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« La Double vie de Véronique » de Krzysztof Kieslowski. Critique cinéma

Synopsis: Il y a 20 ans, en France et en Pologne, naquirent deux petites filles identiques. Elles n'ont rien en commun, leurs familles ne se sont jamais connues. Toutes deux gauchères, elles aiment marcher les pieds nus… Elles ont une voix magnifique, sublime, un sens musical absolu, et la même malformation cardiaque. L'une profitera des expériences et de la sagesse de l'autre sans le savoir.

La fiche du film

Le film : "La Double vie de Véronique"
De : Krzysztof Kieslowski
Avec : Irène Jacob, Aleksander Bardini
Sortie le : 06/10/2021
Distribution : Potemkine Films
Durée : 98 Minutes
Genre : Drame
Type : Long-métrage
Le film

Première sortie : 15 mai 1991

Cannes Classics 2021

Sur son scénario bilingue, Krzysztof Kieslowski, le réalisateur polonais jette une passerelle entre son pays d’origine et la France où il vit à l’époque (1991) . La chute du communisme lui donne des ailes. Il vient de terminer « Le décalogue » et sa notoriété européenne l’engage à viser d’autres horizons.

Dont cette écriture scénaristique aux confins du surnaturel qui jamais n’apparait dans sa mise en scène. Véronika à Cracovie, Véronique à Clermont-Ferrand ignorent tout l’une de l’autre et pourtant elle sont semblables. Sœurs jumelles par l’esprit et la pensée, un physique identique. ..Irène Jacob, complexe, unique, fascinante .

Véronika a bien ce sentiment de ne pas être seule mais comment le dire, l’exprimer auprès de proches, aimants, mais peu sensibles à sa réflexion. Aussi le réalisateur filme-t-il la jeune femme dans sa solitude paradoxale quand le monde n’en finit pas de bouger.

C’est l’une des très belles scènes de la version polonaise, où l’héroïne remonte à contre-courant une manifestation politique, au milieu des manifestants et des policiers. Elle ne voit rien, n’entend rien sinon son cœur qui bat de travers. Et ce car de touristes dans lequel une jeune fille lui ressemble, étrangement …

A Cracovie comme en France, la lumière est apaisante selon Kieslowski. Il filme à l’automne , dans l’orangé des frondaisons qui fondent sur des bâtisses fatiguées. Elles se fissurent à l’image des souvenirs de Véronika arrivée elle aussi au terme de ses souffrances.

Cette malformation cardiaque, fatale, le jour du concert où elle chante sur une partition de Van den Budenmayer(*) . Véronique présente ce même musicien à ses élèves, en cours de violon.

Une seconde passerelle pour le réalisateur qui mène la destinée de ses protagonistes dans le prolongement d’une vie incertaine. Le sens même de la vie …

Où l’amertume d’une histoire écourtée s’efface devant la sérénité d’un avenir plus rayonnant. Véronique que l’on suit maintenant, pleinement ( il n’y a jamais alternance entre les personnages) donne le meilleur d’elle-même dans une quête amoureuse qu’elle ne mène jamais à son terme.

« Je sens toujours ce que je dois faire, je me sens ici et ailleurs … ».

Kieslowski toujours très inspiré la confronte à son double supposé à travers un spectacle de marionnettes qui l’intéresse autant que le manipulateur dont elle tombe immédiatement amoureuse.

Mais en a-t-elle le droit, elle, à la santé fragile et au mystère sur cet ailleurs qui la taraude ? Qui la fait vivre dans l’ombre de la mort…

Il y a 30 ans Krzysztof Kieslowski interrogeait à sa façon le monde. Parti peu après, il nous laisse avec les mêmes interrogations. Elles sont toujours d’actualité, son film aussi .

(*) Compositeur néerlandais du XVIII siècle imaginé par Krzysztof Kieslowski et Zbigniew Preisner, le véritable auteur des musiques du film.

Première sortie : 15 mai 1991 Cannes Classics 2021 Cannes 1991 Prix d’interprétation féminine-Irène Jacob-Prix de la critique internationale-Prix du Jury Œcuménique Sur son scénario bilingue, Krzysztof Kieslowski, le réalisateur polonais jette une passerelle entre son pays d’origine et la France où il vit à l’époque (1991) . La chute du communisme lui donne des ailes. Il vient de terminer « Le décalogue » et sa notoriété européenne l’engage à viser d’autres horizons. Dont cette écriture scénaristique aux confins du surnaturel qui jamais n’apparait dans sa mise en scène. Véronika à Cracovie, Véronique à Clermont-Ferrand ignorent tout l’une de l’autre et pourtant…
Le film

Sur un récit imaginaire, proche du surnaturel ( deux êtres identiques dans deux pays différents ) Kieslowski déroule un procédé cinématographique d’une extrême sensibilité, dans l’esthétique raffinée d’une mise en scène quasi abstraite. La solitude de Véronika à Cracovie confrontée à ce double possible quelques part dans le monde. Elle croit l’apercevoir dans un car de touristes quittant précipitamment la place du marché où une manifestation va être dispersée par la police. Où l’amertume d’une histoire écourtée par la maladie s’efface devant la sérénité d’un avenir plus rayonnant. Véronique en France donne le meilleur d’elle-même dans une quête amoureuse qu’elle ne mène jamais à son terme. Car en a-t-elle le droit, elle, à la santé tout aussi fragile que son alter-ego, cet ailleurs qui la taraude ? Qui la fait vivre dans l’ombre de la mort… Il y a 30 ans Krzysztof Kieslowski interrogeait à sa façon le monde. Parti peu après, il nous laisse avec les mêmes interrogations. Elles sont toujours d’actualité, son film aussi .

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