- Acteurs : O', Keefe Dennis, Meade Mary, Ryder Alfred
- Format : Noir et blanc
- Durée : 92 minutes
- Studio : Rimini Editions
L’histoire : Deux agents du Département du Trésor des Etats-Unis infiltrent le milieu pour mettre fin aux agissements d’un gang de faux-monnayeurs. De Detroit à Los Angeles ils remontent méthodiquement la filière jusqu’au sommet de l’organisation criminelle.
Ce film noir, très noir, débute par une présentation officielle des services du Trésor des Etats-Unis. Le vrai patron de la maison est aux commandes (photo) . Son air martial et pompeux n’engage pas l’observateur à le suivre dans ses explications.
Et pourtant ce directeur très sérieux possède le trousseau de clés qui nous ouvre les portes de cette histoire vraie. Celle des faux monnayeurs de Los Angeles infiltrés par deux agents américains de la répression des fraudes.
C’est tout un écheveau qui se dévide à mesure que Tony Gerano et Dennis O’Brien remontent la filière. Les chausse-trappes ne manquent pas, les coups de canifs, non plus .
Ou l’esprit du film noir que manipule Anthony Mann avec prudence, pour mieux en extraire le sel, acre et entêtant. Il est porté par la lumière naturelle des tripots la nuit et des rendez-vous suspects.
Ses héros dans la gueule du loup, il les jette avec la prémonition du drame et de la mort. Il les filme tels des chevaliers servants au service de la nation.
Dennis et Tony doivent chaque jour tromper la défiance de leurs nouveaux partenaires. Des escrocs de haut-vol parfaitement compartimentés pour limiter la casse, les fuites ou les trahisons. Un nouvel arrivant est toujours suspect, malgré les recommandations de hautes personnalités de la pègre .
L’infiltration a donc réussi, mais le doute subsiste. Il faut appâter avec la maison-mère qui procure les pièces à conviction et indique les pistes à suivre. Le travail des techniciens fournit les compléments.
C’est parfaitement élaboré, très documenté, jamais téléphoné, à l’image de la mise en scène qui sans concession donne à voir et à entendre un monde interlope où la lumière de John Alton brille d’un éclat vraiment particulier.
Un film noir donc, bizarrement avec peu de femmes. On aperçoit un jour de marché celle de Tony avec une amie. La scène est éloquente et va faire pencher la balance. L’autre rôle féminin tout aussi secondaire est vital : Diana (Jane Randolph) le bras droit du grand patron. Sans elle, impossible de l’approcher.
Elle aurait pu dynamiter encore un peu plus l’ambiance de fin de règne que Mann règle de main de maître sur les coursives du bateau où le big boss est à l’abri. La séquence magnifique renvoie des années plus tard des images tout aussi intrigantes. Vous avez dit « Usual suspects » ?
LE SUPPLEMENT
- « Un film noir documentaire » de Rania Griffete et Stéphane Chevalier (14 mn )- Le titre de ce bonus indique clairement le point de vue de Stéphane Chevalier ( agence la Plume ) autour de l’aspect documentaire de ce film noir. Il évoque par ailleurs son côté très stylisé ( la lumière de John Alton) face à « une dimension éminemment naturaliste ».
Le critique s’attarde aussi sur les séquences des bains turcs, révélatrices d’une technicité de première .
« Il y a enfin le discours ambigu du film qui montre que les agents du Trésor font bien leur travail, mais une fois dans l’infiltration on ne sait plus réellement s’ils sont truands ou policiers.(…) Un jeu entre la culpabilité et l’innocence, l’une des caractéristiques du film noir ».
L’indépendance de Anthony Mann avec les studios, la dramaturgie du décor… sans jamais dévoiler le fond de l’intrigue Stéphane Chevalier raconte très bien le film .
Le Film
Le bonus
Même sans la violence inhérente à ce genre de films, « La brigade du suicide » possède tout au long de son récit, une force dramatique exceptionnelle. L’infiltration de deux flics des impôts ( service du Trésor américain ) au cœur d’un réseau de faux monnayeurs procure à Anthony Mann une mise en scène sans fioriture, mais extrêmement vitale pour conserver l’esprit du film noir.
Il le manipule avec prudence pour mieux en extraire le sel, acre et entêtant. Mann est porté par la lumière naturelle des tripots la nuit et des rendez-vous incertains.
Ses héros dans la gueule du loup, il les jette avec la prémonition du drame et de la mort. Il les filme tels des chevaliers servants au service de la nation.
C’est parfaitement élaboré, (parfois du documentaire), jamais téléphoné, et crée ainsi un monde interlope où la lumière de John Alton brille d’un éclat vraiment particulier.
Un film à poigne, âpre et entêtant. Un film noir !
AVIS BONUS
Sans jamais dévoiler le fond de l’intrigue Stéphane Chevalier raconte très bien le film .