peine un dénouement sur ce tract anonyme qui plonge le clan Charpin-Vasseur dans les souvenirs sombres de la guerre. Sur des acquits trop bien préservés ( musique en attente, suspense évacué …. ) Chabrol ne signifie pas autre chose que ce petit quotidien de la bourgeoisie provinciale qu’il a si bien dépeinte, par ailleurs. Même son casting de rêve ( Nathalie Baye, Bernard Le Coq, Benoit Magimel, Mélanie Doutey, Suzanne Flon) ne joue pas la même mesure.
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