Synopsis: 1943- Kaji, un administrateur civil employé dans une compagnie de minerai, part avec sa femme pour des mines de charbon en Mandchourie . Kaji lutte dans le seul but d’améliorer les conditions de travail des ouvriers. Lorsque des prisonniers chinois affamés lui sont confiés, il s’oppose aux méthodes extrêmes de sa hiérarchie. Commence alors une aventure humaine dramatique et cruelle…
La fiche du film
Le Film
- Coffret : 4 novembre 2020
- Acteurs : Tatsuya Nakadai, Michiyo Aratama, Ineko Arima, Chikage Awashima, Keiji Sada
- Format : Noir et blanc
- Durée : 9 heures et 34 minutes
- Sous-titres : : Français
- Studio : Carlotta Films
Novembre 2020, le meilleur DVD
D’après l’œuvre de Junpei Gomikawa,
Partie 1 : « Il n’y a pas de plus grand amour » -1959 (205 mn)
Au cœur de la seconde guerre mondiale Kaji, employé dans une compagnie de minerai représente un des piliers de l’économie. Son incorporation dans l’armée nippone est ajournée au profit d’une étude sur le terrain afin de mettre en pratique un discours qui aux yeux de ses dirigeants est peu crédible.
A l’exploitation des travailleurs, il oppose des idées humanistes sur une terre complètement hostile en Mandchourie. « S’ils travaillent mal c’est que leurs conditions de travail sont mauvaises ».
Face à une hiérarchie corrompue, Kaji reprend les choses en main , mais on lui oppose beaucoup de résistance. Et quand l’armée lui envoie 600 travailleurs dits spéciaux, ce sont des déchets humains agglutinés dans des wagons à bestiaux, des prisonniers chinois.
Il devient bien malgré lui garde chiourme et adopte alors des méthodes qu’il n’aurait jamais imaginées. Le jeune administrateur entame un long calvaire au cours duquel il demeurera toujours intègre et fidèle à ses idées humanistes.
Ce qui bouscule aussi bien ses supérieurs que la hiérarchie militaire qui le réquisitionne pour aller sur le front.
Partie 2 : Le chemin de l’éternité 1959 – (178 mn)
Le réalisateur Masaki Kobayashi enfonce le clou sur la main mise des puissants. Dans une caserne, des « bleus » triment à l’excès parce que leur gueule ne revient pas, ou qu’ils sont communistes.
La charge est très violente. L’armée japonaise apparait comme un ennemi au même titre que celui qui se trouve de l’autre côté de la frontière , tout près de la garnison où les idées de désertion voient le jour.
On en parle à Kaji, dubitatif, même s’il pense « qu’ un monde meilleur existe de l’autre côté ». Héros malgré lui ,l’homme se révèle pleinement au cœur du conflit où sa part d’humanité résiste à toutes les avanies de la race humaine.
Les événements qui s’enchaînent attisent un peu plus la haine des soldats à l’égard de leur institution qu’ils vont jusqu’à traiter d’absurde.
Dans cet état d’esprit, l’armée japonaise colmate les brèches sur un front perméable où les chars soviétiques prennent position quasiment sans coup férir. Plus à l’Ouest la perte d’Okinawa est vécue comme une défaite humiliante.
Partie 3 : La Prière du soldat (191 mn )
Kaji au cœur d’un champ de bataille jonché de cadavres. L’individu face au monde entier, à l’universel, extirpé de la mitraille où il n’était « responsable que d’une balle » , le voici devenu assassin.
Peut-être l’ultime rejet de sa condition humaine qu’il va devoir assumer parce que les autres n’ont pas voulu , par peur, manque de courage, toutes ces questions sur la dignité de l’homme, sa responsabilité envers l’Histoire, criante de vérité.
Le Film
On peut toujours se demander quel intérêt de lancer un tel projet qui pour dire les horreurs de la guerre, les valeurs de l’humanité et l’absurdité du monde militaire a déjà donné. Une dizaine d’heures au bas mot et l’évidence : une fresque historique, magistrale, portée principalement par un homme dont la destinée est à elle-seule un condensé de l’Histoire Japonaise. Un brûlot contre toutes les absurdités de la conduite humaine, la guerre pour commencer, criante de vérité dans cette mise en scène qui sur la durée trouve à chaque fois un sursaut pour redonner à son périple ,les clés d’un avenir . L’interprète principal Tatsuya Nakadai, l'accompagne de bout en bout avec une conviction qui elle aussi nous submerge.